Culture - Premier bilan et projets d'avenir pour Marseille Provence 2013
Même si la manifestation ne s'achèvera que le 31 décembre par un grand feu d'artifice - comme elle avait débuté - le bilan de Marseille Provence 2013 capitale européenne de la culture commence à se dessiner alors que se terminent plusieurs événements.
7,35 millions de visiteurs et le Mucem en vedette
Du côté de la fréquentation, les chiffres apparaissent plutôt à la hauteur des attentes, avec 7,35 millions de visiteurs enregistrés à la mi-octobre. La vedette incontestée est, bien sûr, le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) qui, avec 1,25 million de visiteurs depuis son ouverture au mois de juin seulement, bat tous les records en la matière (voir notre article ci-contre du 17 septembre 2013). Il reste qu'il est difficile de faire la part, dans ce démarrage foudroyant, entre l'attrait du bâtiment et de sa situation exceptionnelle au cœur de la ville (contrairement à Pompidou-Metz et au Louvre-Lens) et l'intérêt pour les contenus et les expositions.
Le second événement en termes de fréquentation est l'exposition "Le grand atelier du Midi", une exposition à cheval sur Aix et Marseille qui vient de clore ses portes le 13 octobre. Si le succès est réel avec 462.000 visiteurs, il se situe néanmoins en deçà des 600.000 entrées attendues, ce qui devrait se traduire par un déficit d'exploitation. Viennent ensuite 400.000 personnes pour l'opération "Entre flammes et flots" (avec un éclairage du Vieux Port à la bougie) durant un week-end en mai, 300.000 pour "Transhumance" (des centaines de moutons, vaches et chevaux traversant Marseille en juin) et 200.000 personnes pour une association insolite entre la Patrouille de France, des voltigeurs de l'armée de l'air et la chorégraphe Kitsou Dubois.
En dépit de cette légère déception sur "Le grand atelier du Midi", la dizaine de musées marseillais - dont celui des Beaux-Arts, le musée Cantini, le musée d'Histoire de Marseille et le musée des Arts décoratifs et de la Mode de Borely qui ont rouvert pour l'occasion - ont bénéficié à plein de cette affluence. Le nombre de leurs visiteurs atteignait en effet 530.000 à la mi-octobre, contre 220.000 pour toute l'année 2012. Si environ un tiers des visiteurs venaient de Marseille et des Bouches-du-Rhône, plus de 50% étaient originaires du reste de la France et 15% de l'étranger.
Vers une "mini capitale culturelle" en 2015 ?
Même sur le plan financier, le budget initial semble avoir été à peu près respecté. A ce jour, la manifestation affiche un déficit prévisionnel de 2,9 millions d'euros pour un budget de 91 millions, mais, selon les organisateurs, "la situation est en cours de règlement" grâce à diverses économies.
Sur le moyen terme, il est encore trop tôt pour mesurer l'impact économique de Marseille Provence 2013 (voir notre article ci-contre du 9 janvier 2013) et, plus encore, son impact sur l'image de la cité phocéenne, même si de nombreux Marseillais se réjouissent de constater que les médias ont enfin parlé d'autre chose que des règlements de compte ou de la grève des éboueurs. Comme à Lille en 2004, il semble toutefois dès à présent que Marseille Provence 2013 devrait laisser des traces et instaurer une dynamique nouvelle. Sans attendre la réunion prévue ce mois-ci, sous la présidence du préfet des Bouches-du-Rhône, une note interne du président de l'association MP 2013, intitulée "Bâtir l'après 2013 ou comment amplifier le succès de l’année capitale" et révélée par le magazine Télérama, propose déjà des pistes.
Adressée aux services de l'Etat, aux collectivités territoriales et aux parties prenantes de l'opération, elle cherche à identifier les forces et les faiblesses de la manifestation. Côté positif : le "redressement d'image", la fréquentation, le succès populaire, la réappropriation de la ville par ses habitants... Côté négatif : les couacs dans la préparation de l'opération qui ont nui à la crédibilité du projet, un démarrage tardif dû en partie à une communication insuffisante et pas assez tournée vers l'international, des faiblesses dans la programmation...
Pour l'avenir, la note envisage de donner une suite à la manifestation, sous la forme de l'organisation, en 2015, d’une mini capitale culturelle de quelques mois, précédée d'une grande manifestation populaire en 2014 pour maintenir l'intérêt. Une nouvelle structure, sous la forme d'un GIP, serait chargée de porter ce nouveau projet. Un projet qui s'inspire très fortement de l'exemple de Lille qui a réédité l’événement en 2006, 2009 et 2012, à travers le programme culturel "Lille 3000". Il est toutefois peu probable que des décisions soient prises avant les municipales de mars prochain.