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Social - Un tableau de bord annuel de suivi de la pauvreté

Le haut commissariat aux Solidarités actives de Martin Hirsch va rendre public "tous les ans, à l'automne [et] pendant au moins cinq ans [un] tableau de bord" de suivi de la pauvreté, avec des indicateurs sur les revenus, l'emploi, le logement ou l'éducation. Ce tableau de bord, élaboré "en étroite liaison" avec l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes), les partenaires sociaux et les associations, comprendra quinze indicateurs principaux et dix-huit indicateurs complémentaires liés à dix objectifs, selon un communiqué du haut commissariat confirmant le 7 mai une information du Monde. Chaque indicateur (travailleurs pauvres, demandes de logement social non satisfaites après un an, renoncement aux soins, ménages surendettés, etc.) fournira "un éclairage complémentaire au taux de pauvreté ancré dans le temps". "Il n'existe pas de mesure parfaite de l'évolution de la pauvreté, chaque indicateur présente des limites ou ne permet d'observer qu'une facette d'un phénomène multidimensionnel, d'où la nécessité d'associer différents indicateurs et d'analyser conjointement leur évolution", explique le haut commissariat.
Dans sa lettre de mission à Martin Hirsch, en juillet 2007, le président Sarkozy avait fixé l'objectif de réduire la pauvreté en France "d'au moins un tiers en cinq ans", avec un suivi au travers notamment d'un indicateur central, le "taux de pauvreté ancré dans le temps". Mais le choix de cet indicateur monétaire "ancré dans le temps" a été critiqué par des associations et des experts pour lesquels il donnait une photographie trop restrictive de la pauvreté. "L'indicateur de pauvreté ancrée dans le temps aboutit à dissocier la question de la pauvreté de celle des inégalités." Il est donc "difficile d'identifier avec précision l'influence des politiques spécifiques", juge ainsi l'Onpes dans son récent rapport 2007-2008. De 2000 à 2005, le taux de pauvreté ancré dans le temps (avec un seuil initial de 60% du revenu médian) a baissé de 22%, tandis que l'indicateur habituel (taux de pauvreté au seuil de 60%) n'a reculé que de 3%.

 

Le rapport de l'Onpes

La pauvreté reste stable en France mais s'aggrave chez ceux qui sont touchés, tandis que le nombre de travailleurs pauvres augmente, selon le cinquième rapport de l'Onpes, rendu public le 29 avril. "La baisse du chômage ne s'accompagne pas en même temps de la baisse de la pauvreté", a ainsi reconnu la ministre du Logement, Christine Boutin, lors de la remise du rapport, en présence de Martin Hirsch.  La présidente de l'Onpes, Agnès de Fleurieu, a elle aussi souligné que "l'emploi ne permet pas toujours d'éviter la pauvreté".
En 2005, environ 1,7 million de personnes, soit 7% des travailleurs, occupaient un emploi mais faisaient malgré tout partie d'un ménage dont le revenu était inférieur au seuil de pauvreté (817 euros mensuels pour une personne seule). Ils étaient 1,5 million en 2003. En moyenne, selon l'Onpes, les travailleurs pauvres ont perçu 775 euros par mois au titre de leur activité, soit environ la moitié des revenus d'activité moyens de l'ensemble des travailleurs alors que 78% d'entre eux occupent un emploi toute l'année, dont 21% ayant principalement un emploi à temps partiel.
Si le nombre d'allocataires des minima sociaux s'est stabilisé à 3,5 millions de personnes en 2006, l'Onpes signale que cette stabilisation ne doit pas cacher une aggravation de la situation financière des plus pauvres, notamment chez les personnes âgées isolées, les familles monoparentales et les jeunes en recherche d'emploi.
L'écart entre le niveau de vie médian des ménages pauvres et le seuil de pauvreté s'accroît depuis 2002, ce qui signifie que la pauvreté est "plus profonde", selon le rapport.

C.M., d'après AFP