Audiovisuel - Aurélie Filippetti ne veut pas d'un financement de France 3 par des collectivités
Intervenant, le 17 octobre, devant l'Association des journalistes médias (AMD), la ministre de la Culture et de la Communication a été très claire : "Je ne souhaite pas que les collectivités locales investissent dans les antennes de France 3 en région, pour des questions d'indépendance éditoriale." Cette prise de position très ferme fait écho à deux éléments. D'une part, au début de l'année, une polémique a éclaté sur le vote, par le conseil régional des Pays de la Loire, d'une délibération prévoyant le versement d'"une contribution financière d'un montant de 900.000 euros à France Télévisions, dans le cadre d'une convention de partenariat pour les années 2013, 2014 et 2015" (voir notre article ci-contre du 22 février 2013). En contrepartie, la convention de partenariat prévoit que l'antenne régionale de la chaîne publique "s'engage, dans le respect de son indépendance éditoriale, à favoriser la compréhension des enjeux locaux, à rendre compte de la vie publique du territoire, à suivre les manifestations dans lesquelles la région est impliquée [...]". Cette formulation - qui s'apparente davantage à de la communication qu'à de l'audiovisuel - et le risque d'une remise en cause de l'indépendance de la station ont suscité de vives réactions, bien au-delà de la seule antenne régionale de France 3.
D'autre part, Rémy Pflimlin n'a jamais caché son intérêt pour l'implication des collectivités territoriales dans le financement des antennes régionales de France 3. Dans une interview au Monde du 20 avril 2012, le PDG du groupe France Télévisions évoquait même la possibilité d'une association des collectivités - et notamment des régions - à la gouvernance des chaînes, afin de les inciter à franchir le pas (voir notre article ci-contre du 23 avril 2012). La convention avec la région Pays de la Loire s'inscrit parfaitement dans cette optique. De son côté, Alain Rousset, le président de l'Association des régions de France, n'a pas davantage caché son intérêt pour ce type de convention.
La prise de position d'Aurélie Filippetti met donc le holà à cette tentative de rapprochement. Pour ne pas rester sur une position strictement défensive, la ministre a indiqué avoir demandé à Anne Brucy - ancienne directrice du réseau de France Bleu - "de mener une mission, avec un comité de suivi composé de parlementaires et d'experts de France Télévisions, sur l'avenir de France 3". En fonction de ses conclusions, attendues pour avril prochain, "nous travaillerons ensuite à la réorientation de France 3", a expliqué la ministre, évoquant au passage une "question d'équilibre" entre la diffusion locale et la diffusion nationale. S'il doit y avoir des choix, la ministre de la Culture et de la Communication a rappelé son attachement à la mission de proximité géographique de France 3 et à la mise en avant des programmes régionaux. Elle a affirmé que la réforme "se fera à moyens constants, avec une moindre part pour le national", même si "France 3 doit rester une chaîne nationale".