Environnement - Qualité de l'air : l'Organisation mondiale de la santé sonde 3.000 villes
La nouvelle base de données sur la qualité de l'air en milieu urbain que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié le 12 mai, inédite par son ampleur, montre qu'à l'échelle mondiale plus de 80% des citadins vivant dans des zones où la pollution atmosphérique est surveillée sont exposés à des niveaux de qualité de l'air ne respectant pas les limites que l'OMS a fixées. Fondée sur des systèmes publics de surveillance de la qualité de l'air bien établis, source de données réputées fiables, cette base démontre que dans 98% des villes de plus de 100.000 habitants des pays à revenu faible ou intermédiaire, les seuils maximums à partir desquels l'OMS estime que les polluants atmosphériques représentent un risque pour la santé sont dépassés.
"Néanmoins dans les pays à revenu élevé, ce pourcentage tombe à 56%", tempère dans son communiqué l'organisation onusienne. Concernant les sources des données, elle ajoute qu'elles sont principalement constituées "par les rapports officiels remis par les pays, les rapports officiels nationaux et infranationaux, ainsi que par les sites Web contenant des mesures des particules petites et fines".
Dans les villes françaises, des seuils (plus ou moins) respectés
Toutes les régions du monde sont donc touchées mais les habitants des villes à revenu faible paient le plus lourd tribut. Parmi les municipalités les plus polluées au monde figurent des villes du Pakistan, d'Afghanistan, d'Inde et des pays du Golfe, étonnamment loin devant la Chine mais aussi très loin, à l'autre bout du prisme, des villes européennes dont certaines, en Finlande et en Irlande, se classent parmi les meilleures élèves mondiales. L'OMS note des progrès tangibles dans les pays d'Europe de l'Est (Bulgarie) ainsi qu'en France. Les niveaux de particules PM10 (d'un diamètre égal ou inférieur à 10 micromètres) ou PM2,5 ont pu être comparés dans près de 800 villes, et des tendances sur cinq ans (2008‐2013) ainsi dressées.
En France les données datent de 2014 et proviennent du ministère de l'Environnement. Plus de 300 villes allant de Agen (Lot-et-Garonne) à Wingles (Pas-de-Calais) sont comparées. Le seuil maximum fixé par l'OMS de 20 microgrammes par mètre cube (µg/m3) pour les PM10 en moyenne sur l'année y est dans une majorité d'entre elles respecté ou alors de peu dépassé. Les villes atteignant la barre des 30µg/m3 sont rares : on trouve dans cette catégorie Villeurbanne (limitrophe de Lyon), Cayenne (Guyane), Coulommiers (Seine-et-Marne), Fort-de-France et Le Robert (en Martinique) et Pantin, en Seine-Saint-Denis. Le maire de cette commune a d'ailleurs réagi dans la presse. Il estime que sa ville n'est pas plus polluée que ses voisines franciliennes, exposées tout comme elle à la proximité de plusieurs autoroutes et nationales - ce en plus du périphérique. Le niveau de PM10 n'y est d'ailleurs en soi guère plus élevé qu'à... Venise, selon ces nouveaux chiffres OMS.
Morgan Boëdec / Victoires-Editions
Airparif alerte sur la présence de pesticides dans l'air
L'association de surveillance de la qualité de l'air d'Ile-de-France Airparif vient de publier son bilan 2015. Il montre que plus de 1,5 million de Franciliens sont exposés à des niveaux de pollution dépassant la réglementation. En 2015, cinq polluants la dépassent : dioxyde d'azote, particules PM10 et PM2,5, ozone et benzène. L'association relève cependant une amélioration pour le dioxyde d'azote et une stabilisation des niveaux de particules.
Elle publie aussi le
résultat d'une campagne sur la présence de pesticides dans l'air. Sur les 171 composés recherchés, 48 ont été détectés. Herbicides et fongicides sont les produits fréquemment retrouvés dans l'air ambiant. Le nombre total de composés retrouvés en ville et en zone agricole est, lui, quasiment identique avec 38 éléments contre 36 pour le site rural. L'utilisation des herbicides est majoritaire en zone rurale, et les insecticides/acaricides plus récurrents en ville. Si les niveaux les plus importants sont relevés en zone rurale, le cœur de l'agglomération parisienne reste également concerné par la présence de nombreux composés.
L'étude rejoint celles réalisés par d'autres associations de surveillance : les pesticides sont présents dans l'air toute l'année, aussi bien en zone urbaine qu'en zone agricole. Faute de réglementation il n'existe pas de dispositif de surveillance pérenne. L'Anses travaille sur des recommandations pour la mise en place d'une surveillance nationale des pesticides dans l'air ambiant. L'agence lance aussi une étude pour évaluer les expositions aux pesticides des riverains des zones agricoles. Enfin, elle devrait publier début 2017 les résultats de
Pesti'Home, la première étude nationale sur l'utilisation domestique des pesticides.
M.B. / Victoires-Editions