Hébergement / Logement - Sylvia Pinel relance Solibail pour réduire le recours aux nuitées hôtelières
Alors que la sortie annoncée du modèle urgentiste et saisonnier de l'hébergement tarde à se concrétiser, comme le montre le récent bilan dressé par la Fnars (voir notre article ci-contre du 3 février 2016), Sylvia Pinel lance une nouvelle vague - la troisième - en faveur du dispositif d'intermédiation locative Solibail. Cette relance s'inscrit dans le cadre du plan triennal lancé il y a un an et visant à réduire le recours aux nuitées hôtelières (voir notre article ci-contre du 3 février 2016).
9.000 places d'intermédiation locative à créer entre 2015 et 2017
Le plan prévoit notamment la création, entre 2015 et 2017, de 13.000 places en dispositifs alternatifs à l'hébergement en hôtel, dont 9.000 en intermédiation locative. Dans son communiqué, la ministre du Logement rappelle que plus de 4.000 places alternatives ont été créées en 2015, ce qui en laisse encore 9.000 à mettre en place sur 2016 et 2017 (le texte ne précise pas le nombre de places d'intermédiations locatives déjà créées).
Outre l'avantage évident pour les bénéficiaires - tous les acteurs sociaux dénoncent les conditions de vie en hôtel, surtout pour les familles -, l'intermédiation locative offre également l'intérêt d'un coût moindre pour la collectivité. Selon les chiffres du ministère du Logement, le coût est de 6,65 euros par jour et par personne en moyenne en intermédiation locative, contre 17,08 euros par jour et par personne pour une nuit à l'hôtel.
Les limites de Solibail
Le dispositif Solibail rencontre toutefois certaines limites qui pourraient freiner le développement espéré. D'une part, il ne couvre pas tout le territoire, même si les questions d'hébergement en hôtel se concentrent dans certaines régions, à commencer par l'Ile-de-France. D'autre part, Solibail n'est pas une "marque" nationale. Le dispositif existe en effet sous d'autres noms dans certaines villes. Il s'intitule ainsi "Louez solidaire" à Paris ou "Loca ++" à Grenoble, et présente un fonctionnement similaire, mais pas forcément identique. Une telle dispersion ne facilite évidemment pas la lisibilité du dispositif, ni la communication sur son déploiement. Enfin - et malgré les avantages indéniables de Solibail pour les propriétaires - la mobilisation de ces derniers reste difficile face à leurs craintes vis-à-vis des publics accueillis.
Pour mémoire, Sylvia Pinel vient d'ailleurs de confier une mission à Christophe Robert, le délégué général de la fondation Abbé-Pierre, en vue de "proposer d'ici l'été des solutions efficaces pour dynamiser les dispositifs existants et développer la mobilisation de logements dans le parc privé afin de loger des familles à revenus modestes" (voir notre article ci-contre du 3 février 2016).