Tourisme - Après une année noire pour l'activité touristique, les perspectives s'éclaircissent
L'année 2009 restera sans nul doute, pour l'activité touristique, la plus mauvaise de l'après-guerre. Réunie à Madrid, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) a dressé un premier bilan de cette année noire et esquissé les perspectives pour 2010. Côté bilan, le nombre d'arrivées de touristes internationaux, qui n'avait cessé de croître depuis des décennies - excepté une relative stagnation dans les deux années qui ont suivi l'attentat du 11 septembre 2001 -, a enregistré au contraire un recul de 4,3% en 2009, passant de 920 à 880 millions d'arrivées. L'activité touristique internationale a ainsi connu cinq trimestres consécutifs de baisse entre juillet 2008 et septembre 2009. Ce recul a concerné toutes les zones géographiques, à l'exception de l'Afrique, mais l'Europe a été particulièrement touchée (-6%). Si l'on procède à une analyse par sous-régions, l'Europe de l'Ouest - à laquelle appartient la France - s'en est toutefois mieux tirée (-4%) que l'Europe méditerranéenne (-5%) et, surtout, que l'Europe de l'Est et du Nord (-8%).
Après ce très sérieux passage à vide, l'OMT se montre plus optimiste pour 2010. Le panel d'experts du tourisme réuni par l'organisation estime ainsi, à 55%, que l'année 2010 sera meilleure que la précédente et 7% nettement meilleure. Seuls 32% estiment que 2010 sera identique à 2009 et 7% que l'année sera pire. Pour mémoire, on rappellera que 65% des experts estimaient, il y a un an, que 2009 serait plus mauvaise ou nettement plus mauvaise que 2008. Le redressement dans la perception de l'avenir à court terme est donc sensible. La prévision de croissance de l'OMT pour l'activité touristique en 2010 se situe entre 3 et 4%. Les prévisions par grandes zones géographiques reflètent toutefois fidèlement celles de la croissance économique. L'Europe devrait ainsi rester à la traîne, avec une croissance de 1 à 3%, contre 2 à 4% pour les Amériques, 4 à 7% pour l'Afrique et 5 à 7% pour l'Asie et le Pacifique. Même le Moyen-Orient, qui avait pourtant reculé au même rythme que l'Europe en 2009 (-6%), devrait connaître un réveil beaucoup plus dynamique en 2010 (+5 à 9%). Cet écart entre l'Europe et le reste du monde risque fort de fragiliser la position de la France comme première destination touristique mondiale et d'accélérer encore l'arrivée du jour où notre pays sera détrôné par la Chine.
Une autre étude, publiée au même moment par le cabinet spécialisé Protourisme, confirme les perspectives très modérées pour la France. Ainsi, selon deux sondages (téléphone et internet) réalisés en janvier, 72% des Français auraient l'intention de partir en vacances cette année (contre 75% en 2009). De même, 29% d'entre eux envisagent un budget vacances en baisse, contre 13% qui envisagent au contraire une hausse (le reste prévoyant un budget inchangé). Une autre étude, réalisée par Benchmark Group, donne cependant des prévisions plus optimistes avec 37% de Français affichant un budget vacances en hausse, contre 18% en baisse. Par ailleurs, les vacances d'hiver vont s'achever sur des résultats positifs en termes de fréquentation (taux de remplissage locatif de 85% en Savoie et Haute-Savoie, par exemple), mais avec un chiffre d'affaires qui devrait être en baisse, les vacanciers veillant à contenir les dépenses (en particulier sur les restaurants). Seule certitude : si, au regard de 2009, une reprise de l'activité touristique est probable en France en 2010, elle devrait rester modeste.
Jean-Noël Escudié / PCA