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Redressement productif - Arnaud Montebourg : mettre la commande publique au service de la réindustrialisation

399 entreprises soutenues, 59.961 emplois préservés sur 70.909 concernés : c'est le nouveau bilan du redressement productif présenté par Arnaud Montebourg, le 8 mars, devant les 22 commissaires au redressement productif réunis à Bercy. Des commissaires invités à se rapprocher des collectivités pour promouvoir le "made in France" dans les marchés publics.

"Vous êtes les hussards du made in France." Arnaud Montebourg a exhorté, vendredi 8 mars, les vingt-deux commissaires au redressement productif à s'"emparer" de la médiation des marchés publics pour soutenir l’industrie française. Cette médiation fait partie des trois médiations (avec celles du crédit et des relations interentreprises) avec lesquelles ces commissaires, installés en juillet dernier dans chaque région pour soutenir les PME industrielles, sont amenés à travailler.
Destinée à faciliter les relations entre les entreprises et les donneurs d’ordre publics, la médiation des marchés publics a été confiée à Jean-Lou Blachier en décembre 2012. Or selon le ministre, il reste beaucoup à faire dans ce domaine. "Il faut savoir se défendre […]. Je ne veux voir qu’une tête : du made in France partout. C’est culturel, pas juridique", a-t-il martelé, tançant La Poste qui s’est récemment équipée de scooters taïwanais.
Selon Arnaud Montebourg, les collectivités sont au premier plan. Elles sont au coeur du plan automobile dont il a dressé un premier bilan, jeudi (sur le sujet, voir notre article de ce jour : "Plan automobile : démarrage en douveur pour l'électrique public"). Mais selon lui, elles doivent faire leur "apprentissage". "Allez les voir, expliquez-leur comment faire un cahier des charges", a-t-il lancé aux commissaires réunis à Bercy pour une journée de formation. "Il faut expliquer [aux présidents de région] comment il faut faire ; s’ils ne savent pas, on va leur faire un kit."

"On ne gagne pas toujours"

Se présentant comme le "ministre des antidépresseurs", Arnaud Montebourg a aussi interpellé la Commission européenne, qu’il a qualifiée d'"excessivement libérale". "Les marchés publics représentent 18% du PIB européen mais ils sont 100% ouverts. Avec le 'Buy American Act', les marchés aux Etats-Unis sont 100% fermés", a-t-il comparé.
Le ministre a également salué le travail des commissaires qui, avec le Ciri (comité interministériel de restructuration industrielle) qui remplit le même rôle au plan national et la cellule Restructuration de son cabinet, ont traité 399 dossiers et ont permis de préserver 59.961 emplois sur 70.909 concernés. "On ne gagne pas toujours", a-t-il cependant reconnu.
Au-delà de la panoplie dont ils disposent déjà (crédit d’impôt recherche élargi à l'innovation, préfinancement du crédit d’impôt compétitivité-emploi…), les commissaires pourront bientôt s’appuyer sur le fonds de retournement des entreprises de la Banque publique d’investissement. Le but est d'aider les entreprises qui rencontrent des difficultés passagères (et non structurelles) à surmonter cette mauvaise passe.
A la demande du commissaire de Franche-Comté, Gilles Cassoti, qui regrettait l’absence d’un outil d’alerte en amont sur les reprises d’entreprises, le ministre a promis de "réfléchir à la manière de construire le fichier des entreprises à vendre ou à reprendre en dehors du tableau noir".

Marketing patriotique

Par ailleurs, une circulaire "presque signée" de la garde des Sceaux Christiane Taubira va permettre aux commissaires d’intervenir dans les tribunaux de commerce. "Le commissaire au redressement productif pourra exprimer la position ministérielle et gouvernementale au tribunal."
Arnaud Montebourg s’est félicité des premiers effets de sa politique d'"unité nationale". "Un mouvement très profond est en train de s'amplifier, il faut surfer là-dessus", a-t-il déclaré, se félicitant de l'accord sur la compétitivité de Renault qui se traduira par une relocalisation d'une partie de son activité. Il a également pris l'exemple de la grande distribution, ces "grands épiciers qui font la loi" et qui, comme Intermarché ou Leclerc, se lancent dans le "marketing patriotique", l’idée étant de mettre en valeur les produits français dans des rayons dédiés. La Commission européenne elle-même, sous la pression de certains Etats, amorcerait une prise de conscience. Elle a récemment pris des mesures de taxation des aciers spéciaux et de la porcelaine en provenance de Chine et sur l’éthanol américain, autant de produits qui bénéficient d’importantes subventions. En novembre, Bruxelles a également ouvert une enquête sur l'importation de panneaux photovoltaïques chinois, à la demande de la France et de l’Allemagne… L’Europe est "l’espace le plus ouvert du monde […]. Nous sommes les naïfs du village global", a commenté le chantre de la "démondialisation", appelant les commissaires au redressement productif à l’alerter sur les cas de concurrence déloyale.
Arnaud Montebourg est également revenu sur le lancement, le 19 février, d’un programme sur les "objets de la nouvelle France industrielle" (Onfi). Il s’agit d'"un programme de mise en valeur des entreprises invisibles qui créent et innovent", a-t-il expliqué. Huit conférences seront organisées cette année pour présenter ces produits. Les commissaires ont été invités à faire remonter des exemples de ces entreprises innovantes et trop méconnues.
Enfin, le redressement productif passera par le Train de l’industrie et de l’innovation qui s'élancera de Paris, le 18 mars, pour sa 3e édition. Il marquera dix-huit arrêts en région avec à son bord de nombreux patrons. "250.000 emplois dans les filières performantes sont non pourvus", a déploré Arnaud Montebourg.
 

 

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