Médicosocial : les candidats au concours d'entrée d'aide-soignant ont reculé de 42% depuis 2014
Une étude de la Drees confirme les difficultés croissantes du recrutement des aides-soignants, un métier essentiel pour les Ehpad. Depuis deux ans, le nombre d'étudiants en formation est en diminution et celui des inscrits au concours a reculé de 42% par an entre 2014 et 2018. L'étude montre aussi que ces étudiants sont plus âgés que la moyenne de ceux des autres formations de santé de base.
La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux vient de publier une étude sur l'entrée en formation des aides-soignants, profession indispensable au fonctionnement des hôpitaux et, plus encore, des Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Ses résultats confirment les difficultés croissantes de recrutement que ne cessent de mettre en avant les responsables de ces structures et que soulignait également le récent rapport de Myriam El Khomri sur les métiers du grand âge (voir nos articles ci-dessous du 19 juin 2018 et du 29 octobre 2019).
Les étudiants en formation en baisse depuis deux ans
En 2018, 26.200 élèves étaient inscrits dans l'un des 484 établissements habilités à dispenser une formation d'aide-soignant, qui se déroule sur une année. Ils représentent 35% des effectifs de première année d'une formation menant à un diplôme dans le champ de la santé (hors formations complémentaires) et 73% de ceux préparant un diplôme de santé de niveau V (CAP ou BEP). La formation d'aide-soignant est ainsi la deuxième formation aux métiers de la santé la plus suivie, après celle d'infirmier.
Pour l'instant, la difficulté ne réside pas dans le nombre de diplômés, qui reste quasi stable avec 22.800 diplômés en 2018. Ce nombre s'est aujourd'hui stabilisé, après avoir progressé de 12% entre 2010 et 2018 et, surtout, de 58% entre 2000 et 2005 (période qui a vu une forte augmentation des capacités d'accueil des étudiants de cette filière).
L'inquiétude vient plutôt du nombre d'inscrits en formation, qui recule pour la deuxième année consécutive. Au total, ce nombre a diminué de 6% entre 2016 et 2018. Mais le plus inquiétant tient au fait que les jeunes ont tendance à se détourner de la formation d'aide-soignant. Entre 2014 et 2018, le nombre annuel de candidats passant les épreuves de sélection à l'entrée en formation a ainsi reculé de 42%, avec 64.500 candidats en 2018 contre 111.100 quatre ans plus tôt.
Des étudiants plus âgés que la moyenne
Au-delà de ces chiffres, qui laissent présager une poursuite des difficultés de recrutement dans les prochaines années, l'étude de la Drees apporte d'autres informations. Ainsi, l'âge moyen des inscrits en formation d'aide-soignant est de 28 ans et 7 mois, contre 25 ans et 5 mois pour l'ensemble des inscrits en première année d'une des formations de santé de base. Cet écart s'explique par le fait que les étudiants de cette filière sont nettement plus nombreux à suivre cette formation dans le cadre d'une reconversion professionnelle ou d'un retour à l'emploi (75% contre 35%). De même, si les études de santé sont globalement très féminisées, les promotions d'étudiants aides-soignants le sont plus encore que les autres formations de santé de base, avec 90% de femmes contre 84% pour l’ensemble des formations de santé.
En termes de niveau d'entrée – et bien qu'il n'existe pas de condition de diplôme -, 57% des étudiants indiquent avoir obtenu, avant l'entrée en formation, le baccalauréat ou un équivalent, comme diplôme le plus élevé, tandis que 9% sont diplômés de l'enseignement supérieur. Enfin, la majorité des étudiants en formation d'aide-soignant ont des parents ouvriers (30% de pères ouvriers) ou employés (38%), alors que les enfants de cadres et de professions intellectuelles supérieures sont au contraire sous-représentés (9%). Le constat est identique si on considère les mères des étudiants. Cette situation explique, pour une part, le fait que 84% des étudiants en formation d'aide-soignant bénéficient d'une aide financière : 49% bénéficient d'une aide en tant que demandeur d'emploi, 33% d'une bourse ou d'une autre aide d'un conseil régional ou d'un conseil départemental et 8% d'une aide obtenue dans le cadre d'une promotion professionnelle.