C'est officiel : permis de construire et mises en chantier de logements ont chuté de moitié pendant le confinement
Les autorisations de logements ont chuté de 45,8% entre mars et fin mai, selon les chiffres du ministère du Logement. Le recul des mises en chantier est strictement identique.
On le savait bien sûr intuitivement, mais il manquait encore la confirmation avec les chiffres officiels. Celle-ci vient de tomber, avec la publication des derniers chiffres mensuels du ministère sur la construction de logements : entre le 1er mars et le 31 mai – autrement dit pendant les trois mois qui ont connu la période de confinement (du 17 mars au 11 mai) – les autorisations de logements (permis de construire) et les mises en chantier ont reculé, toutes deux, de 45,8% (chiffres CVS-CJO : corrigés des variations saisonnières et des jours ouvrables). Même si le ministère précise que la collecte des données a, elle aussi, été perturbée par le confinement, les chiffres présentés attestent l'ampleur de la crise.
Permis de construire : -45,8%sur trois mois, -8,8% sur douze mois
La crise sanitaire a ainsi stoppé net une dynamique pourtant bien engagée. Les autorisations de logements avaient en effet progressé de 9,6% entre décembre 2019 et février 2020, par rapport aux trois mois précédents. Pendant les deux premières semaines de mars, elles étaient encore supérieures d’environ 15% au rythme moyen des trois mois précédents.
Ce recul de 45,8% des autorisations de logements sur la période recouvre un recul de 19% en mars, de 65% en avril (le seul mois entièrement confiné) et de 54% en mai (pourtant déconfiné sur les deux tiers du mois). La baisse est apparue dès le jour du confinement, puisqu'aux 15% de hausse sur la première quinzaine de mars a succédé une chute de 65% sur la deuxième quinzaine.
En termes de types d'habitat, le recul des autorisations sur les trois mois soumis à confinement est de 50,2% pour les logements collectifs (y compris en résidence) et de 39% pour les logements individuels. Sur les trois mois précédents (de décembre 2019 à février 2020), les autorisations de logements collectifs avaient toutefois connu une forte progression (+16,3%), alors que celles de logements individuels étaient restées stables (+0,7%).
Si on considère les douze mois précédents (de juin 2019 à mai 2020, en données brutes), les autorisations s'élèvent à 409.600 logements, soit 39.600 de moins que dans les douze mois précédents (-8,8%). En termes géographiques, et toujours sur les douze derniers mois, les autorisations reculent fortement en Corse (-44,5%), dans les DOM (-19,7%), en Île-de-France (-19,2%), dans les Pays de la Loire (-11,9%) et en Provence-Alpes-Côte d'Azur (-11,7%). À l'inverse, la Bourgogne-Franche-Comté affiche une hausse des autorisations de 10,4%, suivie par la Normandie (+5,3%), le Centre-Val de Loire (+2,7%), la Bretagne (+1,7%) et Auvergne-Rhône-Alpes (+0,6%). Les autres régions affichent des baisses comprises entre 0 et -10%.
Les mises en chantier se sont effondrées la seconde quinzaine de mars
Sur les trois derniers mois, les mises en chantier affichent un recul strictement identique à celui des autorisations (-45,8%), mais avec un profil différent. La deuxième quinzaine de mars a en effet connu un véritable effondrement (-84%), avec un quasi-arrêt de l’activité de la construction. La reprise – toute relative – des mises en chantier a ensuite été un peu plus marquée que celle des autorisations, avec -58% en avril et -40% en mai. Sur les trois mois, le recul des mises en chantier est quasiment identique pour les logements individuels (-44,6%) et pour les logements collectifs (-46,7%).
Durant les douze derniers mois (de juin 2019 à mai 2020, en données brutes), 368.800 logements ont été mis en chantier, soit 41.700 de moins que dans les douze mois précédents (-10,2%). Les mises en chantier de logements collectifs ou en résidence ont reculé de 9,8%, soit une tendance assez voisine de celle des logements individuels (-10,7%).
À l'inverse des autorisations de logements, toute la France s'affiche en négatif sur les douze derniers mois pour les mises en chantier, à l'exception des Pays de la Loire (+1,1%). Le recul de ces mises en chantier sur douze mois est particulièrement prononcé en Île-de-France (-16,6%), dans le Grand Est (-15,1%), en Provence-Alpes-Côte d'Azur (-12,6%), Auvergne-Rhône-Alpes (-10,4%), Corse (-10,2%), Normandie (-10,2%), dans les DOM (-10,2%) et en Bretagne (-10,1%).