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Communication - Quel avenir pour France 3 dans la réforme territoriale ?

Alors que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) se prépare à engager la procédure de sélection du président du Groupe France Télévisions, le gouvernement publie déjà la "feuille de route" du futur titulaire du poste. Intitulé "Les enjeux et missions de France Télévisions", ce document de neuf pages reste très prudent sur le dossier explosif de l'avenir de France 3. Il indique toutefois qu'"en dépit des efforts réalisés, France 3 reste confrontée à un enjeu éditorial, un enjeu d'organisation et un enjeu de gestion, et devra être redynamisée. En termes d'organisation, la structure du réseau devra être repensée dans le cadre de la future réforme territoriale, pour faire de cette réforme un levier de transformation et de simplification de l'organisation de France 3".

Deux défis : la baisse de l'audience et la réforme territoriale

Les éléments contenus dans ces quelques lignes viennent très directement du rapport - également rendu public le 4 mars - du groupe de travail sur l'avenir de France Télévisions, coordonné par Marc Schwarz, conseiller référendaire à la Cour des comptes (et ancien directeur financier de France Télévisions). Intitulé "France Télévisions 2020 : les chemins de l'ambition", ce document aborde naturellement la question de l'évolution de France 3.
Il constate en premier lieu que la chaîne - qui "constitue un élément clé de l'offre de France Télévisions", avec sa double identité nationale et régionale - "est confrontée à une baisse régulière de son audience et aux enjeux liés à la réforme territoriale". Son audience a chuté de six points en dix ans, pour le programme national comme pour les stations régionales. La chaîne a également des allures de "forteresse", avec 42% du coût de grille du groupe et environ la moitié de ses effectifs (3.550 personnes, dont 3.400 dans le réseau régional).
La réforme de 2010 - avec le regroupement de treize directions régionales en quatre "pôles de gouvernance" et la transformation des treize directions régionales en 24 antennes de proximité - semble n'avoir guère eu d'impact sur l'audience et s'est même traduite par des coûts supplémentaires jusqu'en 2013. L'offre numérique de France 3 est très à la traîne et les 24 sites des stations locales affichent des audiences sans commune mesure avec celle des sites des quotidiens régionaux.
Comme le rapport Brucy à l'été dernier (voir notre article ci-contre du 1er juillet 2014), le rapport Schwartz pointe d'autres faiblesses récurrentes de la chaîne : des liens entre l'antenne nationale et le réseau régional insuffisamment exploités, un maillage très serré du territoire (116 implantations locales) qui n'apparaît pas pour autant optimal...

Recentrer l'offre sur l'information et les contenus de proximité

Face à ce constat, le rapport formule un certain nombre de recommandations, tout en évitant de trop entraver les marges de manœuvre du futur président du groupe. Il considère ainsi que "la création de chaînes régionales de plein exercice dans l'ensemble des régions constituerait un changement qui ne correspondrait pas de manière incontestable aux attentes de tous les publics et dont le coût n'apparaîtrait pas au demeurant compatible avec les moyens du groupe". En outre, "le soutien que pourraient éventuellement apporter les collectivités territoriales serait nécessairement inégal compte tenu de leurs propres contraintes financières".
En d'autres termes, le rapport écarte une généralisation du modèle de France 3 Corse Via Stella, trop lié à un contexte particulier (voir nos articles ci-contre du 1er et du 24 juillet 2014). Le rapport recommande plutôt "de maintenir le format actuel de chaîne nationale à vocation régionale que l'on retrouve par ailleurs au Royaume-Uni, en Italie ou en Suède".
Il préconise aussi de recentrer l'offre de contenus sur l'information, les services de proximité et les prises d'antennes exceptionnelles, qui recueillent les meilleures audiences.

Traiter l'information des futures grandes régions

Enfin, le rapport estime nécessaire de "mettre en cohérence" le réseau de France 3 avec la future organisation territoriale du pays et de "faire de cette réforme un levier de transformation et de simplification de l'organisation" de la la chaîne (une formulation qui se retrouve telle quelle dans la feuille de route du gouvernement). Toutefois, à ce stade, la question de la future organisation de la chaîne "reste ouverte", mais le rapport regarde très clairement vers le nouveau découpage des régions, tout en tirant la conclusion d'une nécessaire refonte du maillage infrarégional.
Ainsi, "s'il est nécessaire de prévoir un échelon éditorial permettant de traiter de l'information concernant les futures grandes régions, il est possible d'aller plus loin et d'envisager une organisation plus resserrée". Avec en particulier "un dimensionnement du maillage local [qui] pourrait être repensé et rééquilibré, certains effectifs redéployés en fonction des besoins réels des territoires et de leurs évolutions, certains bureaux supprimés, réduits ou déplacés en s'appuyant notamment sur la réforme de l'information locale".