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Modes de garde - Remettre à plat la formation des professionnels de la petite enfance ?

La commission des affaires sociales du Sénat compte engager une réflexion sur les professionnels de la petite enfance, qu'elle juge inégalement formés. Mais toute réforme devra tenir compte du contexte de pénurie de personnels.

Muguette Dini, présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, a annoncé son intention d'"engager une réflexion sur la formation des professionnels de la petite enfance" et compte saisir très rapidement le bureau de cette même commission pour entamer ce travail. Selon le communiqué du Sénat, celui-ci sera mené "en concertation avec l'ensemble des personnels de la petite enfance et leurs représentants". La présidente de la commission des affaires sociales a déjà identifié plusieurs "singularités" dans les modalités actuelles de la formation des professionnels de la petite enfance. Tout d'abord, cette dernière est disparate : les professionnels, venus d'horizons très divers, ne bénéficient d'aucun socle de formation commune. Ensuite, elle est "inégalement approfondie". Elle cite l'exemple des assistantes maternelles, qui bénéficient de 120 heures de formation, alors que les éducatrices de jeunes enfants suivent une formation de trois années. Enfin, la formation actuelle reste "concentrée sur la dimension sanitaire" et ne prend donc pas assez en compte les questions liées à l'éveil et au développement psychologique de l'enfant (à l'exception de la formation des éducatrices de jeunes enfants).
L'enjeu est important, puisque les métiers de la petite enfance représentent plus de 125.000 emplois au sein des collectivités territoriales, auxquels il faut ajouter ceux des modes de garde associatifs ou à but lucratif, ainsi que les crèches d'entreprise. Sans compter les assistantes maternelles, qui approchent les 400.000. Bien que le communiqué n'y fasse pas allusion, les réflexions de la commission des affaires sociales pourront difficilement échapper à la question des difficultés de recrutement. Les métiers de la petite enfance sont en effet confrontés à une pénurie de professionnels, particulièrement pour les plus qualifiés. Cette pénurie est d'autant plus pénalisante qu'il reste encore 103.000 places de modes de garde de la petite enfance à créer d'ici à 2012 pour atteindre l'objectif de 200.000 places supplémentaires sur la durée du quinquennat. Dans sa note de conjoncture sur les tendances de l'emploi territorial pour 2010, le CNFPT relevait que les plus fortes hausses d'intentions d'embauche affichées par les collectivités concernaient précisément le secteur de la petite enfance (+4 points). De même, ce dernier figure en tête des secteurs confrontés à des difficultés de recrutement. C'est le cas, en particulier, pour les agents d'accompagnement de l'enfance (qui interviennent plutôt en maternelles), les éducateurs de jeunes enfants et les assistants d'accueil de la petite enfance. Cette pénurie - jointe aux questions de coût - est d'ailleurs l'une des raisons qui a conduit le gouvernement à assouplir l'encadrement des modes de garde, à travers le décret controversé du 7 juin 2010 relatif aux établissements et services d'accueil des enfants de moins de six ans (voir notre article ci-contre du 8 juin 2010).
Dans ces conditions, les réflexions de la commission des affaires sociales risquent de se trouver rapidement confrontées au principe de réalité. Si des améliorations dans les contenus sont envisageables, il paraît en revanche difficile de proposer, dans l'immédiat, un allongement significatif des durées de formation, qui aggraverait encore les difficultés de recrutement.