Sous-recours aux soins, sur-recours aux urgences : la FHF présente son premier baromètre sur l’hôpital public et l’accès aux soins

Quatre ans après le premier confinement lié au Covid-19, la FHF alerte sur "une baisse persistante de l’activité" à l’hôpital et sur l’accentuation du non-recours et des retards de prise en charge. La Fédération demande des moyens pour l’hôpital public, mais aussi un renforcement de l’offre de premier recours et une optimisation du lien ville-hôpital. 

Quatre ans après le début du premier confinement lié à la pandémie de Covid-19, la Fédération hospitalière de France (FHF) a dévoilé ce 18 mars son premier baromètre annuel, mené avec France Info, sur l’activité à l’hôpital et l’accès aux soins. En analysant des données nationales sur l’activité hospitalière entre 2019 et 2023, la FHF observe "une baisse persistante de l’activité dans plusieurs spécialités" ("prises en charge digestives, système nerveux, rhumatologie, cardiologie") et sur les chirurgies lourdes et de recours, notamment les greffes. Concernant majoritairement les plus de 45 ans, ce recours aux soins insuffisant peut entraîner des risques d’absence de détection ou d’aggravation des pathologies et, plus globalement, "une forme de dette de santé publique", s’alarme Arnaud Robinet, président de la FHF. 

Davantage de non-recours et de retards de prise en charge

Si ces baisses d’activité peuvent parfois être le résultat de "nouvelles techniques ou organisations" ou d’"un renforcement de la prévention", elles sont surtout la conséquence des "tensions en termes d’effectifs ou de solutions d’aval à l’hospitalisation", pointe la FHF. Sur la base d’une enquête conduite en mars 2024 auprès de 365 établissements publics de santé, la FHF estime que "l’équivalent de 7% des capacités d’hospitalisation en MCO [médecine chirurgie obstétrique] étaient fermées" en 2023. "Dans six cas sur dix, les tensions sur les effectifs étaient en cause (contre cinq sur dix en 2022)", ajoute la Fédération. "Seuls 22% des établissements n’ont fermé aucun lit en 2023 en MCO", ajoute la FHF, qui anticipe toutefois une amélioration "puisque les établissements prévoient majoritairement des réouvertures de lits en 2024".

Par ailleurs, "il faut prendre au sérieux la possibilité d’un renoncement aux soins ou de retards de prise en charge", met en avant la FHF, se fondant sur un sondage Ipsos sur l’accès aux soins. Selon ce dernier, "ce sont plus de six Français sur dix qui ont déjà renoncé à au moins un acte de soin au cours des cinq dernières années". Le retard de soins à l’hôpital, du fait de la difficulté à obtenir un rendez-vous, concernerait un Français sur deux. "Quatre malades chroniques sur dix partagent le constat que leur prise en charge médicale s’est détériorée depuis le Covid", indique en outre la FHF. 

Le temps d’accès aux services de soins augmente  

Selon le sondage, le temps d’obtention d’un rendez-vous aurait "pratiquement doublé en cinq ans sur la plupart des spécialités". Autre constat : une hausse du temps moyen d’accès aux services de soins, par exemple 19 minutes pour un médecin généraliste (contre 13 minutes en 2019), 32 minutes pour une maternité (contre 26 minutes en 2019) et 36 minutes pour un hôpital avec toutes les spécialités (contre 30 minutes en 2019). "A l’exception du médecin généraliste et du pharmacien, les ruraux sont toujours pénalisés dans leur accès aux soins, avec des distances aux différents professionnels nettement plus prononcées que chez les urbains", pointe également la FHF. En territoire rural, il faut par exemple 40 minutes pour accéder aux services d’urgence (contre 27 minutes en ville) et 47 minutes pour rejoindre une maternité (contre 31 minutes en ville). 

Le "sur-recours" aux urgences se serait de son côté "accentué significativement" en cinq ans, puisque 54% des personnes interrogées en 2024 déclarent s’y être rendues pour des raisons ne relevant pas d’une urgence médicale, contre 42% en 2019. Ces "mauvaises habitudes" traduisent "la nécessité d’optimiser le lien entre ville et hôpital" et de renforcer l’offre de premier recours. 

Appelant au lancement d’un "débat démocratique et scientifique approfondi" sur l’accès aux soins, la FHF demande aux pouvoirs publics de donner à l’hôpital public "les moyens pour assurer son rôle irremplaçable sur les filières essentielles, main dans la main avec les autres acteurs du système de santé".