Incubation d’entreprises en mode créatif à Clermont-Ferrand (63)

Se positionner comme une référence en matière d’industries culturelles et créatives (ICC), voilà l’un des défis que le territoire clermontois espérait relever en 2011 lorsqu’est né Le Damier, un cluster d’entreprises consacré à ce secteur. En 2020, le cluster a franchi un pas supplémentaire, en se dotant d’un incubateur. Baptisé « Hub-IC », le cluster a lancé, en octobre 2022, sa troisième promotion de porteurs de projets.

« L’idée de créer un cluster a été proposée par l’agence culturelle régionale de l’époque, se souvient Nathalie Miel, directrice du Damier. Un état des lieux avait montré que, pour dynamiser le territoire dans ce secteur d’activité, il manquait un outil qui permette de structurer, fédérer et développer la filière. » Porté par une association, le cluster a vite répondu à ces enjeux. Labellisé grappe d’entreprises par la DATAR dès sa création, il devient en 2014 Pôle Territorial de Coopération Économique (PTCE). Ces reconnaissances s’expliquent surtout par « son mode de fonctionnement collaboratif et la diversité des acteurs qui le composent », insiste sa directrice. De la diversité, il y en a sans aucun doute : cela va de la musique au patrimoine, en passant par l’audiovisuel, le spectacle vivant, le numérique, l’édition, l’événementiel ou encore l’architecture.

« Du cousu main »

Avec près de 70 adhérents, Le Damier ne manque pas de partenaires, à commencer par Clermont Auvergne Métropole. « Le cluster s'est positionné comme un outil de référence sur les ICC depuis plus de dix ans, il était donc naturel qu'il devienne un partenaire important de la Métropole pour la mise en œuvre d'une stratégie adaptée au développement de ces secteurs », confie Isabelle Lavest, vice-présidente, déléguée à la politique culturelle, et représentante de la collectivité au sein du conseil d’administration du Damier. Parmi les leviers de développement des ICC, l’élue se félicite du programme d'incubation Hub-Ic : « Il a notamment permis de proposer des parcours d'accompagnement très adaptés aux spécificités des ICC, pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans une aventure entrepreneuriale. Pour ces domaines, les autres incubateurs plus généralistes n'étaient pas les plus pertinents. »

Pour créer son incubateur, Le Damier embauche, en 2019, un chargé de mission pour préparer l’offre de base du futur Hub-IC. Il s’agit d’un guichet d’accueil qui reçoit une trentaine de porteurs de projets par an (formule gratuite). Ces derniers disposent alors d’un diagnostic de leur projet, d’une mise en relation avec des acteurs pertinents et d’un accompagnement. Vient ensuite, en 2020, le lancement du premier programme d’incubation.

Ce dispositif dure huit mois. Avant chaque période d’incubation, Le Damier lance un appel à candidatures. Elles sont soumises à un jury (composé de partenaires du Damier) qui recherche surtout de l’innovation, sous toutes ses formes. Seules cinq candidatures sont retenues. « Ce sont de toutes petites promotions. On est sur du cousu main », souligne Nathalie Miel. Les porteurs de projets sélectionnés bénéficient alors d’un suivi par une vingtaine d’intervenants ayant une double compétence (une spécialité relative au monde de l’entreprise en général et une expertise dans le secteur des ICC).

Une meilleure vision du secteur

Pour Isabelle Lavest, les résultats sont au rendez-vous. « Le Damier a fortement œuvré pour la reconnaissance de l'économie culturelle et de ses modèles, qui ne sont pas toujours faciles à appréhender, observe l’élue. Un outil comme le Damier permet de donner une vision unitaire de ces domaines. Cela favorise leur prise en compte dans les politiques publiques, économiques et culturelles dans le cas de la Métropole. » Autre impact constaté par la collectivité : un soutien aux nouveaux projets, dans des domaines de plus en plus larges : musique, audiovisuel mais aussi mode, gaming… Et Nathalie Miel de préciser : « 50 % des projets accompagnés se transforment en entreprises ».

Les perspectives sont aussi prometteuses. D’une part, Le Damier « réfléchit à des parcours d’accélération post-incubation ». D’autre part, il multiplie les actions, comme les rencontres organisées par Magma, un collectif informel qui réunit des incubateurs issus de différents secteurs (entreprises de l’économie sociale et solidaire, médias, technologies). Et surtout, à terme, une grande échéance : la candidature portée par la Métropole et la ville de Clermont-Ferrand pour devenir capitale européenne de la culture en 2028.