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Un commissaire interministériel à la réindustrialisation bientôt nommé

Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, a annoncé le 4 octobre lors des questions au gouvernement qu'un commissaire interministériel à la réindustrialisation du pays serait nommé afin de prévenir les risques de fermetures d'usines et accompagner les industries.

Bruno Le Maire a annoncé le 4 octobre qu'un commissaire interministériel à la réindustrialisation allait bientôt être nommé. Le ministre de l'Economie et des Finances répondait à l'Assemblée à une question de Daniel Labaronne, député LREM de l'Indre-et-Loire, qui souhaitait savoir comment le gouvernement allait transposer à l'échelle nationale les méthodes utilisées localement pour préserver l'activité du site de Whirlpool d'Amiens dans la Somme.
Le site d'Amiens avait été sous les feux de la rampe durant l'entre-deux tours des présidentielles à la suite de l'annonce de la délocalisation de l'usine en Pologne. Il a finalement trouvé un repreneur, l'industriel Nicolas Decayeux, leader européen de fabrication de boîtes aux lettres, qui va investir avec son holding privé "WN". Le projet est de transformer le site en usine de fabrication de casiers intelligents, à destination des marchés de la santé, de l'alimentaire, de la restauration et de l'agriculture. L'accord signé le 12 septembre, mais annoncé dès juillet, devrait permettre de préserver 277 postes sur 290.
"L'Etat joue son rôle, accompagne, soutient, aide à l'investissement. C'est ce qui a été le cas pour Whirlpool, a précisé Bruno Le Maire, lors de la séance de questions à l'Assemblée nationale, ce sera le cas sur tous les sites industriels qui sont menacés." Le rôle du futur commissaire interministériel sera de prévenir les risques de fermetures d'usines et d'accompagner les industries, a indiqué le ministre.

10 commissaires à la réindustrialisation, 22 commissaires au redressement productif

Jusqu'à présent, de tels postes ont été créés mais au niveau local ou régional. En 2009, au plus fort de la crise, Nicolas Sarkozy avait ainsi nommé dix commissaires à la réindustrialisation, placés sous l'autorité des préfets, dans les principales régions touchées par les fermetures d'usines et les délocalisations. Leur rôle était de concentrer et déployer les moyens de l'Etat dans ces régions (Bretagne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Haute-Normandie, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes).
En 2012, c'est Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, qui nomme 22 commissaires au redressement productif, également placés sous l'autorité des préfets de région et en relation étroite avec les présidents des conseils régionaux, un dans chaque région métropolitaine, pour s'occuper des entreprises de moins de 400 salariés, en complément du travail du Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri), chargé des entreprises de plus de 400 salariés.
Plus récemment, Philippe Vasseur, ancien président de la chambre de commerce et d'industrie de région Hauts-de-France, a été nommé en mai 2016 par Emmanuel Macron haut-commissaire à la réindustrialisation des Hauts-de-France.
Globalement, il est difficile de connaître véritablement les résultats de ces interlocuteurs locaux des entreprises. Deux ans après la mise en place des commissaires à la réindustrialisation, l'Insee faisait état de la poursuite de la désindustrialisation française, voire même de son accélération avec une diminution de 9% des emplois industriels directs (de 3,6 à 3,28 millions entre janvier 2009 et décembre 2010). D'après un bilan publié en février 2010, ils seraient intervenus auprès de 400 entreprises, représentant 60.000 emplois qui connaissaient des situations susceptibles de remettre en cause leur pérennité.
Pour les commissaires au redressement productif, la Direction générale des entreprises (DGE) a fait état d'un bilan sur l'année 2014 : ils sont intervenus cette année-là sur 3.198 cas d'entreprises en difficulté représentant 247.588 emplois.

Un contexte moins morose pour l'industrie

On peut constater que ces interlocuteurs (commissaires à la réindustrialisation ou au redressement productif) ont souvent eu du mal à mener leur mission au niveau local, ne disposant pas de véritables moyens et côtoyant un nombre important d'institutions et d'organismes compétents en matière de soutien à l'industrie.
La nomination au niveau national permettra peut-être de rendre cette mission plus efficace. Quoi qu'il en soit, le futur commissaire interviendra dans un contexte moins morose. Si de gros dossiers font la Une des journaux, comme Whirlpool ou STX, la France affiche un solde positif de 26 usines créées sur les huit premiers mois de l'année 2017. Selon Trendéo (voir notre article du 3 octobre 2017 ci-dessous) : 87 annonces de créations recensées contre 61 fermetures.