Psychiatrie : la FHF appelle à renforcer le lien avec les acteurs du territoire
L’avenir de la psychiatrie passe par une organisation territoriale renouvelée et des partenariats solides avec les acteurs locaux, pour la Fédération hospitalière de France qui a publié le 2 avril un livret de propositions pour redresser ce secteur en crise.
En matière de psychiatrie, "la première source de difficultés est la répartition à l’échelle territoriale", selon la Fédération hospitalière de France (FHF), qui vient de dévoiler des propositions pour "répondre à l’urgence et bâtir l’avenir de la psychiatrie". Un chiffre pour illustrer cette inégale répartitition : "la densité en nombre de psychiatres varie de 1 à 4 pour 100.000 habitants selon les départements". Autre difficulté : la désorganisation des services (manque de ressources, délais d’attente pour les consultations, complexité du parcours…), qui entrave la continuité des soins pourtant fondamentale "pour prévenir les rechutes et réduire le recours à l’hospitalisation". Sur la base d’une enquête menée en juin 2023, la FHF estime que "plus d’un quart des postes sont vacants dans 40% des établissements" publics.
La FHF formule donc plusieurs propositions pour "garantir l’accès, la sécurité et la continuité des soins sur l’ensemble du territoire français en établissement". Il s’agit en premier lieu de "réaffirmer la place de l’ARS [agence régionale de santé] en tant que garante de l’égal accès aux soins dans les territoires". L’ARS aurait alors la responsabilité de "réunir l’ensemble des acteurs de terrain pour déterminer un plan d’action concret".
"Les atouts de la sectorisation demeurent et doivent être réaffirmés et consolidés", juge la FHF. Le secteur doit être le "socle de la prise en charge", cela "pour organiser la permanence des soins, faire le lien avec le secteur médico-social, gérer les soins non programmés, ou encore faire le lien avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et la médecine de premier recours". Il est néanmoins nécessaire de "trouver un équilibre entre sectorisation et filiarisation", ajoute la FHF, qui reconnaît que certaines filières "sont reconnues pour leur pertinence (exemple : psychiatrie de la personne âgée)" et sont un élément d’attractivité du secteur. La FHF appelle également à garantir l’accès aux centres médico-psychologiques (CMP), pour en faire les "pivots de la prise en charge ambulatoire" et pour renforcer la prévention et le dépistage des troubles. Le développement des partenariats et dispositifs d’"aller-vers", tels que les équipes mobiles spécialisées (en précarité, périnatalité, personnes âgées ou encore addictologie), est également préconisé pour intervenir le plus tôt possible et désengorger les CMP.
Handicap, logement, emploi : des liens à consolider
La psychiatrie "va bien au-delà du champ sanitaire" et "doit ainsi irriguer l’ensemble des politiques publiques menées notamment sur les territoires", écrit la FHF. Un chapitre entier de propositions est donc dédié au renforcement des liens entre psychiatrie et acteurs du territoire : médecine de ville et autres acteurs de la santé, mais aussi établissements médico-sociaux, maison départementale des personnes handicapées (MDPH), collectivités locales, professionnels et habitants via les conseils locaux de santé mentale (CLSM) – dont l’utilité est jugée "indéniable" -, bailleurs sociaux et acteurs du Logement d’abord, établissements et services d’aide par le travail (Esat) et France travail. La FHF estime essentiel de s’appuyer davantage sur les projets territoriaux de santé mentale (PTSM) comme outil de coordination, sur la base d’une évaluation de l’existant. Financés par les ARS et majoritairement portés à l’échelle départementale, ces PTSM doivent être "être intégrés aux projets régionaux, en tant que déclinaison des objectifs nationaux en matière de santé mentale", cela pour "assurer une cohérence et une harmonisation des actions entreprises à différents niveaux géographiques". La FHF recommande aux élus et aux MDPH de s’impliquer dans ces projets.
Ce livret de propositions aborde deux autres thèmes : l’évolution des modes de prise en charge et l’attractivité et la reconnaissance des métiers de la psychiatrie. Un second volet sera publié courant 2024, qui traitera notamment de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.