Audiovisuel - Un léger mieux pour les télévisions locales, grâce aux collectivités territoriales
L'Union des télévisions locales de service public (TLSP) publie les résultats d'une étude sur la situation économique des chaînes locales, réalisée conjointement avec le cabinet Didier Bailleux Consultant. Cette étude fait suite à une démarche équivalente conduite en mars 2009 (voir notre article ci-contre du 18 mars 2009). Menée auprès de 30 télévisions locales hertziennes, l'étude confirme la fragilité de ces dernières, déjà mise en avant lors des auditions organisées en février par la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale (voir notre article ci-contre du 10 février 2010).
L'édition 2010 de l'étude de TLSP révèle toutefois une amélioration de la situation des chaînes locales. La majorité d'entre elles affiche en effet des recettes en hausse et, à l'inverse, des charges d'exploitation contenues, voire à la baisse. Les 30 chaînes hertziennes concernées ont collecté en 2009 un total de recettes publicitaires de 20 millions d'euros, contre 18 millions l'année précédente (dont 90 à 95% de publicités locales). Mais l'amélioration de leur situation économique s'explique avant tout par l'augmentation des financements des collectivités. Ceux-ci ont en effet progressé de 36% en un an, passant d'une moyenne de 442.000 euros par chaîne en 2008 à 600.000 euros en 2009. Le modèle d'économie mixte associant revenus publicitaires et financements publics tend ainsi à se généraliser et la moyenne des financements publics se rapproche désormais de 50% des revenus des chaînes. Sans qu'il y ait pourtant de lien juridique entre ces deux données, TLSP relève que "ce pourcentage correspond à la part de contenus locaux devant être diffusés par les chaînes (quota CSA)". L'étude observe également que "dans plusieurs régions, ces financements publics ont permis de développer des productions extérieures, faisant ainsi des chaînes locales des acteurs du soutien aux filières de production en région".
Au total, les 35 chaînes locales hertziennes en activité au 31 décembre 2009 (hors Ile-de-France) affichaient un budget d'exploitation cumulé de 76 millions d'euros. Malgré cette amélioration des recettes, leur situation financière demeure fragile. La moyenne des résultats reste en effet négative, à -352.000 euros (contre -685.000 euros en 2008), et seules huit chaînes sur les trente de l'échantillon affichent un résultat positif (contre six l'année précédente). L'étude relève par ailleurs que "l'amélioration de la situation économique et financière est surtout remarquable pour les chaînes les plus anciennes [TLT Toulouse, TLM, TV8 Mont-Blanc..., NDLR], qui ont réduit de manière importante leurs charges d'exploitation et qui ont fait progresser, dans le même temps, l'ensemble de leurs revenus". En dépit de cette amélioration d'ensemble, TLSP estime néanmoins "que la réduction des charges arrive aujourd'hui à un niveau en deçà duquel il est dangereux de descendre" - sauf à remettre en cause la qualité des programmes - et que "la diffusion en TNT représente une charge trop importante pour les chaînes locales". Face à cette situation, TLSP préconise de poursuive le développement des synergies entre les chaînes d'une même région engagé l'an dernier (voir par exemple notre article ci-contre du 22 octobre 2009). L'association préconise également quatre autres mesures pour poursuivre dans la voie de l'amélioration de la situation des chaînes : clarifier les coûts réels de la TNT pour les télévisions locales, autoriser le secteur de la distribution à faire de la publicité promotionnelle sur les chaînes locales, créer un fonds de développement de la télévision locale (comme il en existe pour les radios locales ou la presse écrite) et mettre effectivement en oeuvre les obligations de "must carry" (obligation de reprise et de diffusion des chaînes locales prévue à l'article 34-2 de la loi Léotard du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication).
Jean-Noël Escudié / PCA