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Assises des villes moyennes - Verdun : "Le tourisme, un axe majeur pour notre territoire"

Les quatrièmes Assises des villes moyennes et intercommunalités, organisées les 4 et 5 juin à Châlons-en-Champagne par la Fédération des maires des villes moyennes (FMVM), vont permettre aux maires de ces villes de 20.000 à 100.000 habitants de débattre des réformes en cours et d'échanger autour des solutions innovantes qu'ils déploient pour faire face à la crise. Quelles sont, dans ce contexte difficile, les stratégies mises en œuvre par les villes moyennes et leurs agglomérations pour accroître leur dynamisme et leur attractivité ? Localtis a recueilli, en partenariat avec la FMVM, les témoignages de quelques-uns de ces élus de terrain.

Aujourd'hui, Arsène Lux, maire de Verdun (21.000 habitants) et président du pays de Verdun (76.700 habitants et douze communautés de communes), explique son engagement dans l'opération de rénovation urbaine dont bénéficie sa ville. Il expose également sa stratégie en faveur d'un tourisme professionnel et affirme sa croyance dans l'intercommunalité.

 

Localtis - Vous avez signé, en avril dernier, une convention d'opération de rénovation urbaine. La mixité sociale est-elle votre première priorité ?

Arsène Lux- C'est l'une des priorités que nous avons affichées dès 1995. Très vite, il est apparu qu'au-delà des mesures ponctuelles portant sur la mixité scolaire, la mixité sociale pouvait être réalisée grâce à la modulation des aides en fonction des revenus des familles, pour l'accès à une activité culturelle ou sportive. Et si on ne réglait pas le problème de "l'égalité des chances résidentielles" (je mets cette expression entre guillemets, mais elle traduit bien la réalité), nous serions loin d'atteindre l'objectif que nous nous étions assigné, mon équipe et moi-même. La ville de Verdun a été candidate, dès 1997, à tous les dispositifs, GPV, GPU et autre Urban européen. Or, à chaque fois que je me rendais à la Délégation interministérielle à la ville (DIV), j'entendais dire "Monsieur le Maire ou Monsieur le Député - car à l'époque j'étais aussi député- vous savez bien que ce sont des dispositifs qui interviennent sur de grosses concentrations : les quartiers nord de Marseille, la zone des banlieues de Paris..." Je pense qu'il n'y avait pas meilleur moyen que d'être candidat à tout pour régler les problèmes des mal-vivre. Verdun connaissait trois pôles de pauvreté, en ZUS ou en ZRU... Et le mal-vivre est ressenti dans les villes moyennes avec la même intensité que dans les zones de forte population. Un beau jour, on nous a dit : "Ça y est, maintenant on a un dispositif qui est à la dimension des situations comme les vôtres, c'est l'opération de rénovation urbaine." Il a donc fallu sept ou huit ans d'assauts, et ensuite encore pratiquement cinq ans pour monter ce dossier avec les bailleurs sociaux. Nous avons enfin abouti à la signature de cette convention. Nous avons signé, il y a un an, le contrat dit de préfiguration, qui nous a déjà permis de commencer ici ou là à démolir et, ici ou là aussi à reconstruire partiellement. Mais c'est maintenant que les choses sont gravées formellement dans le marbre.

 

Le tourisme entre-t-il également dans votre stratégie de développement ?

Oui bien évidemment. En fait, notre stratégie globale, mais ce n'est pas original, pratiquement tous les maires de France ont cette préoccupation, est l'attractivité de la ville. Verdun est la ville du département la plus importante démographiquement, mais elle ne compte que 21.000 habitants. Nous voulons donc renforcer l'attractivité économique et dans l'économie, je mets bien sûr le tourisme. Nous sommes essentiellement une ville tertiaire et nous assumons bien évidemment nos fonctionnalités de ville-centre du bassin du pays de Verdun qui compte 90.000 habitants. En raison de la Bataille de Verdun, c'est un secteur sur lequel l'histoire pèse lourdement. Jusqu'à présent, je peux dire qu'en matière de tourisme, la stratégie suivie était celle du "tourisme de cueillette". Avec la disparition des derniers survivants de la guerre, nous passons du vécu à l'histoire et nous devons avoir une approche totalement différente, professionnalisée, en réseau. Nous avons inscrit cette démarche de façon prioritaire dans la charte du pays de Verdun que je préside également. Le pays de Verdun, c'est douze communautés de communes. Nous sommes constitués en association, et non pas en structure administrative supplémentaire, afin d'éviter les dépenses de fonctionnement qui pourraient en résulter. Nous avons signé, tous ensemble, l'Etat "à travers le préfet de région et le préfet de département", le conseil régional, le conseil général, cette charte du pays de Verdun, dans laquelle nous avons fait du tourisme un axe stratégique majeur. Et cet axe, nous le maîtrisons, nous sommes capables d'avoir des initiatives dans ce domaine. Il faut néanmoins reconnaître que sans participation financière des partenaires, les choses sont difficiles mais il faut déjà pouvoir présenter des projets. Je vais même plus loin : il faut dépasser les limites administratives. Pour un touriste, peu importe de savoir qui gère quoi, il faut même dépasser les frontières meusiennes. Je le répète, c'est un axe tout à fait majeur.

