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Aéroports régionaux - Volcan : les bénéfices pourraient partir en fumée

L'éruption du volcan islandais aura des retombées sur les comptes des aéroports régionaux cette année. Certaines collectivités locales devraient être appelées à soulager les budgets. Les ministres européens du Tourisme doivent se réunir mercredi avec la Commission pour décider ou non d'un assouplissement du régime d'aides.

Depuis la lointaine Islande, le volcan Eyjafjöll aura obscurci jusqu'aux compte des aéroports régionaux français. Et après parfois une semaine de paralysie sur les tarmacs, les retombées de l'éruption sont sévères : l'Union des aéroports français chiffre son impact à 10 millions d'euros sur l'ensemble de ces aéroports. "Ceux du nord de la France ont été les plus impactés", souligne son délégué général Jacques Sabourin. Les pistes n'ont rouvert au trafic commercial qu'à partir du mardi 20 avril au nord d'une ligne Nantes-Nice.
L'aéroport de Limoges, pour sa part, était fermé aux compagnies aériennes du vendredi 16 jusqu'au mardi 20. Avec 106 vols annulés, 6.288 passagers et 12 tonnes de fret perdus, le gestionnaire estime avoir perdu 122.000 euros de chiffre d'affaires (CA). Pour un CA annuel de 8 millions d'euros, la perte est significative, selon son directeur Gilles Tellier : "Un aéroport moyen comme le nôtre est structurellement déficitaire… Nous n'avions pas besoin de ça ! D'autant que le trafic va mettre du temps à revenir à un niveau cohérent." Toutefois, le conseil régional du Limousin, le département de la Haute-Vienne, la ville de Limoges et la chambre de commerce et d'industrie participent à son budget. Et d'ores et déjà, Gilles Tellier prévoit de leur demander une aide supplémentaire pour cette année.
A Caen-Carpiquet, l'impact paraît plus modéré : avec 50 vols et 1.700 passagers en moins, la directrice de l'exploitation, Maryline Haize Hagron s'attend à "quelques milliers d'euros de pertes". Mais après les chutes de neige de cet hiver, et avant les huit semaines de fermeture pour travaux cet été, l'équilibre budgétaire devrait être délicat à trouver pour 2010. L'aéroport normand ne doit pourtant compter que sur ses seuls résultats commerciaux pour fonctionner.
Les aéroports du Sud, eux, ont été fermés moins longtemps. Et ils ont ainsi pu capter une partie du trafic paralysé au Nord du pays. A Marseille-Provence, par exemple, en cinq jours de perturbations, si 750 vols ont été annulés, 200 vols supplémentaires ont été programmés. Insuffisant pour compenser… D'autant qu'il a fallu renforcer le personnel pour pouvoir accueillir les passagers déroutés. Au final, l'aéroport estime ses pertes financières à un peu plus d'un million d'euros – pour un chiffre d'affaires annuel de 100 millions.
A l'aéroport de Nice-Côte d'Azur, la perte est encore plus nette : 2 millions d'euros, soit près de 1% du CA. 1.302 vols ont été annulés, et près de 140.000 passagers et 200 tonnes de marchandises ont été perdus. "Même si Aéroports de la Côte d'Azur a été moins impacté que ses voisins du nord de l'Europe, les conséquences financières sont importantes", a déploré Hervé de Place, le président du directoire, dans un communiqué. A Lyon, enfin, la perte avoisine également les 2 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires d'environ 130 millions en 2008…
Depuis plusieurs années les aéroports régionaux subissent, mécaniquement, les difficultés du secteur aérien. Ces poumons économiques vitaux pour leurs territoires ont été un peu plus encrassés par les cendres du volcan islandais.


Olivier Bonnin 

 


Assouplissement des aides directes : la Commission ne dit pas non

 

L'impact du nuage de cendres islandais sur les compagnies aériennes et les voyagistes est évalué à 260 millions d'euros, a déclaré Hervé Novelli, lundi 26 avril, soit 60 millions d'euros de plus que la précédente évaluation de mardi dernier. A l'issue d'une seconde réunion avec l'ensemble des acteurs du secteur aérien, le ministre du Tourisme a donné le détail : 188 millions d'euros pour les compagnies aériennes, 31 millions d'euros pour les tours opérateurs et 40 millions d'euros pour les agences de voyage. Concernant les aéroports et compagnies régionales, la facture s'élèverait à "quelques dizaines de millions d'euros", a-t-il indiqué, sans plus de précision.
Un assouplissement du régime d'aides directes est à l'étude, mais les discussions se tiennent au niveau communautaire. L'ensemble des ministres du Tourisme européens doivent se réunir mercredi avec le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia. "On ne peut pas concevoir une solution uniquement nationale, il doit y avoir un consensus de tous les Etats", a expliqué le ministre français, précisant que, pour le moment, il n'y avait "pas de fermeture de la part de la Commission".
La réunion de lundi a toutefois débouché sur un ensemble de mesures dont la nomination d'un médiateur pour traiter les cas des passagers qui ont été empêchés de voyager. Thierry Baudier, l'ancien directeur général de la Maison de la France, animera ainsi une "cellule de médiation et prendra ses fonctions à partir de mardi au sein de l'Institut national de la consommation. Un numéro vert sera mis en service au plus tôt.
Oséo, le médiateur du crédit et le médiateur de la sous-traitance "traiteront de manière spécifique les demandes des entreprises dont les difficultés de trésorerie résulteraient de la crise", a précisé le ministre.
Des mesures d'indemnisation du chômage partiel permettront de rembourser les heures perdues non travaillées, à hauteur de 7,15 euros, soit 80% du Smic brut.
Les administrations sociales et fiscales devront enfin tenir compte des difficultés rencontrées par les entreprises pour activer le mécanisme d'étalement des charges.
M.T.