Jeunes - Des associations appellent les collectivités à rejoindre leur "grande équipe de France pour la jeunesse"
Un collectif de quinze associations, coordonné par le mouvement "Bleu blanc zèbre", appelle à la mobilisation de tous - citoyens, élus locaux et nationaux, entreprises - pour déployer les initiatives favorisant la réussite des jeunes. Des dispositifs, en premier lieu le service civique mais aussi le tutorat, sont mis en avant pour permettre l'accès au plus grand nombre à la culture, à l'éducation, au travail et à l'engagement.
"Chacun fait sa part." C'est le leitmotiv qui a résonné ces dernières quarante-huit heures à Paris, Arras, Marseille et sur les réseaux sociaux, alors que le collectif associatif "La Grande Equipe de France" lançait sa "mobilisation citoyenne pour la jeunesse". A l'hôtel de ville de Paris, 500 personnes - essentiellement des jeunes bénévoles, volontaires ou bénéficiaires - ont ainsi été invitées à contribuer à cette mobilisation de "toutes les énergies" en faveur de la culture, de l'éducation, de l'engagement et de l'insertion des jeunes.
Portée par un collectif de quinze associations (1) ayant répondu favorablement à un appel du mouvement "Bleu blanc zèbre", la démarche est adressée à toutes les bonnes volontés : citoyens, dont les jeunes en particulier, élus locaux et nationaux, associations ou encore entreprises.
"Nous avons deux grands messages au futur gouvernement", a présenté Marie Trellu-Kane, présidente d'Unis-Cités, devant l'assemblée, en présence du ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Lequel n'a pas pris la parole dans le contexte du remaniement. "Il faut généraliser les dispositifs qui ont fait leurs preuves, tels que le service civique ou les cordées de la réussite, mais aussi investir pour démultiplier l'impact des solutions qui marchent", a-t-elle poursuivi (voir ci-dessous notre encadré sur le service civique).
Paris, Arras, Drancy, Beauvais et les villes moyennes partenaires
Le collectif met en avant "quatre priorités", premières fondations d'un "grand plan citoyen pour la jeunesse" : "l’apprentissage de la lecture et l’accès à la culture dès le plus jeune âge", "l'égalité des chances dans l'éducation grâce au développement du tutorat et du
mentorat", "l'insertion professionnelle des jeunes de nos territoires populaires qu'ils soient
diplômés ou non", "l'engagement des jeunes, notamment grâce au développement massif du service
civique".
"On va partager aux collectivités territoriales qui sont intéressées des propositions concrètes", a précisé Marie Trellu-Kane. La "Grande équipe de France" ambitionne d'être présente largement sur les territoires, de déployer ses actions lorsque des besoins seront identifiés et d'animer une dynamique collective et des outils destinés à faciliter la mobilisation citoyenne. "Sur le service civique, Unis-Cité peut animer des plateformes d'intermédiation pour aider des petites associations ou des petites communes à accueillir des jeunes", a détaillé la responsable associative.
Par message vidéo, les maires de Paris, Arras et Drancy ont manifesté leur volonté de soutenir l'initiative. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est également partenaire. Ainsi que Villes de France (ex-Fédération des villes moyennes). "Nous refusons qu'il y ait autant de jeunes qui ne soient ni au travail, ni en formation, ni en apprentissage", a déclaré sa présidente, Caroline Cayeux, qui s'est engagée ce 20 juin au titre de l'association d'élus mais aussi en tant que maire de Beauvais.
Le collectif associatif et la présidente de Villes de France entendent se revoir "dans les quinze prochains jours" pour travailler sur les modalités d'implication des collectivités, a confié à Localtis Jean-Philippe Acensi, fondateur de l’Agence pour l’éducation par le sport et président de Bleu blanc zèbre.
"Isolément, le nouveau gouvernement ne pourra pas grand-chose"...