 

Quel est votre budget d'investissement pour 2009 ?

Je ne peux vous donner que le CA de 2007. Pour ce qui concerne les dépenses d'investissement, elles étaient cette année-là, pour la ville, de 8.682.000 euros, et pour la communauté de communes, elles étaient de 14.391.000 euros, donc 23 millions d'euros en tout. En fait, tout ce qui se fait maintenant sur le site de Verdun se passe dans le cadre de l'intercommunalité. A travers cinq communes, nous avons certainement l'intercommunalité la plus fortement intégrée puisque nous avons un coefficient d'intégration fiscale de 87%.


Avez-vous demandé à bénéficier du remboursement anticipé de la TVA ?

Oui bien sûr. Mais il ne nous restait pratiquement plus de compétences communales puisque les seules compétences laissées aux communes, ce sont les affaires scolaires. Par contre, les investissements rémanents peuvent être pris en considération dans cette disposition. Nous avons donc candidaté sur l'ensemble de la ville de Verdun et de la communauté de communes, à partir de 2009, toutes les lignes d'investissement profitent du remboursement de la TVA dans l'année. J'ajoute que tout le nord meusien, pratiquement tout le département de la Meuse, est en zone de revitalisation rurale. Et, concrètement, il nous faut tirer profit de toutes les possibilités de solidarité et de concours national que la loi nous offre.

 

Y aura-t-il une augmentation des impôts locaux ?

Non. Nous n'avons pas augmenté les impôts locaux depuis 1995. Pour être tout à fait précis, en 1995 quand je deviens maire, la ville de Verdun était dans le réseau d'alerte de Bercy. A l'examen des comptes, je me suis rendu compte que si je ne m'en prenais pas au poste principal de dépenses en fonctionnement, c'est-à-dire la masse salariale, je ne pourrais rien faire. Les taux d'impôts étaient déjà dissuasifs, nous avons donc pris la décision d'une toute petite augmentation en 1996 car la ville était en cessation de paiement, mais nous l'avons réduite immédiatement en 1997. Nous avons aujourd'hui des impôts inférieurs à ceux que j'ai trouvés en arrivant comme maire de Verdun.
Par contre, nous avons beaucoup investi et par conséquent, les bases fiscales, notamment en matière de TP, ont sensiblement augmenté. Il faut ajouter la refonte complète de l'intercommunalité qui était une coquille vide au départ. En fait, la dotation de fonctionnement intercommunale sur Verdun, par tête d'habitant, a été multipliée par 23. Sur le périmètre des trente-huit communes initiales, on percevait 120.000 euros de DGF intercommunale par an. Sur ce même périmètre, recomposé en quatre communautés de communes, plus pertinentes et avec de plus grandes compétences, on a maintenant 2.700.000 euros de DGF, ce qui nous donne des marges de manoeuvre. De plus, nous n'avons recruté aucune personne supplémentaire. En 1995, nous avions un effectif de 360 personnes (en fait on devait employer 230 personnes si on appliquait les ratios de Bercy). Nous sommes passés à 240/245. Et avec ces 245 personnes, nous gérons à la fois la ville, la communauté de communes et le syndicat de transport. Autrement dit, nous avons totalement mutualisé les moyens.
Pour l'intercommunalité, le premier paramètre est d'avoir des compétences fortement intégrées parce que c'est synonyme de DGF et d'aides de l'Etat significatives. Le deuxième, c'est de fonctionner sans augmenter les frais de fonctionnement, ce qui signifie mutualiser les moyens. Le troisième est d'avoir des périmètres un peu plus élargis. Pour l'instant, je préfère que les deux premiers paramètres puissent être atteints. Maintenant il reviendra, selon moi, à travers la loi qui est en discussion, d'être beaucoup plus incitatifs pour élargir les périmètres, étant précisé qu'il faut élargir les périmètres vers le haut. Il n'est pas question de remettre en cause l'intégration de nos compétences. Autrement dit, ceux qui vont se pacser avec nous doivent accepter qu'on intègre tout et qu'on travaille à moyens constants, bien entendu.

 

Qu'attendez-vous de la réforme des collectivités proposée par Edouard Balladur ?

J'attends bien évidemment de la loi Balladur, enfin qu'elle soit Balladur ou autre peu importe, qu'on réussisse à supprimer un échelon. Moi je suis aussi conseiller général, mais je suis un fervent partisan de la suppression des départements. A minima, qu'on rapproche régions et départements, à travers des élus territoriaux qui auront à la fois la casquette départementale et régionale. Mais ça, c'est absolument indispensable. Il faut aussi que la compétence générale, et ça je crois que tout le monde est d'accord maintenant, soit reconnue aux seules communes et à leurs intercommunalités et que les régions et les départements, aussi longtemps que les départements existeront encore, aient des compétences fléchées. Expressément fléchées. Sans que cela porte atteinte à la compétence, à la possibilité d'intervention de la commune sur son propre territoire et sur l'intercommunalité.

 

Propos recueillis par Catherine Ficat

 

Retrouvez dans nos prochaines éditions la suite de notre série d'entretiens avec des maires de villes moyennes. Demain, rendez-vous avec Caroline Cayeux, maire de Beauvais.


 

 

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