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Assises des villes moyennes - La Roche-sur-Yon : "Travailler sur les synergies entre enseignement supérieur, recherche et entreprises"

Les quatrièmes Assises des villes moyennes et intercommunalités, organisées les 4 et 5 juin à Châlons-en-Champagne par la Fédération des maires des villes moyennes (FMVM), vont permettre aux maires de ces villes de 20.000 à 100.000 habitants de débattre des réformes en cours et d'échanger autour des solutions innovantes qu'ils déploient pour faire face à la crise. Quelles sont, dans ce contexte difficile, les stratégies mises en œuvre par les villes moyennes et leurs agglomérations pour accroître leur dynamisme et leur attractivité ? Localtis a recueilli, en partenariat avec la FMVM, les témoignages de quelques-uns de ces élus de terrain.
Aujourd'hui, Pierre Regnault, maire de La Roche-sur-Yon (53.000 habitants) et président de la communauté de communes du Pays Yonnais (90.000 habitants), évoque la façon dont la crise vient renforcer la nécessité de miser sans relâche sur l'innovation, l'enseignement supérieur, la recherche... afin de développer de nouvelles filières créatrices d'emplois. Sans oublier son vaste programme de "réappropriation" du centre-ville.

 

Localtis - Dans quelle mesure la crise se fait-elle sentir, concrètement, sur votre territoire ?

Pierre Regnault -  En tant que chef-lieu de Vendée venant d'avoir le TGV, nous étions en plein développement ! Notamment en termes de développement de zones commerciales, avec une vraie dynamique. Ceci... jusqu'à l'automne dernier. Notre territoire est relativement diversifié : nous avons quelques grosses usines, mais aussi beaucoup de PME, dont des sous-traitants de l'automobile, ou bien encore par exemple un sous-traitant d'Airbus dont une partie des commandes sont aujourd'hui annulées. Sur notre territoire, le chômage a augmenté de 35% en un an et dans le nord de la Vendée, là où il y avait le moins de chômage par rapport à la moyenne nationale, il a augmenté de 65%. Même le secteur du bâtiment qui marchait très bien est impacté. On le sent donc avec une violence qu'on n'a jamais connue. Certes, quelques secteurs vont bien, dans les services, l'informatique, l'agroalimentaire... Mais sinon, tous les quinze jours, lorsqu'on fait le point, on constate que les choses empirent.

 

Dans ce contexte, quelles sont aujourd'hui vos stratégies de développement ?

En ce début de mandat, nous avons trois axes de stratégie. Le premier, le plus fort, qui monte depuis longtemps : travailler sur les synergies entre enseignement supérieur, recherche et entreprises. On a une pépinière d'entreprises, une Sem de développement, on travaille en réseau avec Atlanpole, la technopole liée à l'université de Nantes... Nous avons trois laboratoires de recherche chez nous. Donc nous travaillons beaucoup sur le renforcement de la présence universitaire, sur l'ancrage de la recherche à La Roche-sur-Yon : mise en place de formations qualifiantes, montée en puissance des entreprises innovantes, mise en place d'une technopole pour pouvoir accueillir les laboratoires... Tout va dans ce sens : faire en sorte, par exemple, que les PME innovantes s'appuient davantage sur les chercheurs. Et tout cela en lien avec les besoins du territoire. En organisant par exemple des filières spécifiques dans le bâtiment, dans la plasturgie... C'est quelque chose de nouveau pour nous : il y a cinq ou six ans, cela n'était pas aussi abouti. On a aussi créé une association de chefs d'entreprises qui répond à des appels à projets de grands donneurs d'ordres. L'idée est de mieux définir les besoins des entreprises du territoire et d'aller chercher les compétences correspondantes. On est en train d'organiser cela. Cela se passe plutôt bien, donc on continue dans cette direction. On commence à avoir des investisseurs qui eux-mêmes construisent des bureaux, ce qui est nouveau. Tout cela se fait évidemment en articulation avec l'université de Nantes, qui est donc en partie "délocalisée" à La Roche-sur-Yon.

 

Et qu'en est-il des deux autres axes que vous avez définis ?

