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Services à domicile : et maintenant la canicule ?

Alors que les règles s'assouplissent progressivement à l'approche de la fin de l'état d'urgence sanitaire, la direction générale de la cohésion sociale (DGSC) publie une nouvelle fiche Covid-19, consacrée aux "interventions à domicile en période de déconfinement et à l'approche de la saison estivale"... et donc de fortes chaleurs. Dans le même temps, l'Uniopss s'inquiète des conséquences d'une possible canicule sur un dispositif et des personnels à bout de souffle après la pandémie.

La fiche diffusée par la DGCS rappelle qu'"à l'approche de la saison estivale, les enjeux récurrents des fortes chaleurs pour les interventions à domicile doivent, cette année, se conjuguer avec les enjeux de la phase épidémique Covid-19". Son contenu s'appuie d'ailleurs sur l'avis du Haut Conseil de la santé publique du 6 mai 2020, relatif à la gestion de l'épidémie de Covid-19 en cas d'exposition de la population à des vagues de chaleur.

La fiche commence par rappeler qu'en cette période de déconfinement progressif, les services d'aide à domicile (Saad) "au regard de la disponibilité de leurs personnels, sont amenés à reprendre leurs interventions pour un retour progressif à la normale". Lorsque cette remise en place ne peut pas être totalement assurée, "des appels téléphoniques réguliers doivent être obligatoirement organisés pour s'enquérir de l'état de santé des personnes et de leurs proches aidants et en particulier de leur éventuelle contamination au Covid-19, afin de maintenir un lien et de s'assurer que les interventions ne doivent pas être remises en place suite à une dégradation de la situation". Il s'agit en effet, si nécessaire, de hiérarchiser les interventions dans cette période critique. Le ministère devrait d'ailleurs diffuser prochainement des outils d'aide à l'évaluation pour faciliter ce travail de priorisation.

De même, la fiche précise que le retour à la normale des interventions auprès de publics non fragiles "doit être décidé en particulier en fonction des besoins en matière de sorties d'hospitalisation", tandis que "les interventions en soutien aux établissements et services médicosociaux en difficulté doivent continuer", en respectant strictement les gestes barrières.

La fiche de la DGCS présente également les modalités d'intervention à domicile à respecter lorsque celle-ci se fait auprès d'une personne atteinte du Covid-19 (et ne présentant pas de critères de gravité). Elle précise notamment que "la décision de prise en charge médicale au domicile du patient malade Covid-19 est laissée à l'appréciation du médecin, en lien avec la personne ou son proche aidant, pour déterminer le suivi médical le plus adapté en fonction des signes présentés par la personne et des éléments de contexte". Les services qui interviennent au domicile doivent alors être informés par le médecin traitant des modalités de suivi retenues avec le patient. Le médecin doit également formuler des conseils sur la conduite à tenir, en vue d'"adapter au mieux les consignes d'intervention particulières et détecter les signes d'alerte en fonction de la situation de la personne, afin de pouvoir disposer des informations leur permettant d'assurer au mieux leurs interventions".

Pas d'incompatibilité entre les dispositifs Covid-19 et Canicule, mais…

Une troisième partie de la fiche traite des précautions à suivre en phase épidémique Covid-19 concomitante à une vague de chaleur. Ce cas de figure sera détaillé dans l'instruction annuelle consacrée au plan Canicule. En attendant, la fiche précise qu'"il n'y a pas d'incompatibilité entre les mesures barrières et les recommandations sanitaires du plan Canicule, sous réserve toutefois de deux points particuliers. D'une part, l'accès à des lieux frais ou rafraîchis en période de levée progressive de confinement sera plus difficile. D'autre part, il conviendra d'assurer une ventilation des pièces qui garantisse à la fois une protection vis-à-vis de la chaleur et du virus. Le document fournit les conseils pratiques sur ce point.

Enfin, la fiche précise que "les services, dans l'accompagnement des personnes à risque vis-à-vis du Covid, pourront utilement s'appuyer sur la consultation médicale spécifique pour accompagner au mieux les personnes, ainsi que sur la FAQ et les supports de communication qui leurs sont dédiés". Cette consultation médicale spécifique, prise en charge intégralement par l'assurance maladie, a été annoncée par le gouvernement le 29 mai et mise en place par un décret du même jour. Son objectif, qui vise notamment les personnes âgées, est d'"assurer le rétablissement de la continuité de soins des personnes à risque vis-à-vis du Covid-19 ou souffrant d'une affection de longue durée et [de] les aider à vivre au mieux la phase de déconfinement".

Gare à l'épuisement en cas de canicule !

Pour sa part, l'Uniopss (qui représente 25.000 établissements et services, 750.000 salariés et plus d'un million de bénévoles) diffuse un communiqué en date du 5 juin, intitulé "Face aux défis de l'été, attention à l'épuisement des professionnels, des bénévoles et des aidants !". L'objectif, qui concerne les services comme les établissements, est d'alerter les pouvoirs publics sur "la fatigue et le besoin de repos des professionnels et des bénévoles des secteurs sanitaire, social et médicosocial, mais aussi des aidants familiaux, à l'approche des mois chauds et de leur départ en congés".

La difficulté ne date pas de cette année, mais les conséquences de l'épidémie risquent de l'aggraver sérieusement. L'Uniopss évoque ainsi une enquête flash, lancée l'année dernière, qui met en évidence une aggravation des difficultés de recrutement depuis deux ans, ainsi que l'impact du manque de personnel sur la qualité de l'accompagnement des personnes (voir aussi nos articles des 10 janvier et 27 février 2020). L'association estime que "sans anticipation de ces difficultés à venir, les constats ont toutes les chances de se répéter, voire de s'aggraver du fait de l'épuisement des équipes. D'autant plus que les recommandations relatives à la mise en place des mesures de refroidissement corporels et le retour aux gestes anciens (utilisation de gants d'eau fraîche, de draps humides, de poches de glace) afin d'éviter les flux d'air du fait du Covid-19, impliquent une présence humaine particulièrement exigeante".

L'Uniopss demande donc "que toutes les mesures et dispositifs destinés à apporter un renfort RH continuent d'être mobilisés et largement déployés, afin de soulager l'ensemble des professionnels des établissements et services, déjà éprouvés par la gestion de l'épidémie Covid-19". La demande vise notamment les incitations financières, les réquisitions, la mobilisation des étudiants en santé, les astreintes gériatriques, les équipes mobiles, ainsi que les réserves sociales, médicosociales, sanitaires et civiques.

 

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