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Elections municipales - 926.068 candidats, 44,6 millions d'inscrits... et combien de votants ?

Les postulants aux municipales avaient jusqu'à jeudi 18h pour déposer leur candidature. Ils sont finalement 926.068. Pour les communes de plus de 1.000 habitants, 21.186 listes ont été enregistrées. Les communes sans candidat sont finalement peu nombreuses. Vendredi, l'Insee dévoilait pour sa part le nombre de Français inscrits sur les listes électorales, en légère hausse (+0,9%). Malgré cette relative "mobilisation de l'électorat", la première préoccupation des candidats va être de limiter l'abstention qui, selon les observateurs, risque d'être très forte.

Un électeur sur 49 est lui-même candidat aux municipales ! Un total de 926.068 candidatures a en effet été enregistré par les préfectures, a annoncé le 6 mars en fin de journée le ministère de l'Intérieur. Les postulants avaient jusqu'à ce jour-là à 18h00 pour déposer leur candidature. 21.186 listes ont été enregistrées dans les 9.734 communes de plus de 1.000 habitants, en progression par rapport à 2008.
Une seule commune de plus de 1.000 habitants, Gironde-sur-Dropt (Gironde), est sans liste et seules 63 communes de moins de 1.000 habitants n'ont aucun candidat, soit 0,24% pour le premier tour des municipales. En sachant que "le deuxième tour peut permettre d'enregistrer des candidatures nouvelles", souligne le ministère de l'Intérieur.
Une semaine avant la date limite, les listes étaient peu nombreuses. Outre les hésitations devant une charge de maire devenue de plus en plus lourde, la modification des règles du scrutin avaient perturbé certains candidats surtout dans les petites communes. On rappellera en effet que le scrutin de liste et l'obligation de parité, limités précédemment aux villes de plus de 3.500 habitants, ont été étendus pour ces municipales aux villes de plus de 1.000 habitants. Par ailleurs, pour ce scrutin, tous les candidats, quelle que soit la taille de leur commune, étaient obligés de déclarer leur candidature, ce qui n'était pas le cas avant et ce qui a pu compliquer la tâche pour les plus petites communes.
Si personne ne se déclare candidat pour le deuxième tour dans une commune, le préfet donnera une délégation spéciale à trois électeurs qui assureront l'intérim durant trois mois, jusqu'à l'organisation de nouvelles élections. S'il y avait alors à nouveau pénurie de candidats, la commune serait dissoute et fusionnée avec une autre.
Manuel Valls avait sonné la mobilisation générale des préfets, craignant un afflux de dernière minute pour enregistrer ces dizaines de milliers de listes. Les préfectures ont ainsi rivalisé d'imagination pour inciter les candidats à ne pas trop tarder à s'inscrire, les mettant en garde contre le risque de ne pouvoir, faute de temps, faire rectifier des dossiers incomplets. Leurs appels semblent donc avoir été entendus : finalement, selon le ministère de l'Intérieur, "aucun incident n'a été relevé et les opérations se sont bien passées".
Dans les états-majors politiques, on attendait de pouvoir analyser les premières données. Europe Ecologie-Les Verts indiquait par exemple jeudi soir que pour 240 villes de plus de 30.000 habitants, avaient été enregistrées 72 têtes de listes EELV, 11 derrière le PS, une vingtaine derrière un PCF, 3 derrière un Parti de gauche. Au PS, le secrétaire national aux élections, Christophe Borgel, souligne qu'en tout état de cause "le PS est présent partout dans les villes de plus de 10.000 habitants, soit sur des listes propres, soit avec nos partenaires". La publication de l'ensemble des candidatures sera effective le 11 mars.

