Angoulême, capitale de la BD, l’expose sur ses murs (16)
Le festival international de bande dessinée d’Angoulême a fait la notoriété de la ville. Il se lit aussi dans la ville, où la BD s’étale sur les façades, via une trentaine de fresques qui font vivre héros et auteurs. Parallèlement, les collectivités développent la filière de l’image.
Trente murs peints à partir de dessins d’auteurs de bande dessinées, un parcours de 3 heures et 8,5 kilomètres dans la ville, tel est l’hommage que rend Angoulême à son festival international de bande dessinée. Les fresques murales sont signées de grands noms de la bande dessinée, tous Grand Prix du Festival de la BD d’Angoulême et présentent aussi bien Corto Maltese, qu’Astérix et Obélix, Titeuf et le Baron noir, Blake et Mortimer ou encore Mœbius.
Créé en 1974 par trois habitants « fous de BD » le festival a grossi au fil du temps jusqu’à devenir le premier de France, avec 200 000 visiteurs annuels et quelque 6 000 professionnels. L’association de départ, qui ne parvenait plus à rassembler suffisamment de bénévoles pour faire face à son succès, a confié les rênes du festival à une SARL. « Mais la ville a toujours participé activement à cette manifestation », explique le bouillant conseiller municipal à la ville créative et à la francophonie, Gérard Desaphy, qui porte et anime tout ce qui touche au sujet de la BD mais aussi à la filière image, développée sur le territoire du Grand Angoulême.
L’artiste islandais Erró
Le premier mur peint d’Angoulême est né en 1982, sous la férule de Jack Lang, qui lance alors l'opération « Des murs en France ». Il est réalisé à partir d’un dessin de l’artiste islandais Erró, sur une façade du quartier de Ma Campagne. Les tout derniers murs livrés sont consacrés à Goscinny et à Uderzo. « Au départ, nous commandions ces travaux à Cité Création, une scop. Mais les deux derniers murs ont été réalisés par Moon, une fresquiste angoumoisine. Ces artistes travaillent à partir des dessins originaux des auteurs de BD. Nous en faisons l’acquisition au moyen d’une convention qui prévoit que nous sommes propriétaires de l’image, par exemple pour en faire des cartes de vœux », poursuit l’élu.
Les murs peints sont financés à la fois par la ville et des mécènes, notamment par le Crédit Agricole et la Caisse d’épargne. La réalisation d’un mur neuf coûte entre 80 000 et 110 000 €, montant qui comprend la mise à niveau du mur, la peinture et la réalisation de la fresque, les droits d’auteur et parfois la mise à niveau de l’environnement proche. « Car la plupart de ces murs peints sont situés en secteur sauvegardé et doivent donc obtenir l’avis conforme de l’architecte des bâtiments de France -ABF-, qui exige une mise en valeur autour de l’œuvre, poursuit Gérard Desaphy. De plus, les œuvres les plus anciennes se dégradent, soumises aux infiltrations, les peintures se cloquent. La rénovation de l’œuvre de Berberian, derrière le théâtre, sera ainsi engagée en 2023, pour un montant de 30 000 €. »
Boîtes aux lettres, compteurs EDF et plaques de rues
En plus des murs peints, la ville d’Angoulême favorise des interventions artistiques sur les boîtes aux lettres de La Poste, les compteurs EDF… et même sur les plaques de rues… « Nous avons créé une commission, La BD dans l'espace public, pour y travailler, mais avec parcimonie car nous ne souhaitons pas devenir BD land… On n’accepte pas tout. Par ailleurs, nous avons développé une base de données de propriétaires qui sont d’accord pour qu’un de leurs murs soit peint. Mais il faut que ce soit un lieu de passage ».
« La culture a vraiment du sens dans cette ville de 42 000 habitants, et pour l’agglo qui en compte 120 000. C’est grâce à la culture que notre territoire rayonne. » Depuis 2008, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image rassemble un musée de la bande dessinée labellisé musée de France – le seul en France à ce jour -, une bibliothèque publique, une maison des auteurs, une librairie spécialisée, un centre de documentation, une brasserie et un cinéma d’art et essai. Cet ensemble est réparti sur trois sites : la Maison des auteurs, sur les remparts de la ville, le vaisseau Mœbius en contrebas, au bord de la Charente, et le musée de la bande dessinée, dans les chais situés sur l’autre rive et reliés au vaisseau Mœbius par une passerelle qui enjambe le fleuve.
Le Pôle Image Magelis
En parallèle au développement d’espaces d’expositions, les élus ont créé le syndicat mixte du Pôle Image Magelis en 1997, afin de promouvoir la filière image par l’implantation et l’accompagnement des entreprises, la mise en place de structures de formation adaptées, l’organisation d’événements nationaux et internationaux et la réalisation d’aménagements urbains liés à l’image. Structure publique composée du conseil départemental de la Charente, de la région Nouvelle-Aquitaine, de la ville d’Angoulême et de la communauté d’agglomération du Grand Angoulême, le Pôle Image Magelis est spécialisé dans les domaines de l’animation, la bande dessinée, les tournages, le jeu vidéo et plus largement de l’image numérique.
Le festival international de bande dessinée d’Angoulême - Financement
- 511 750 € + 300 000 € de valorisation (prêt d’espace et de personnel, organisation) ville d’Angoulême :
- 554 350 € Grand Angoulême agglomération
- 520 000 € région Nouvelle-Aquitaine
- 138 000 € département de la Charente
- 140 000 € Direction régionale des affaires culturelles (Drac)
- 190 000 € Centre national du livre (CNL)
Commune d’Angoulême
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