Archives

Culture/Sécurité - Prêtres et gendarmes du Tarn main dans la main pour lutter contre le vol d'objets d'art

Des esprits chagrins ne manqueraient pas d'y voir un retour de l'alliance du sabre et du goupillon... C'est pourtant une initiative originale et riche de promesses qui rapproche les prêtres et les gendarmes du Tarn. Objectif commun : lutter contre les vols d'objets cultuels et d'œuvres d'art dans les églises. A l'origine de cette initiative, racontée par le quotidien La Dépêche, la mésaventure d'un prêtre qui, après avoir découvert dans une brocante deux bénitiers dérobés dans son église, a dû les racheter, faute de pouvoir prouver leur origine.

Les fidèles mis à contribution

Découvrant cette histoire, le lieutenant-colonel commandant le groupement de gendarmerie du Tarn a proposé à l'évêché d'Albi de mettre en place un partenariat innovant. L'idée est simple dans son principe : procéder à un recensement exhaustif et normalisé de tous les objets présents dans pas moins de 800 lieux de culte du département.
L'opération va se dérouler en plusieurs temps. Tout d'abord, des réunions d'information vont permettre à la gendarmerie de présenter l'opération et son déroulement. Dans un second temps, des groupes de volontaires - associant religieux et fidèles - seront constitués dans chaque paroisse. La gendarmerie mettra à leur disposition un modèle de fiche technique, en cours d'élaboration. Chaque groupe de volontaires procédera alors au recensement exhaustif du contenu du lieu de culte pour les objets mobiles - les plus faciles à voler (coupes, calices, statues, tableaux, vêtements du culte...) -, mais aussi pour les objets fixes ou supposés l'être (bénitiers, boiseries, bas-reliefs...). Chaque objet sera non seulement photographié, mais aussi décrit dans tous ses détails : poids, taille, couleurs, caractéristiques... La gendarmerie ne cache d'ailleurs pas qu'elle compte sur l'engagement des jeunes, plus familiers des technologies numériques, tandis que les prêtres et les plus anciens apporteront leur connaissance du lieu et des objets.

Tel est pris...

Avec environ 800 lieux à investiguer, l'opération s'annonce de grande ampleur. Elle débute dans le courant du mois d'avril et devrait durer au moins un an. Les équipes de volontaires bénéficieront de l'appui de la gendarmerie et de la trentaine de correspondants sûreté que compte le département.
Une fois le recensement réalisé, les informations recueillies devraient faciliter le repérage des objets volés et la traque des auteurs du délit. Les fiches normalisées seront en effet transmises à l'Office central de lutte contre le trafic d'art (OCBC) du ministère de l'Intérieur, qui gère la base de données Treima (thesaurus de recherche électronique et d'imagerie en matière artistique). Elles pourront être diffusées aux marchands d'art spécialisés, aux autres gendarmeries, mais aussi instantanément à Interpol et Europol.