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International - Problèmes globaux et retombées locales au forum numérique des pays du G8

"Comment utiliser internet pour renforcer la démocratie, le dialogue social, la solidarité ? Comment utiliser internet pour améliorer l'efficacité des services publics et du fonctionnement de l'Etat ? Comment insuffler dans l'Etat cet esprit d'innovation et d'entreprise caractéristique de votre secteur ?", a interpellé le président de la République, Nicolas Sarkozy, en ouverture du e-G8 Forum. Cette réunion a rassemblé, pour la première fois, les leaders mondiaux de l'écosystème numérique à Paris, les 24 et 25 mai.  L'objectif de ce e-G8 était  annoncé : "Eclairer et nourrir la discussion des chefs d'Etat et de gouvernement du G8 d'une vision des acteurs du web sur l'importance et l'impact d'Internet dans la société et l'économie." Au programme, six plénières et neuf ateliers ont voulu embrasser tous les aspects de la Toile : croissance, création d'emploi, création de valeur, transformation et modernisation des métiers et industries traditionnelles par la rupture technologique. Ses participants se sont aussi frottés aux questions sociétales et politiques sous-jacentes au développement des technologies numériques : vie privée, droit à l'oubli, propriété intellectuelle, droits de l'homme et démocratisation de et par l'information. Las, qui trop embrasse mal étreint, confirme le proverbe. Et le débat amorcé a trop souvent tourné au dialogue de sourds entre les entrepreneurs, soucieux d'un minimum de régulation, et les représentants des Etats, garants d'une certaine conception de l'intérêt général (essentiellement des ministres français : Eric Besson, Christine Lagarde, Frédéric Mitterrand ou la commissaire européenne en charge de l'agenda numérique, Neelie Kroes).

Open data

Deux ateliers ont cependant évoqué des sujets sur lesquels les acteurs publics n'étaient pas simplement vus comme des empêcheurs d'innover en ligne.
Le premier a traité des initiatives en cours de diffusion des données publiques, concernant les collectivités territoriales, sous le titre : "Open gouvernment". Séverin Naudet y a notamment fait part de sa vision sur l'avancée du projet français (Etalab). "Si c'est normal pour les usagers à l'extérieur d'avoir accès aux données publiques, cela ne l'est pas forcément pour les administrations à l'intérieur", a-t-il déjà noté, trois mois seulement après sa nomination à la tête de la mission en charge de cette question pour le Premier ministre. Les collectivités locales qui, de Brest à Bordeaux et de Rennes à Paris, s'engagent dans des projets de mise à disposition de leurs données apprécieront... C'est finalement la vision de Laurent Blanchard pour Cisco France qui a semblé l'emporter lors de la synthèse de la journée sur ce point : "Les données ne devraient jamais être le domaine réservé des entreprises mais s'inscrire dans un partenariat public-privé (PPP), seul capable de permettre des développements de services ouverts."

Accès au très haut débit

"Partage de la valeur : comment répartir la prime entre les créateurs, les distributeurs et les gouvernements ?" est le titre du second atelier qui a retenu l'attention des acteurs publics. "La création de la valeur est globale tandis que les investissements sont locaux, notamment pour les infrastructures très haut débit fixe et mobile : quelque chose doit changer car ce n'est plus soutenable", a répété Gabrielle Gauthey, vice-présidente en charge des affaires publiques d'Alcatel-Lucent. Interpellée sur les moyens d'agir par Jean Dionis du Séjour, député-maire d'Agen et président de la Commission TIC de l'Association des maires de France, l'ex-membre du collège de l'Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) a répété les trois voies possibles, d'après elle : "faire payer les consommateurs par le biais de services triple play premium ; faire contribuer les Google ou autre Facebook qui peuvent parfois consommer jusqu'à 80% de la bande passante et partager l'investissement sur les infrastructures entre opérateurs". Sur ce dernier point, les collectivités demandent avec insistance, depuis de nombreuses années, la mise en place d'une infrastructure mutualisée du très haut débit en France. Compte tenu de la difficile synthèse entre les points de vus des différents pays, d'une part, et des divers acteurs numériques, d'autres part, il y a peu de chance que cette voix soit entendue au G8 (les 26 et 27 mai à Deauville). D'autant que l'initiative du e-G8 était organisée et financée par des entreprises, et placée sous la présidence de Maurice Lévy, président du directoire de Publicis Groupe. Parmi les principales entreprises partenaires : Orange, Vivendi, eBay, Google, Capgemini, Huawei, Iliad Free Fondation, Microsoft, HP, Intel, Alcatel-Lucent, Eutelsat et Thomson-Reuters !