SantExpo - Santé, vieillissement : la FHF demande "des décisions fortes"
Sept chantiers sont prioritaires pour "bâtir la santé de demain", selon la Fédération hospitalière de France. Les chantiers de la responsabilité partagée, de la prévention et du grand âge intéresseront particulièrement les collectivités.
Le 21 mai 2024, au premier jour de son salon SantExpo et à l’occasion de ses cent ans, la Fédération hospitalière de France (FHF) a dévoilé son livre blanc intitulé "Agir maintenant, bâtir la santé de demain". Et a remis ce document le lendemain au ministre délégué en charge de la santé, Frédéric Valletoux... ancien président de la FHF. Considérant que "nous sommes déjà au pied du mur", Arnaud Robinet, actuel président de la FHF, a appelé dans son discours d’ouverture à agir rapidement, en prenant "des décisions fortes, audacieuses, parfois non consensuelles". "Soyons lucides sans sombrer dans le catastrophisme", a exhorté le maire de Reims. Pour ce dernier, "la France a été un modèle en matière de santé" et "elle a toutes les cartes en mains pour le rester".
Le livre blanc présente "sept chantiers prioritaires pour l’avenir du système de santé" : la sobriété, la responsabilité partagée, la prévention, l’engagement et le "ré-enchantement" de l’environnement de travail (avec des propositions sur l’attractivité des métiers du soin), la recherche et l’innovation, l’investissement dans le grand âge et la simplification.
La FHF recommande en particulier de "soutenir fortement la généralisation des modes d’exercice collectif et le renforcement de la coordination entre acteurs respectivement de ville et de l’hôpital à l’échelle d’un territoire". "Ces dernières années, une accélération s’est produite", salue Arnaud Robinet, citant les groupements hospitaliers de territoire, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et les équipes de soins primaires ou spécialisés. "Maintenant, le défi est de bâtir des projets territoriaux de santé communs à tous ces collectifs", et cela dans "chaque filière de santé", ajoute-t-il, citant l’exemple des projets territoriaux de santé mentale.
Autre exemple : l’expérimentation jugée prometteuse de la démarche de responsabilité populationnelle. Testée notamment depuis 2018 dans cinq territoires pilotes (Aube et Sézannais, Cornouailles, Deux-Sèvres, Douaisis, Haute-Saône), cette démarche vise à associer l’ensemble des acteurs de santé d’un territoire (premier recours, hôpitaux, élus et usagers) pour améliorer la prévention et la prise en charge des personnes atteintes ou à risque de diabète de type 2 ou d’insuffisance cardiaque. Le déploiement de telles approches doit pouvoir entraîner une évolution du modèle économique, signale la FHF. En effet, "la réduction du nombre d’hospitalisations et la bascule des prises en charge vers l’ambulatoire doivent permettre aux acteurs de réinvestir localement une partie des économies dégagées par l’Assurance maladie".
Concernant le vieillissement, "nous ne sommes pas prêts", juge le président de la FHF. "Il manque encore le cadre général et la situation budgétaire des Ehpad publics est, j’assume le terme, dramatique", pointe-t-il. L’urgence est selon lui de démarrer l’élaboration de la loi de programmation sur le grand âge, pour "organiser la création des dizaines de milliers de postes et de places d’hébergement ou d’accompagnement à domicile nécessaires dans les prochaines années" et pour planifier les investissements nécessaires. Mais aussi pour "engager un débat public pour identifier enfin de nouvelles sources de financement, qu’elles soient publiques, assurantielles ou patrimoniales, et sans doute un peu des trois".