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Transport aérien - Les territoires aéroportuaires en quête d'une meilleure gouvernance

"Les aéroports ne sont pas seulement des plateformes de transport. Ils ont un impact sur les territoires où ils s’implantent, ces derniers subissant parfois un large faisceau de contraintes entre autres environnementales, tandis que d’autres profitent de retombées positives notamment sur le plan économique. Face à cela, il est temps d’aller vers plus d’équilibre, ce qui nécessite une approche renouvelée de leur gouvernance." Tel fut le propos tenu par Didier Gonzales, député-maire de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) et secrétaire général de l'association Ville et Aéroport, lors d’un colloque organisé par l'association sur le thème très à la mode de la gouvernance. Un colloque où la paralysie du trafic aérien, engendrée par le nuage de cendres provenant d’un volcan islandais, a été rapidement abordée. Jacques Hérisson, directeur administration de la société qui gère l’aéroport de Nice, a par exemple suggéré qu’un bilan des mesures de qualité de l’air, prises durant le blocage, soit communiqué au niveau national. En effet, lors de grèves, ils n'ont pas pour leur part constaté de grands écarts de pollution sur Nice.


A la recherche d’un langage commun

Certes rebattu, le thème de la gouvernance réserve toutefois des surprises car en matière de territoire aéroportuaire, il semble que beaucoup reste à faire. Un meilleur partage d’informations, un langage commun passant par plus d’écoute ainsi qu’une vision plus nette de l’avenir : ces besoins y sont en effet palpables. "Trop souvent, dans la communauté des acteurs aéroportuaires, la gouvernance n’est qu’un bon mot, sans aucun passage à l’acte", regrette ainsi Didier Arnal, président du conseil général du Val d’Oise. Démonstration : on pourrait croire que ce département a prise sur le développement de Roissy sur son territoire. "On a des relations courtoises avec l’aéroport mais cela s’arrête là. Durant leurs réunions, c’est à peine si on a un strapontin ! Et entre départements concernés, on échange mais chacun défend son bout de territoire. Si bien qu’au final, on est loin d’une gouvernance pertinente et éclairée." "Or, pour que les riverains se sentent notamment mieux défendus face aux nuisances causées par l’aéroport, c’est à nous, les élus, d’affirmer notre place et nos positions", a rebondi un autre élu de ce département.

Ailleurs, les choses bougent depuis que la loi sur la décentralisation du 13 août 2004 est passée par là. Elle a en effet assuré le transfert de près de 150 aéroports à des collectivités ou à des groupements de collectivités territoriales. Il s’agit dans ce cas de petits aéroports de province, le plus important étant celui de Beauvais (2,5 millions de passagers). Dans une quinzaine d’autres plus grands aéroports régionaux, dont les cinq plus importants sont Bordeaux, Lyon, Marseille, Nice, Toulouse, l’Etat conserve majoritairement la main via les chambres de commerce et d’industrie (CCI), même si des collectivités prennent aussi part à leur gestion et à leur capital. Ce modèle décentralisé n’a pas été sans effet : il a permis l’émergence de sociétés aéroportuaires qui exploitent ces aéroports.

 

L’envol mesuré de la délégation

Ces sociétés de droit privé sont aux mains d’une poignée d’acteurs dont la SNC Lavalin, Keolis (filiale de la SNCF), Veolia Transport et Vinci. Etant concessionnaires et, dans certains cas, opérateurs de ces plateformes, c’est vers un modèle de partenariat public-privé avec les acteurs locaux et publics que tend leur gestion. Exemple : la plateforme aéroportuaire et logistique de Paris Vatry, qui est née de la volonté du conseil général de la Marne en lieu et place d’une ancienne base de l'Otan. Après plusieurs années d’exploitation de la plateforme pour le compte de la collectivité, la SNC-Lavalin en est devenue le principal actionnaire et en a pris les manettes. "Le département a investi 200 millions d’euros dans la création du complexe et la confiance accordée à cet exploitant doté d’un véritable projet industriel porte finalement ses fruits, même s’il a fallu être patient. Dans le cadre de cette délégation de service public, il ne faut pas négliger l’accompagnement financier et le soutien apporté à l’opérateur, qui est conséquent. Et à ses côtés, il faut s’employer à légitimer cet outil et rassembler les forces politiques pour favoriser effectivement un langage commun et assurer la pérennité du site", explique Patrice Valentin, vice-président du conseil général de la Marne chargé de Vatry et administrateur de Ville et Aéroport, qui se veut "optimiste tout en restant mesuré" quant à l’avenir du site. Preuve que cette dynamique donne en tout cas des résultats, la compagnie Ryanair débarquera à Vatry dès cet été et l'aéroport lorgne désormais du côté de la Chine pour continuer d’asseoir le développement de son fret.


Morgan Boëdec / Victoires éditions

 

 

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