Parce que La Roche s'est beaucoup développée horizontalement, comme c'est le cas pour beaucoup de villes, nous avons commencé à nous réapproprier le centre-ville, qui inclut une immense zone de 140 hectares. Nous avons donc un grand projet de requalification incluant une nouvelle qualité urbaine, une charte architecturale et paysagère et un pôle culturel, que nous lancerons sous forme de PPP. Le dossier de ce pôle est pratiquement bouclé. Nous y mettrons une école de musique, une école d'art, un musée... afin d'en faire un pôle fort du centre-ville. Nous voulons aussi faire un pôle commercial plus dynamique en centre-ville, sachant que nous sommes déjà en train de développer un important pôle d'échanges multimodal autour de la gare désormais portée par l'arrivée du TGV, accompagné d'un programme de bureaux. Il s'agit donc d'une stratégie d'ensemble de redynamisation du centre-ville, que nous avons baptisée Pentagone 2006-2020.
S'agissant du troisième axe, nous étions l'une des rares villes de cette taille à être en communauté de communes et non en communauté d'agglomération. Sachant que j'ai pris la présidence du pays en 2008, nous sommes en train de construire un projet de territoire où, là aussi, on a plusieurs projets importants : créer une piscine en transférant la compétence à l'intercommunalité, sans doute faire basculer la compétence petite enfance pour que les petites communes alentours bénéficient d'une meilleure offre de services, développer les transports en commun, envisager une mutualisation des services... Je commence à aller voir les maires pour passer un contrat de co-développement entre l'intercommunalité et chaque commune, l'idée étant de les faire adhérer à un projet commun, pour, peut-être, pouvoir passer l'an prochain en communauté d'agglomération.
En dehors de ces trois axes, il y a naturellement d'autres démarches en cours, telles que le renforcement des compétences du pays pour aider les communes en matière de financement de logements sociaux. On peut aussi citer une grande action d'isolation des bâtiments avec, dans ce cadre, une opération de thermographie aérienne pour sensibiliser la population à l'enjeu de l'isolation et des économies d'énergie... qui peut représenter pour les années à venir un chantier énorme. Par ailleurs, nous allons systématiser les clauses sociales pour que les entreprises ou chantiers d'insertion puissent travailler.

 

Et en termes de "traitement social" de la crise justement, avez-vous envisagé des outils spécifiques ?

Nous avons un plan local d'insertion, une maison de l'emploi et nous allons essayer de passer avec l'Etat - le préfet est d'accord - et Pôle emploi une convention de reconversion pour le reclassement des salariés d'entreprises procédant à moins de dix licenciements, les dispositifs actuels n'étant prévus que pour les grandes entreprises.

 

Qu'en est-il de votre budget d'investissement 2009 ?

Nous nous sommes concentrés sur les deux ou trois projets structurants que sont la rénovation de la gare et le développement du pôle d'échanges multimodal, le lancement d'une ZAC pour le chantier des bureaux, ainsi que d'importantes rénovations de la voirie. Cette année, nous sommes à 18 millions d'euros d'investissement pour la ville.

 

Allez-vous bénéficier du remboursement anticipé de TVA ?

Non. Rappelons que le dernier mandat comptait une année de plus. En fin de mandat, on a été jusqu'à 24 ou 25 millions d'euros d'investissements. Donc 18 millions, c'est beaucoup, mais pas suffisant pour obtenir ce remboursement anticipé. Je ne sais pas comment font les autres villes ! En plus, notre projet en PPP va représenter un investissement 40 millions d'euros. Mais le PPP n'est pas considéré comme un investissement public.

 

Vos priorités se retrouvent-elles à d'autres échelles, notamment à l'échelle de la région ?

Oui, nous avons fait une grande étude, sur toute la région, pour détecter les besoins des entreprises. C'est à partir de là que nous avons créé l'association de chefs d'entreprises "Pari 85" pour contribuer à la définition des besoins et avoir ensuite l'appui des laboratoires, c'est à partir de là que nous avons mis en place la première plate-forme technologique de Vendée sur les automatismes. Et c'est aussi à partir de là que Jacques Auxiette [ancien maire de La Roche-sur-Yon et président de la région Pays-de-la-Loire] a été très sensibilisé à la question de la recherche, a financé de façon importante le cyclotron de Nantes et a mis en place un système de technocampus dans la logique des pôles de compétitivité - un concept qui va maintenant être décliné sur tous les territoires de la région sous forme de mini technopoles.

 

Attirer des compétences à La Roche-sur-Yon, est-ce facile ?

Il est clair que c'est un peu plus difficile que pour Nantes, mais en même temps, je vois qu'au niveau de l'université, alors qu'il y a quatre ou cinq ans on avait 5 ou 6.000 étudiants, surtout des bac +2, et que cela se cassait un peu la figure, on a, depuis, avec les présidents d'université, mis en place des formations spécifiques, adaptées au territoire et qualifiantes, de niveau bac +5. Et ça marche. Donc en offrant des conditions de formation correctes et des filières qui ne sont pas en concurrence avec Nantes ou Angers, oui c'est possible. Il faut jouer la spécificité. Tout en travaillant en réseau évidemment. D'ailleurs, de façon plus globale, lorsqu'on parle aujourd'hui de métropoles, je ne suis pas sûr qu'il faille rejeter l'idée en bloc. Pierre Mauroy dit que nos villes sont faibles, c'est vrai ! Mais ce qu'il faut, c'est une mise en réseau des métropoles avec les autres villes avoisinantes. C'est ça, l'avenir d'un territoire équilibré - un réseau de villes connecté à une grande métropole européenne. Nous sommes complémentaires et non en concurrence.

 

Propos recueillis par Claire Mallet

 

Retrouvez dans nos prochaines éditions la suite de notre série d'entretiens avec des maires de villes moyennes. Demain, rendez-vous avec André Billardon, maire du Creusot.

 

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