Stéphane Bern lance le Loto du patrimoine et s'attaque à Elan
Les élus "veulent la peau des architectes des bâtiments de France" avec la future loi Elan (portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique), a accusé lundi 3 septembre sur RTL Stéphane Bern, le jour du lancement du Loto du patrimoine. "Je ne peux pas laisser faire ça", s'est emporté l’animateur télé missionné par Emmanuel Macron sur la sauvegarde du patrimoine. Ses menaces de quitter sa mission à la fin de l'année s'il estimait n'être qu'un "cache-misère" ou un "pantin" sont de l’histoire ancienne. "On s'est parlé ce week-end (NDLR : avec Emmanuel Macron), il m'a donné tout son soutien, il m'a dit qu'il mettrait tout en œuvre pour que je réussisse et que la mission patrimoine soit un succès", a assuré l'animateur télé.
"Au Parlement, les élus ont eu gain de cause contre les architectes des bâtiments de France"
Depuis, son courroux se porte sur les parlementaires et les élus locaux. "Au Parlement, les élus ont eu gain de cause contre les architectes des bâtiments de France et ils ont voté d'une seule voix pour la loi Elan", a-t-il vociféré à la radio. "Ça fait 120 ans qu'ils veulent la peau des architectes des bâtiments de France, donc ils vont l'avoir", a encore regretté l'animateur.
"Il ne s'agit pas de supprimer l'avis des architectes des bâtiments de France, il s'agit dans deux cas - antennes de téléphonie mobile et puis habitat indigne - de venir à un avis simple" et donc non contraignant, avait pourtant tenté d’expliquer deux jours auparavant Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires.
Députés et sénateurs ne sont pas sur la même longueur d'ondes
Pour rappel, le gouvernement avait proposé, à l'article 15 du projet de loi Elan, de rendre, dans les secteurs protégés au titre du patrimoine, l'avis de l'ABF simplement consultatif dans le cadre de la délivrance des autorisations d'urbanisme portant sur le traitement de l'habitat indigne en secteur patrimonial protégé et sur les installations d'antennes de téléphonie mobile. L'Assemblée était allée plus loin en proposant que les collectivités soient à l'initiative, au même titre que l'ABF, du tracé portant délimitation des abords de monuments historiques. Dans ce cas, la collectivité aurait été tenue de recueillir uniquement l'avis de l'ABF et non pas son accord. Les sénateurs s’étaient ensuite posés en défenseurs de l'avis obligatoire de l'ABF, au nom de la préservation du patrimoine contre de possibles tentations locales (voir notre article Projet de loi Elan - Patrimoine / Urbanisme : le Sénat rétablit la plénitude du rôle de l'ABF du 5 juillet 2018).
Un point chaud de la CMP du 12 septembre
Mais rien n’est encore écrit. Le rôle de l’ABF fait partie des points chauds qui seront discutés lors de la CMP (commission mixte paritaire) programmée le 12 septembre prochain. La médiatisation du sujet par Stéphane Bern risque de faire sérieusement pencher la balance d’un côté qui ne plaisait pas initialement au gouvernement.
Quant au démarrage du Loto du patrimoine, il devrait se faire de manière apaisée. Les grilles à 3 euros pour la grande loterie du 14 septembre, veille des Journées du patrimoine, et celles à 15 euros à gratter sont bien en vente chez les buralistes depuis ce lundi 3 septembre. Pour rappel, la Française des jeux espère dégager 15 à 20 millions d'euros destinés à financer la rénovation de monuments en péril (voir notre article ci-dessous du 1er juin 2018).