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Culture - Le vol au musée d'Art moderne de Paris relance la question de la sécurité

Par son caractère spectaculaire, le vol de cinq oeuvres majeures - d'une valeur théorique de 100 millions d'euros - au musée d'Art moderne de la ville de Paris pose à nouveau la question de la sécurité des musées. Dans son édition du 28 mai, le quotidien Le Parisien publie des extraits - qualifiés d'"accablants" - d'un rapport sur la sécurité des quinze musées municipaux. Il ne s'agit pas, en l'occurrence, du rapport demandé à l'inspection générale de la ville par Bertrand Delanoë aussitôt après le vol, survenu le 20 mai. Le document en question est un "rapport confidentiel" remis en 2007 par l'inspection générale. Celle-ci y constatait de très nombreuses lacunes dans la sécurité contre l'incendie, mais aussi contre le vol : caméras de surveillance fictives, fenêtres sur rue sans protection, gestion aléatoire des trousseaux de clés, insuffisance des postes de contrôle, personnels mal formés... La publication de ces extraits a suscité une vigoureuse réaction du maire de Paris. Dans un communiqué du 28 mai, celui-ci - sans contester l'existence et le contenu de ce rapport - indique que ce dernier est resté confidentiel pour une raison de bons sens : éviter que les observations sur les faiblesses des systèmes de sécurité tombent dans des mains mal intentionnées. Mais Bertrand Delanoë affirme aussi que "dès les premières conclusions d'étape de cet audit - connues fin 2006 - la ville a lancé immédiatement un programme de rattrapage et de remise à niveau de ses musées, d'un montant de 10 millions d'euros, dont la mise en œuvre se poursuit" et que "tous nos musées ont fait l'objet d'un renforcement significatif de leur dispositif de sécurité au cours des quatre dernières années". Sur les 185 recommandations formulées par le rapport, 120 auraient été mises en œuvre et 35 seraient en cours d'application, tandis que 30 resteraient non appliquées à ce jour. Dans le cas particulier du musée d'Art moderne, 16 des 18 propositions auraient été mises en œuvre, ce qui pose toutefois question au vu de la facilité avec laquelle les voleurs ont opéré.
La ville de Paris est cependant loin d'être la seule collectivité concernée. Le 30 décembre dernier, des malfaiteurs ont ainsi dérobé "Les Choristes" d'Edgar Degas au musée Cantini à Marseille. Le 5 août 2007, le musée des Beaux-Arts de Nice avait été victime d'un braquage en plein jour, qui avait vu disparaître quatre toiles de Bruegel, Monet et Sisley (retrouvées dix mois plus tard). Conscient de la forte exposition des musées français - souvent situés, contrairement aux musées américains, dans des bâtiments anciens peu propices à la sécurité -, le gouvernement avait lancé, en janvier 2008, un plan national pour renforcer la sécurité des musées et des monuments (voir notre article ci-contre du 16 janvier 2008). L'annonce de ce plan faisait suite à un vol spectaculaire à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan, les églises étant une autre cible traditionnelle des malfaiteurs. Comprenant un ensemble de mesures - dont un "renforcement de la collaboration déjà engagée entre les services de l'Etat et les collectivités territoriales, par la mise en place d'un programme de formation à la sécurité ouvert aux fonctionnaires d'Etat et territoriaux en charge de cette problématique" -, ce plan ne semble cependant pas avoir modifié sensiblement la situation. Deux pistes pourraient toutefois s'annoncer prometteuses dans les prochaines années, pour sécuriser les musées nationaux et en région. D'une part, le renforcement de la coopération européenne, qui n'a pas d'incidence directe sur la sécurité des musées, mais devrait faciliter la recherche et la restitution des œuvres volées (voir notre article ci-contre du 27 octobre 2008). D'autre part, le développement du marquage des œuvres d'art des collections publiques, domaine dans lequel la France entend jouer un rôle pionnier (voir notre article ci-contre du 22 septembre 2008).

 

Jean-Noël Escudié / PCA