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Environnement - Littoral aquitain : recul du trait de côte et forte érosion inquiètent les acteurs locaux

Une vingtaine en quatre mois : les tempêtes successives et intenses de l'hiver dernier ont fait reculer le trait de la côte sableuse aquitaine de 20 mètres. Une situation qui inquiète les experts et élus locaux. Le 20 novembre, une étude commandée entre autres par cette région et ses trois départements côtiers a été dévoilée. Elle confirme l'ampleur des dégâts.

L'érosion s'accélère-t-elle plus vite que prévu sur le littoral ? En Aquitaine, on est à deux doigts de le penser. Du moins suite aux tempêtes de l'hiver dernier - une vingtaine dont huit considérées comme "majeures" -, une chose est sûre : le trait de côte a reculé de 20 à 30 mètres à certains endroits, les plages se sont fortement abaissées (de deux mètres en moyenne) et aplanies, et mettront donc plus de temps à se reconstituer et à se "réengraisser" l'été prochain, via un mécanisme naturel qui habituellement compense en partie les pertes hivernales de sable. "Car l'érosion est un phénomène naturel, il n'entre d'ailleurs pas dans la case risques naturels et en cas de dégâts le fonds Barnier ne peut être mobilisé", rappelle utilement Carlos Oliveros, du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) d'Orléans. Mais le recul naturel moyen de deux à trois mètres a ici été multiplié par dix. "Habituellement l'érosion forme comme des coups de cuillère circulaires mais là, c'est sur plus de 40% du littoral aquitain qu'elle atteint un niveau bien plus fort", complète Francis Maugard, de l'Office national des forêts (ONF). Soit près de 90 km de côtes touchées sur les 230 que compte ce littoral. C'est en Gironde que le recul est le plus important mais il est aussi significatif dans les Landes. Quant à la côte rocheuse basque (Pyrénées-Atlantiques), elle a été peu affectée. Au final, le coût des travaux de reconstitution dunaire a été multiplié par cinq, atteignant une enveloppe de 650.000 euros. "Nous ne pratiquons par la réinjection de sable mais des mesures de gestion douce, non pour fixer le littoral mais pour ralentir l'érosion, via du génie écologique, de la mise en défense des accès et de l'évitement du piétonnement dunaire", poursuit Francis Maugard. 

De l'importance du suivi

Partant de ce constat, les élus locaux s'interrogent sur la meilleure réponse possible. Un conseil : ne pas décider seul dans son coin, d'autant que la côte Aquitaine dispose d'un observatoire, le GIP Littoral Aquitain, qui fournit une précieuse aide à la décision de gestion, fédère des données spécifiques aux milieux littoraux et délivre gratuitement des avis techniques aux collectivités. "Ce recul démontre bien l'importance des suivis réguliers et de la modélisation du littoral", indique Cyril Mallet, ingénieur géologue, chef de projet littoral au BRGM Aquitaine. Ces suivis sont réalisés sur le terrain, par GPS ou survols ULM, par les agents ONF. Le BRGM a recours aussi à tous les outils possibles : GPS différentiel plus sophistiqué, campagne de télédétection par laser (Lidar) financée le mois dernier par l'IGN, l’État et la région, projet de recours à des drones…"Des levés pointus seront effectués au printemps prochain via une technologie d'image stéréoscopique", ajoute Cyril Mallet. Avantage : elle est moins coûteuse que par Lidar. Car ce suivi a bien évidemment un coût, surtout à l'échelle d'un tel littoral. L'évolution de profil des plages bénéficie aussi d'un modèle numérique altimétrique de référence sur la bande littorale – avec un volet mer alimenté par des mesures sous-marines ou en bateau et un volet terre allant au moins jusqu'à 2 km à l'intérieur des terres – dénommé Litto 3D et qui est en pleine phase de finalisation. "En Aquitaine, il est très utile pour le côté terre, pas pour la mer car les capteurs de mesure n'ont pu être posés", indique Cyril Mallet. Mais dans un autre département, le Finistère, où le conseil général (CG) est maître d'ouvrage pour les données maritimes, l'outil est sur le point d'être finalisé et mis gratuitement à la disposition du public intéressé (open data). "Les chercheurs, les collectivités et même les particuliers, par exemple une association de vélo-tourisme voulant calculer en 3D les pentes d'un itinéraire, sont intéressés", motive Vladimir de Lapouge, ingénieur au service des politiques territoriales de l'eau du CG du Finistère. "Le conseil général proposera des formations pour apprendre à manier ce très lourd outil", conclut-il.

 

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