Service civique - 92.000 volontaires en 2016 et toujours pas de décollage dans les collectivités
Le service civique a fortement augmenté en 2016, mais n'a toutefois pas atteint l'objectif de 110.000 jeunes qui avait été fixé. Le budget du dispositif n'ayant pas augmenté en 2017, il semble peu probable que cette dynamique de progression - destinée à avancer vers la généralisation - se poursuive. Encouragées et soutenues dans le recrutement de volontaires, les collectivités n'ont accueilli, comme les années précédentes, que 6% de l'ensemble des jeunes en service civique.
En 2016, 92.000 jeunes ont réalisé un volontariat de service civique. Si le saut est important par rapport à 2015 - 39.000 volontaires en plus, soit une hausse de 74% par rapport aux 53.000 de 2015 -, l'objectif de 110.000 jeunes qui avait été fixé pour l'année n'a pas été atteint. Et la perspective d'atteindre 150.000 volontaires en 2017 puis 350.000 en 2018 – l'ambition fixée par l'ancien président de la République – semble s'éloigner d'autant plus que le service civique n'a pas été cité dans la déclaration de politique générale du Premier ministre le 4 juillet.
En matière de "mobilisation de la jeunesse", Edouard Philippe a en revanche confirmé une proposition du candidat Emmanuel Macron, celle d'instaurer un nouveau service national d'un mois pour les jeunes de 18 à 21 ans. Confirmé et mis à l'agenda : "la réflexion sur les formes qu'il prendra sera conduite avant la fin de l'année 2017".
Dans son rapport d'activité 2016 diffusé le 5 juillet 2017, l'Agence du service civique a toutefois préféré voir le verre à moitié plein et se féliciter de la forte mobilisation des jeunes comme des organisations pour atteindre "l'universalité" du dispositif.
3.646 jeunes, soit 5,8% de l'ensemble des volontaires, ont réalisé une mission en collectivité en 2016
Les organismes d'accueil agréés sont désormais au nombre de 9.230, dont 80% d'associations, 11% de collectivités territoriales et 7% d'établissements publics. Les jeunes volontaires de 2016 ont d'abord été accueillis par des associations (pour 64,5% d'entre eux), mais "le secteur public continue sa montée en charge" en passant "de 25% à 35% des missions", souligne l'Agence.
Ce sont toutefois les services de l'Etat (17%), avec les grands programmes ministériels, et les établissements publics (10%) qui ont accueilli le plus de volontaires. Le ministère de l'Education nationale est l'entité qui offre le plus de missions, avant même l'association Unis-Cité.
La part des jeunes réalisant leur mission dans une collectivité stagne à un peu moins de 6% (5,8% exactement) ; leur nombre est passé de 2.841 à 3.646 en un an. Ces volontaires ont majoritairement (81%) réalisé leur service civique dans des communes, mais aussi dans des départements (16%) et quelques communautés de communes (3%) et régions (0,1%). Aucune collectivité ne figure parmi les dix plus grosses structures d'accueil. Les collectivités proposant des missions accueillent en moyenne 4,7 jeunes, soit moins que toutes les autres catégories d'organisations.
Des "viviers de développement" dans les collectivités locales, mais aussi dans les secteurs médico-social et sanitaire
Au même titre que les secteurs médico-social et sanitaire, les collectivités ont été identifiées en 2016 comme des "secteurs clé", représentant "un vivier de développement tant quantitatif que qualitatif puisqu’elles portent des politiques publiques au plus près des citoyens". Des réunions d'information et de sensibilisation ont ainsi été organisées en région avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Alors que le prochain objectif est d'atteindre 150.000 jeunes en 2017, "la mobilisation [des collectivités] reste un enjeu prioritaire".
L'Agence du service civique décrit dans son rapport les modalités d'appui au réseau territorial, notamment les agréments fournis par les préfets, des appels à projets destinés à soutenir le processus de généralisation (40.000 euros par région) et des moyens supplémentaires (50 postes) dans les services déconcentrés.
Une sur-représentation des jeunes des quartiers prioritaires, mais une quasi-absence des habitants des territoires très ruraux
Le profil des candidats au service civique - inscrits sur le site - "n'a pas changé cette année", observe l'agence. "Il s’agit d’une majorité de jeunes filles, âgées de 20 ans et disposant, pour les deux tiers qui le renseignent, d’un niveau BAC ou inférieur." Des jeunes de toutes les régions aspireraient à s'engager dans une mission, avec une sur-représentation de la Haute-Normandie, du Nord Pas-de-Calais, du Languedoc-Roussillon, de l’Alsace et de la Lorraine.
Les jeunes volontaires issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville seraient également sur-représentés (13,3%, alors que la part des jeunes résidant dans ces quartiers est de 9,6%). A l'inverse, le service civique serait encore quasiment inexistant dans les communes très rurales, avec quelque 460 volontaires en 2016.
Vers un plafond de verre pour le service civique ?
En 2016, l'Agence du service civique a intégré en son sein l'Agence Erasmus+ Jeunesse et Sport, à laquelle une partie du rapport est donc consacrée. Dans le cadre du programme européen, l'Agence a attribué quelque 13 millions d'euros de subvention à 552 projets en 2016, dont 520 projets de mobilité internationale – comprenant 53% de projets de service volontaire européen.
Le service civique a quant à lui coûté quelque 302 millions d'euros en 2016. Le budget du dispositif "passera de 300 millions d'euros aujourd'hui à un peu plus d'1 milliard en 2018", avait prédit François Hollande le 11 janvier 2016, lors de ses "vœux à la jeunesse et aux forces de l'engagement". C'était sans doute un peu optimiste. Ce budget avait été finalement voté à 385 millions d'euros dans la loi de finances pour 2017.