Logement : juste avant la crise, les permis de construire progressaient de 10%
Après une année 2019 qui s'est révélée plutôt correcte en matière de construction de logements (voir notre article ci-dessous du 3 février 2020), l'année en cours s'annonçait sous de bons auspices, de l'aveu même des professionnels et notamment de la Fédération française du bâtiment (voir notre article ci-dessous du 17 décembre 2019). Mais c'était bien sûr avant la proclamation de l'état d'urgence sanitaire et la mise en œuvre du confinement, qui a brusquement stoppé la quasi-totalité des chantiers de construction de logements.
Alors que les chantiers reprennent progressivement depuis le 11 mai, avec toutes les contraintes sanitaires propres au déconfinement (voir notre article ci-dessous du 15 mai 2020), le ministère de la Transition écologique et solidaire et celui de la Cohésion des territoires publient les chiffres de la construction de logements au 28 février 2020 (permis de construire et mises en chantier). Confinement oblige, cette publication intervient avec près de deux mois de retard sur la date habituelle, mais elle a le mérite de dresser le tableau de la situation juste avant la crise.
Les résultats présentés confirment qu'une reprise assez sensible était bien à l'œuvre sur les trois derniers mois. En effet, en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS-CJO), les autorisations de logements à la construction (permis de construire) – qui annoncent les chantiers futurs – ont progressé de 9,9% entre décembre 2019 et février 2020. Ces chiffres sont en nette hausse par rapport à ceux du trimestre précédent (+2,5%). La progression est très marquée pour les logements collectifs ou en résidence (+16,6%, après +1,0%), alors que les logements individuels ralentissent tout en restant positifs (+0,9%, après +4,6%). En termes géographiques, la majorité des régions affichent une hausse de permis de construire (jusqu'à +14,7% en Centre-Val de Loire), à l'exception de la Corse (-31,8%), des Hauts-de-France (-11,9%), de l'Ile-de-France (-11,1%), de l'Occitanie (-3,0%) et de l'Outre-mer (-1,1%).
Si les permis de construire s'affichaient ainsi globalement en hausse à la fin de février, les mises en chantier – qui reflètent les permis délivrés à l'été 2019 compte tenu d'un délai moyen de six mois – étaient en revanche orientées à la baisse, avec un recul de 3,1% sur la période de décembre 2019 à février 2020 par rapport aux trois mois précédents (+1,8%).
L'un des enjeux est désormais de connaître ce que deviendront les permis de construire délivrés juste avant la crise sanitaire. Selon l'étude, "s'agissant des délais de mise en chantier, il est certain que ceux-ci s'accroîtront du fait de la crise du covid-19, même si l'ampleur du retard est difficile à estimer. A ce stade, l'hypothèse retenue est celle d'un retard de deux mois des mises en chantier [pour les logements individuels, ndlr] qui auraient dû débuter à partir de la mi-mars". Pour les logements collectifs, le délai moyen serait de 13,1 mois, soit 1,4 mois de plus que celui observé pour les logements autorisés un an auparavant.