Territoires d'industrie : les intercommunalités demandent de copiloter le dispositif enfin prolongé

Les intercommunalités, réunies ce 24 mai lors de la journée nationale des présidents d'agglomérations et métropoles, comptent bien avoir leur mot à dire sur le programme Territoires d'industrie qui vient d'être prolongé. Elles demandent de copiloter le dispositif et réclament une assemblée générale sur la phase II avant le 1er juillet 2023.

A peine le programme Territoires d'industrie est-il prolongé que les intercommunalités avancent leurs exigences. Lors de la journée nationale des présidents d'agglomérations et métropoles d'Intercommunalités de France ce 24 mai à Paris, Sébastien Martin, le président d'Intercommunalités de France, a ainsi demandé à ce que son association copilote désormais le programme. Il souhaite aussi que la Première ministre réunisse une assemblée générale des Territoires d'industrie avant le 1er juillet. Il s'agira de "présenter les grandes orientations de la phase II des Territoires d'industrie", a signalé Sébastien Martin lors de l'ouverture de la journée. Après avoir attendu de longs mois que la prolongation soit actée, les élus locaux souhaitent en effet que le gouvernement passe de la parole aux actes. "Nous n'avons pas attendu pour nous mobiliser, a déclaré Sébastien Martin lors de la 13e journée des présidents d'agglomérations et de métropoles. En 2018, soit il y a cinq ans, nous avons proposé un pacte productif pour ne pas laisser le pays se désindustrialiser". C'est ce pacte productif qui avait été à l'origine de la création du programme Territoires d'industrie.

"Le logiciel a du mal à changer"

L'annonce du renouvellement du programme par Emmanuel Macron le 11 mai a été confirmé dans le cadre du projet de loi Industrie verte avec un budget annuel de 100 millions d'euros. L'Agence nationale de la cohésion des territoires a annoncé une "mise à jour" dès le mois de juin (voir notre article du 22 mai 2023). Objectif : faire évoluer les plans d'actions, la gouvernance et le périmètre de chaque territoire d'industrie.

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Des solutions pour la reconquête industrielle.

"Si on veut réindustrialiser le pays, il y a deux jambes à avoir, d'un côté France 2030, pour la partie technologique, et de l'autre, un volet sous-estimé, celui des territoires. Le premier offre un potentiel de 430.000 emplois, le deuxième 450.000", a exposé Olivier Lluansi, ancien délégué aux Territoires d'industrie, sur la base d'une note récente réalisée pour le compte de La Fabrique de l'industrie. L'expert regrette que le "logiciel" vis-à-vis de ce potentiel au sein des territoires ne soit pas encore enclenché. "On vient de sauver le dispositif qui a végété pendant des mois, détaille-t-il à Localtis, on a des résultats probants, la preuve de l'efficacité a été faite, mais le logiciel a du mal à changer". Pour preuve les montants consacrés à chacune de ces deux "jambes" : 34 milliards d'euros pour France 2030 sur cinq ans, auxquels viennent s'ajouter 20 milliards dans le cadre du quatrième programme des investissements d'avenir (PIA), 100 millions par an pour les Territoires d'industrie.

Le cadre de vie, facteur d'attractivité des territoires

Ce manque de considération pour les projets territoriaux n'empêche pas les acteurs locaux d'avancer et de lister, lors de cette journée du 24 mai, les points-clés permettant aux territoires de se réindustrialiser. La disponibilité et le prix du foncier bien sûr, enjeux de premier plan pour les entreprises et les collectivités, qui doivent s'accommoder des nouvelles exigences du zéro artificialisation nette (ZAN), la main d'œuvre, les infrastructures, l'énergie disponible… sans oublier un facteur qui intervient de plus en plus souvent dans le choix d'implantation des entreprises : le cadre de vie des salariés (voir notre article du 23 mai 2023). Les intercommunalités rivalisent de dispositifs pour prendre en charge les conjoints des salariés qui viennent s'installer, dans leur recherche de travail, leur bilan de compétences ou la rédaction de leur CV, à l'image du Grand Cognac, qui finance l'ensemble. "Nous avons mis en place une conciergerie pour trouver des solutions pour les conjoints des salariés qui arrivent sur notre territoire, a aussi expliqué Olivier Gacquerre, président de l'agglomération de Béthune-Bruay Artois Lys Romane, cela recrée de la compétition entre les territoires non plus seulement sur les aspects fiscaux mais sur le cadre de vie". En Ile-de-France, la région a aussi choisi de majorer ses subventions pour certaines zones, appelées "zones de reconquête économique" et correspondant à des territoires ruraux ou ayant été particulièrement impactés par la crise sanitaire, comme l'a expliqué Alexandra Dublanche, vice-présidente chargée de la relance, de l'attractivité, du développement économique et de l'innovation à la région Ile-de-France.

 

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