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Europe - La France bien placée dans la réduction de la pauvreté chez les enfants

Le 17 octobre dernier, le Conseil des ministres adoptait un engagement national contre la pauvreté. La communication de Martin Hirsch à cette occasion reprenait la promesse de Nicolas Sarkozy de réduire d'un tiers en cinq ans le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (soit aujourd'hui sept millions de Français, dont près de deux millions d'enfants, disposant de moins de 817 euros par mois et par personne). Si cet objectif sera sans doute difficile à tenir dans un contexte économique morose, un certain nombre d'indices témoignent d'une réelle amélioration. C'est le cas notamment du "Rapport conjoint 2008 sur la protection sociale et l'inclusion sociale", que la Commission européenne vient de rendre public. Ce document retrace chaque année les actions menées par l'Union européenne et l'ensemble des Etats membres pour mettre en œuvre la stratégie de Lisbonne sur l'inclusion sociale. Il révèle notamment que l'Europe compte 19 millions d'enfants pauvres, sur un total de 78 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Le rapport s'appuie en ce domaine sur un autre document, très détaillé, adopté le 17 janvier dernier par le comité de la protection sociale de l'Union européenne et intitulé "Child poverty and well-being in the EU" (rapport sur la pauvreté et le bien-être des enfants).
Ce rapport indique en effet que le risque de pauvreté des enfants de 0 à 17 ans au sein de l'UE est de 19% (contre 16% pour l'ensemble de la population, ce qui montre une certaine pénalisation des familles), avec une forte dispersion allant de 10% (Suède) à près de 30% (Pologne). Grâce aux effets redistributifs des prestations familiales, la France n'est pas mal placée, avec un taux de "seulement" 14%. Plus intéressant : la France fait partie - avec l'Allemagne, la Belgique, l'Estonie, l'Irlande ou la République tchèque - des pays qui connaissent une baisse du taux de pauvreté chez les enfants. En termes sociodémographiques, la France se situe - avec la Finlande, l'Autriche et les Pays-Bas - dans la catégorie des pays à grandes familles et faible taux de pauvreté. Le taux relativement faible d'enfants vivant avec un seul de leurs parents (17% contre une moyenne européenne de 19% et un maximum de 37% en Lettonie) joue également en faveur d'une limitation du taux de pauvreté chez les enfants.
En dépit de cette situation plutôt encourageante, la concrétisation de l'engagement du gouvernement risque cependant de se heurter à un marché de l'emploi encore en convalescence. Les chiffres montrent en effet que les pays affichant les meilleurs résultats en matière de pauvreté de l'enfance sont aussi ceux qui connaissent les plus faibles taux de chômage : Autriche, Chypre, Danemark, Finlande, Pays-Bas, Slovénie et Suède.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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