417.000 électeurs français de plus au 1er mars 2014

Le lendemain, le 7 mars, c'était au tour du nombre des électeurs d'être dévoilé. Un nombre qui a augmenté de 417.000 (soit + 0,9%), indique l'Insee dans l'étude qui vient d'être rendue publique. Au 1er mars 2014, 44,6 millions de Français étaient donc inscrits sur les listes électorales. Cette évolution, commente l'organisme public de statistiques, "témoigne de la mobilisation de l'électorat" en vue des scrutins municipaux des 23 et 30 mars et du scrutin européen du 25 mai prochain.
L'ampleur des inscriptions sur les listes électorales dépend fortement de la tenue d'une élection durant les mois qui suivent. L'Insee a pu, par exemple, le constater en mars 2013. Au premier jour de ce mois-là, le nombre des électeurs avait reculé de 356.000. Soit une baisse de 0,8%, qui s'explique par l'absence de tout scrutin politique d'envergure nationale au cours de l'année 2013.
De plus, l'impact du scrutin sur le nombre des inscriptions n'est pas le même selon sa nature. Les élections présidentielles et législatives du printemps 2012 ont ainsi été plus mobilisatrices que ne le sont les élections de ce printemps. Au 1er mars 2012, l'Insee avait en effet enregistré une progression de plus d'un million d'électeurs (+ 2,4 % sur un an).
Le nombre des jeunes nouvellement inscrits sur les listes électorales est "en forte progression", souligne l'Insee. Ce nombre passe de 496.000 en 2013, à 675.000 en 2014. Cette hausse est liée essentiellement aux modalités techniques des inscriptions électorales. Dans le cadre de la révision de 2013-2014, celles-ci étaient possibles sur une période de quinze mois. Or la révision des listes de 2012-2013 n'avait duré que neuf mois.
L'évolution du nombre des électeurs dans les régions est corrélée aux évolutions démographiques. C'est dans les régions qui connaissent les plus fortes croissances démographiques qu'on observe les plus fortes hausses du nombre d'inscrits : Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes. Avec une exception pour les Antilles et la Corse, où le nombre des électeurs augmente plus vite que la population. "Il est possible que ceci reflète un intérêt renforcé pour les élections municipales dans un contexte insulaire", avance l'Insee.
Les électeurs devaient s'inscrire sur les listes électorales avant le 31 décembre dernier pour pouvoir voter aux municipales des 23 et 30 mars et aux européennes du 25 mai. Dans toutes les communes de France, la commission administrative ad hoc avait ensuite jusqu'au 28 février pour réviser les listes électorales.

Abstention... et mal-inscription

Mais au-delà des inscrits… quid des futurs votants ? A l'échelle nationale, 35% des Français se disent tentés par l'abstention, selon un sondage Ifop-JDD publié en janvier. Mais leur nombre pourrait encore croître, surtout parmi les jeunes et dans les classes populaires, selon les analystes.
Convaincre les électeurs d'aller aux urnes est donc l'une des premières préoccupations des candidats. Il y a "un risque principal, un risque majeur, c'est l'abstention, l'abstention, l'abstention", lançait début février Christophe Borgel.
Depuis 1988, tous les scrutins, excepté la présidentielle, ont vu l'abstention progresser. En 2008, elle a pulvérisé les records, avec le plus faible taux de votants à des municipales depuis 1959 : 66,5% au premier tour et 65,2% au second tour.
Dominique Reynié, professeur à Sciences-Po, pointe une lassitude des électeurs, "un problème de fatigue démocratique". Et le scrutin des 23 et 30 mars ne fera pas exception, selon tous les observateurs. "Plus la ville est grande, plus l'abstention est importante car vous êtes moins gêné de ne pas aller voter car personne ne le sait", complète Dominique Reynié.
"Ce que nous savons bien identifier, c'est la dimension sociologique de l'abstention. Aux municipales, les 18-24 ans votent deux fois moins que les 50-64 ans, les inactifs et les précaires sont les plus abstentionnistes", analyse l'universitaire Jean-Yves Dormagen, coauteur de "La démocratie de l'abstention" avec Céline Braconnier. Et celle-ci d'ajouter que la mal-inscription est également un facteur important pour expliquer l'abstention : nombre de personnes n'habitent pas là où elles sont inscrites sur les listes électorales et n'ont pas forcément les moyens de se déplacer pour aller voter. "Dans les banlieues populaires des grandes villes, on estime, toutes élections confondues, que c'est plus de la moitié de l'abstention qui peut s'expliquer par la mal-inscription", relève Céline Braconnier.
 

 

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