Aide à domicile - Redressement judiciaire de l'ADMR 76 : un nouvel exemple des difficultés du secteur
Ce n'est pas la première, ni - sans doute - la dernière situation extrême de ce type dans le secteur de l'aide à domicile, pourtant longtemps présenté comme un futur eldorado de l'emploi. Mais elle est très représentative des difficultés persistantes de ce secteur - dans son volet associatif -, malgré les plans d'aide réitérés et les projets de réforme qui peinent à aboutir.
1.500 emplois et 9.000 bénéficiaires en jeu
Confrontée à une grave crise de trésorerie, l'ADMR de Seine-Maritime s'était déclarée en cessation de paiement à la fin du mois d'août 2015. Le 17 septembre 2015, elle a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de grande instance de Rouen. Celui-ci a accordé une période d'observation de six mois et désigné un administrateur judiciaire et un mandataire, avec pour mission de restructurer l'association et de retrouver l'équilibre financier. L'enjeu est de taille, puisque l'ADMR 76 - premier opérateur de l'aide à domicile en Seine-Maritime - emploie environ 1.500 salariés et intervient auprès de 9.000 personnes âgées ou handicapées du département.
L'association est la représentante locale du réseau ADMR (Aide à domicile en milieu rural), qui regroupe plus de 3.200 associations, employant elles-mêmes environ 100.000 salariés, qui apportent un service à domicile à 723.000 personnes, pour plus de 100 millions d'heures d'activité par an.
La faute à la concurrence des opérateurs privés ?
Les raisons avancées par la direction de l'ADMR 76 pour expliquer la situation sont des plus classiques et mettent notamment en avant la concurrence des entreprises privées d'aide à domicile. Près d'une centaine de structures, publiques ou privées, proposeraient ainsi leurs services en Seine-Maritime. La situation est d'autant plus emblématique que l'ADMR 76 a déjà fait l'objet d'un plan de redressement en 2014, avec 200 suppressions d'emplois, et qu'une autre structure du département - l'Aafp, Association aide familiale populaire - traverse également de sérieuses difficultés.
Sollicité par les acteurs et les responsables politiques locaux, Pascal Martin - le président (UDI) du conseil départemental de Seine-Maritime - s'est dit prêt à faire des "offres de service" pour accompagner la direction de l'association sur des actions de maîtrise des coûts ou pour financer un éventuel audit. En revanche, il n'entend pas procéder à une augmentation des tarifs horaires, en particulier pour les interventions auprès des personnes bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), qui représentent un financement de l'ordre de 17 millions d'euros par an.
La président du conseil départemental rappelle notamment que les tarifs ont déjà été augmentés à deux reprises en 2014 et que le département vient de faire une avance de 900.000 euros pour aider au paiement des salaires de septembre.