Myriam El Khomri chargée d'une mission pour lutter contre la pénurie dans les métiers du grand âge
Dans son rapport sur la dépendance remis le 28 mars et qui doit servir de base au futur projet de loi Grand Âge et autonomie (voir notre article ci-dessous du même jour), Dominique Libault, le président du Haut Conseil du financement de la protection sociale, consacre un chapitre et plusieurs propositions à la question des métiers du grand âge. Il demande notamment "un investissement fort et urgent dans l’attractivité? des métiers et les compétences". Un message entendu par le gouvernement, puisqu'Agnès Buzyn vient de confier à Myriam El Khomri, conseillère de Paris (PS) et ancienne ministre du Travail dans les gouvernements de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, une mission sur l'attractivité des métiers du grand âge.
Dans un communiqué du 3 juillet, la ministre des Solidarités et de la Santé rappelle que la revalorisation de ces métiers figurera "parmi les axes majeurs" de la réforme. Ces professions regroupent environ 830.000 personnes travaillant auprès des personnes âgées en perte d'autonomie et leur nombre devrait s'accroître d'environ 20% dans les prochaines années du seul fait de l'évolution démographique, "sans tenir compte des hausses des effectifs qui seront nécessaires pour améliorer la qualité? des prises en charge".
La mission de Myriam El Khomri sera donc clairement centrée sur les moyens de remédier à la pénurie de personnels dans ce secteur, dans les services à domicile comme dans les Ehpad (voir nos articles ci-dessous du 14 septembre et du 19 juin 2018). Myriam El Khomri devra notamment "identifier les leviers permettant d’attirer davantage de jeunes et de personnes éloignées de l’emploi vers les métiers du grand âge". Il est également prévu de mener "un travail de fond" sur la polyvalence des formations et des compétences, afin de renforcer l'attractivité de ces métiers, de faciliter la mobilité professionnelle et mieux répondre aux personnes en perte d'autonomie. Autre axe important : la recherche d'un décloisonnement entre les établissements et les services à domicile (ce qui posera inévitablement la question des statuts publics et privés). Les premières propositions devraient sont attendues "dès l'automne, mais aussi sur le temps long, Myriam El Khomri devant proposer un mode d’organisation pérenne pour que le sujet des métiers du grand âge soit mieux piloté, en concertation avec les parties prenantes concernées".
Pour mémoire, le rapport de Dominique Libault propose notamment des "hausses de rémunération ciblées", en particulier à domicile – que le communiqué du ministère n'évoque pas –, mais aussi d'"engager une montée en compétence de l'ensemble des professionnels du grand âge, tout en ouvrant des perspectives de carrière et en facilitant les reconversions professionnelles.