Culture - Un million de visiteurs au Louvre-Lens, un million d'euros en moins au Centre Pompidou-Metz
Le 29 janvier 2014, le Louvre-Lens a accueilli son millionième visiteur, en l'occurrence une visiteuse venue d'Antibes qui a notamment gagné une entrée à vie dans le musée. Ce seuil symbolique est franchi un peu plus d'un an après l'ouverture du musée au public, le 12 décembre 2012. Ce franchissement intervient surtout avec une nette avance sur le plan de marche initial, qui prévoyait de passer le cap du million de visiteurs aux alentours de septembre 2014.
Huit mois d'avance sur le tableau de marche
S'il n'atteint pas la performance du Mucem à Marseille - un million de visiteurs trois mois après l'ouverture, avec toutefois l'effet "capitale européenne de la culture" (voir notre article ci-contre du 17 septembre 2013) -, le Louvre-Lens obtient néanmoins un très beau résultat. Celui-ci tient à la fois à la qualité architecturale du site - comme à Marseille -, mais aussi à l'attractivité des expositions, qui privilégient une approche muséale accessible à tous les publics, contrairement au Mucem où moins d'un quart des visiteurs du bâtiment ont fréquenté les expositions.
En 2011, le Centre Pompidou-Metz avait atteint, pour sa part, 800.000 visiteurs un an après son ouverture. En termes d'origine, 50% des visiteurs du Louvre-Lens viennent de la région Nord-Pas-de-Calais, 30% du reste de la France et 20% de l'étranger. Conscient que les années d'ouverture sont toujours exceptionnelles, le musée se fixe un objectif de 500.000 visiteurs pour 2014.
8% de budget en moins
Le paysage est moins souriant du côté du Centre Pompidou-Metz. Le musée a certes franchi, le 27 décembre 2013, le seuil des deux millions de visiteurs depuis son inauguration le 10 mai 2010. Un résultat plus qu'honorable, mais qui traduit néanmoins un net tassement de la fréquentation : 335.000 visiteurs en 2013, contre 475.000 en 2012. Il est vrai toutefois que le musée tablait à l'origine sur une fréquentation comprise entre 250 et 300.000 visiteurs en régime de croisière.
Mais le principal souci de Pompidou-Metz tient aujourd'hui à la décision de la région Lorraine de réduire d'un million d'euros la subvention versée à l'établissement. L'annonce n'est pas vraiment une surprise : en septembre dernier, Jean-Pierre Masseret, le président du conseil régional, menaçait déjà de réduire, voire de supprimer, la dotation de la région en l'absence de mesures de redressement (voir notre article ci-contre du 25 septembre 2013). Mais il n'en reste pas moins que ce million d'euros en moins représente le quart de la subvention de la région et environ 8% du budget de fonctionnement du Centre.
Cette annonce est aussi, pour la région, un moyen de faire pression sur les autres financeurs : Metz Métropole (4,6 millions d'euros), la ville de Metz (0,4 million d'euros), mais surtout le département de la Moselle, qui n'apporte que 86.000 euros. Une intervention de l'Etat est également souhaitée, mais Aurélie Filippetti se montre pour le moins réservée. L'Etat préférerait en effet que le musée évolue vers le modèle du Louvre-Lens, avec le développement - en complément des expositions temporaires - d'une "collection permanente" (en réalité des prêts de longue durée du Centre Pompidou Paris, avec renouvellement chaque année de 20 à 25% du fond).
Jean-Noël Escudié / PCA
Une journée gratuite de moins pour le Louvre
Le musée du Louvre annonce la suppression de la gratuité d'accès à ses collections le premier dimanche du mois pendant la haute saison, d'avril à septembre (avec effet à partir du 1er avril 2014). La gratuité du premier dimanche du mois est en revanche maintenue pour la période d'octobre à mars (basse saison). Il ne s'agit pas - là non plus - d'une surprise, puisque le principe de cette mesure avait été acté en 2013. Mais elle est symbolique du revirement en cours sur la gratuité des musées, du moins au sens d'une gratuité à large spectre.
Pour justifier cette décision, le Louvre avance plusieurs raisons qui tiennent à ses particularités. Tout d'abord, la direction de l'établissement met en avant une fréquentation à 70% de visiteurs étrangers, dont il serait dommage de se priver des recettes correspondantes. Mais elle insiste aussi sur les effets néfastes de l'"hyper-fréquentation" lors des dimanches gratuits (jusqu'à 38.000 visiteurs par dimanche) : files d'attentes, dégradation des conditions de visite, effet sur les conditions de travail des agents... Cette situation a fini par faire fuir les visiteurs français des dimanches gratuits, mais ils ont été aussitôt été remplacés par un brusque afflux de visiteurs étrangers, les agences de voyage et tours-opérateurs ayant vite compris l'intérêt de concentrer les visites de leurs clients lors de ces dimanches.
Ces interrogations sur la pertinence de la gratuité ne sont pas l'apanage du premier musée du monde. Ainsi, dans un récent rapport, la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France met sérieusement en doute l'intérêt et l'efficacité - en termes de diversification des publics - de la gratuité des collections permanentes des quatorze musées de la ville de Paris (voir notre article ci-contre du 5 septembre 2013).
JNE