Audiovisuel - La subvention des Pays de la Loire à France 3 fait des remous
Le 31 janvier, le conseil régional des Pays de la Loire a adopté une délibération relative à l'audiovisuel régional. Celle-ci prévoit le versement d'"une contribution financière d'un montant de 900.000 euros à France Télévisions, dans le cadre d'une convention de partenariat pour les années 2013, 2014 et 2015". La région explique cette subvention par le fait qu'"en 2010, la région s'est dotée d'une politique audiovisuelle dont le but est de valoriser le 'fait régional' en accompagnant les projets des chaînes de télévisions locales. Après Télénantes et Le Mans TV, France 3 Pays de la Loire et Angers se sont rapprochées de la collectivité, afin de concrétiser des partenariats". Au total, c'est d'ailleurs un engagement de 1,1 million d'euros qui a été voté, afin de couvrir les aides aux autres chaînes concernées.
Un engagement à "rendre compte de la vie publique"
Le soutien des régions - voire des départements - aux stations régionales ou locales de France 3 n'est pas une nouveauté. Mais il s'agit généralement d'aides à l'équipement (notamment pour le maintien des stations locales), d'aides à la production d'émissions, voire d'aides à la diffusion d'émissions en langues locales. Mais, dans le cas de la subvention des Pays de la Loire, l'approche est un peu différente. La convention de partenariat prévoit en effet que la chaîne publique - financée en principe par les contribuables - "s'engage, dans le respect de son indépendance éditoriale, à favoriser la compréhension des enjeux locaux, à rendre compte de la vie publique du territoire, à suivre les manifestations dans lesquelles la Région est impliquée [...]". Bien que la convention précise par ailleurs que "la forme et l'écriture des programmes seront laissées à l'initiative de France 3 et placées sous son contrôle éditorial", cette formulation de l'objet de la convention - qui s'apparente davantage à de la communication qu'à de l'audiovisuel - n'a pas manqué de susciter des remous.
Le club de la presse Nantes-Atlantique veut des garanties
L'opposition (UMP, UDI et MPF) au sein du conseil régional estime ainsi qu'"il n'est pas dans les compétences régionales de financer une télévision publique, sauf à penser qu'il s'agit de vouloir peser sur les médias". Jacques Auxiette, le président (PS) du conseil régional, s'est défendu en rappelant les partenariats déjà passés avec d'autres chaînes locales à Nantes, Angers et Le Mans, mais aussi avec France 3. Il a affirmé que la subvention et la convention afférente ne font "qu'inscrire notre action dans le temps". De son côté, le délégué régional de France 3, Alain Astarita, a indiqué que la subvention de la région a le caractère d'une "aide à la production de programmes nouveaux qui ne verraient pas le jour autrement" et qu'elle interviendra hors des éditions d'information régionales (mais, dans ces conditions, on voit mal qui rendra compte "de la vie publique du territoire").
Ces explications n'ont pas vraiment convaincu le club de la presse Nantes-Atlantique, une institution qui compte dans la région avec ses 140 journalistes représentant 115 médias. Dans un communiqué du 15 février, celui-ci soutient la lettre ouverte des salariés de la station régionale, publiée la veille et dans laquelle ces derniers rappellent que "France 3 Pays de la Loire est une télévision régionale, mais pas la télévision de la région". Le club de la presse se demande "où est véritablement la liberté éditoriale de traiter ou non un sujet lorsqu'une contrepartie financière est prévue" et s'inquiète de la disposition prévoyant la mise en place d'un "comité de pilotage" comprenant des représentants du conseil régional. Aussi le Club de la Presse Nantes Atlantique appelle-t-il "le conseil régional des Pays de la Loire et la direction de France 3 Pays de la Loire à modifier cette 'convention de partenariat', afin d'écarter toute ambiguïté et tout soupçon de dépendance qui nuiraient à la rédaction de France 3 Pays de la Loire".