En attendant, la Grande Equipe de France appelle chacun à signer un manifeste et diffuse un kit des soutiens. Le collectif s'appuie sur de jeunes ambassadeurs, d'anciens bénévoles, volontaires ou bénéficiaires des associations, présentant un parcours de réussite et souhaitant aider à leur tour d'autres jeunes. Autre forme de soutien : celle d'entreprises, telles que Schneider Electric.
"La solution réside dans un changement de braquet historique : la mobilisation générale des citoyens coopérant avec les territoires, les entreprises et l’État", annonçait déjà la Grande Equipe de France le 29 mai dernier dans une tribune diffusée sur le média Slate. "Isolément, le nouveau gouvernement ne pourra pas grand-chose ; on le sait", poursuivait le collectif qui appelait à "créer ensemble un nouveau pacte pour l’éducation et la jeunesse".
Alors que la composition du gouvernement remanié après les législatives n'était pas connue ce 20 juin et que certaines voix s'élevaient récemment pour demander la nomination d'un secrétaire d'Etat à la Jeunesse destiné à porter cette politique interministérielle, le collectif associatif n'aurait pas d'attente particulière à ce sujet. "Tous nos programmes sont des programmes éducatifs in fine, donc on n'est pas choqué par le fait qu'un grand ministère porte une politique Jeunesse, s'il a les moyens de le faire, peut-être avec un secrétaire d'Etat, en tout cas avec des équipes et des moyens et une priorité claire derrière", concluaitt la présidente d'Unis-Cité.
(1) L'Agence pour l'éducation par le sport (Apels), Coexister, Les Cordées de la réussite, Enquête, Frateli, JobIRL, l'Institut Télémaque, Lire et faire lire, Mom'Artre, Mozaik RH, Passeport Avenir, Passeurs d'arts, Unis-cité, Une grande école pourquoi pas moi ? (programme Phare), Zup de co.
Service civique : "500.000 volontaires, c'est une cible que l'on pourrait se fixer pour 2022"
"67% des jeunes disent, quand on les interroge, qu'ils sont prêts à donner six à douze mois dans le cadre du service civique. Il y a donc un potentiel de 500.000 volontaires par an. 500.000, c'est une cible que l'on pourrait se fixer pour 2022", estime Marie Trellu-Kane, fondatrice d'Unis-Cités - l'association qui avait la première mis en place le dispositif en France, avant son institutionnalisation en 2010.
L'objectif fixé par l'ancien président de la République est d'atteindre 150.000 jeunes en 2017, puis rapidement 350.000 jeunes. Les associations sont en attente d'une clarification des objectifs du nouveau chef de l'Etat et de son gouvernement. Le candidat Emmanuel Macron avait en effet annoncé, dans sa lettre à la jeunesse de l'entre-deux-tours, sa volonté de "pérenniser" le service civique et de le rendre "accessible à tous les jeunes". Mais il s'était également engagé à mettre en place un service national obligatoire d'un mois pour tous les jeunes de 18 à 21 ans.
"Investir 2 à 3 milliards dans la généralisation du service civique, c'est un investissement très rentable parce que ce sont des jeunes qu'on va mobiliser dans les écoles, dans les hôpitaux, sur le terrain auprès des gens. Ces jeunes peuvent répondre à de vrais besoins, à de grandes causes, l'isolement des personnes âgées notamment en période de canicule par exemple", argumente Marie Trellu-Kane. "C'est utile pour les territoires, c'est aussi très utile pour l'insertion des jeunes, c'est un bon investissement", poursuit-elle.
Sur le caractère obligatoire de tel ou tel dispositif, la présidente d'Unis-cité a bien son idée : "Déjà on a un service civique, on refuse trois jeunes candidats sur quatre parce qu'on n'a pas assez de moyens… rendons-le déjà accessible à tous les jeunes qui ont envie de le faire avant de vouloir l'imposer à ceux qui n'ont même pas demandé !"