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Transport aérien - Une députée demande à Bruxelles de clarifier les aides aux compagnies low cost

En pleins démêlés judiciaires entre la compagnie à bas coûts Ryanair et Air France, la députée du Puy-de-Dôme Odile Saugues (PS) a présenté, mardi 15 juin, son rapport d'information sur la concurrence dans le secteur aérien. Un rapport dans lequel elle appelle la Commission à clarifier les aides des aéroports régionaux et à créer un "espace d'équité". "Si on veut une concurrence libre et non faussée, il faut évoquer la question du coût du travail, du dumping social", a-t-elle déclaré devant la presse, allusion aux pratiques de Ryanair qui applique le droit irlandais, plus avantageux, à ses 120 employés de Marseille, l'unique base de la compagnie en France. Le directeur général de Ryanair avait récemment qualifié de "stupide" un décret de 2006 obligeant les compagnies étrangères installées en France à appliquer le droit français. "Michael O'Leary a une façon de dire 'la loi je m'assois dessus' assez insupportable", a déclaré la députée. "Le monde de l'aérien se modifie, le modèle économique changent, les compagnies aériennes sont menacées par le système low cost", considère-t-elle. Or son rapport intervient au moment où Bruxelles s'apprête à actualiser les lignes directrices sur les aides d'Etat au transport aérien qui datent de 2005. Aujourd'hui, la Commission autorise les aides uniquement pour les nouvelles routes et pour un temps limité, l'aide ne devant alors compenser que les coûts additionnels au démarrage (publicité, marketing, etc.). En revanche, elle considère que les rabais sur les charges aéroportuaires et sur les redevances d'assistance en escale faussent la concurrence.
A l'approche de la révision des lignes directrices, le ciel européen est en ébullition. Une eurodéputée allemande verte, Frida Brepoels, vient d'interpeler la Commission sur le cas de l'aéroport de Charleroi qui a connu une croissance de 33% en 2009 grâce notamment à Ryanair, et ne peut plus être considéré, selon elle, comme un petit aéroport régional : désormais, Charleroi entre directement en concurrence avec l'aéroport de Zaventem, à Bruxelles. Or, contrairement à ce dernier, Charleroi est exempté de nombreux frais tels que les coûts de services de secours et d'incendie et de sécurité. L'eurodéputée avait aussi mis en avant le fait que, comme pour l'affaire de Marseille, les salariés de Ryanair étaient payés 60% moins cher que ceux des compagnies belges.
Pour les élus, la situation est délicate car les compagnies low cost dopent l'économie locale. Avec 1,7 million de passagers prévus en 2010 à Marseille, Ryanair est en position de force et n'a pas hésité à menacer de plier bagage, alors qu'une procédure est ouverte à son encontre suite à une plainte d'Air France. La compagnie dénonce d'ailleurs le lobbying d'Air France en difficulté financière. Et le sénateur-maire de Marseille Michel Gaudin lui apporte son soutien. Un précédent a déjà eu lieu à Pau : l'aéroport a dû doubler son aide marketing pour ne pas voir la compagnie voler sous d'autres cieux.
 

Michel Tendil