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Environnement - Près d'une commune sur deux abrite un espace naturel protégé

Les sites naturels protégés sont présents dans près d'une commune française sur deux et la moitié de la population réside dans les communes abritant de tels espaces, selon une récente étude du ministère de l'Ecologie. Au moment où le projet de loi sur la biodiversité est examiné au Sénat, cet état des lieux permet de prendre la mesure des enjeux liés à ces espaces, tant en termes de préservation des milieux que d'aménagement.

Près de 17.000 communes en métropole et outre-mer (hors Mayotte), soit 46% des communes françaises, abritent sur leur territoire au moins un espace naturel protégé au niveau national ou européen (parcs nationaux, réserves naturelles, réseau Natura 2000, parcs naturels régionaux, etc.), selon une étude récente du Commissariat général au développement durable (CGDD, ministère de l'Ecologie). Cet état des lieux, fort instructif au moment où le Sénat examine le projet de loi sur la biodiversité, montre que cette part passe à 69% pour les communes de montagne et atteint même 92% pour les communes littorales. Ainsi, le réseau Natura 2000 est présent dans plus des trois quarts des communes littorales et la moitié des communes de montagne. Près d'une commune littorale sur dix héberge une réserve naturelle. Plus généralement, ajoute l'étude, de nombreux espaces protégés se trouvent dans le sud de la métropole et en outre-mer ainsi que dans les grandes vallées comme celle de la Loire. Pour le littoral, la présence du Conservatoire du littoral, dédié à l'acquisition des espaces naturels, peut expliquer la proportion importante d'espaces protégés, note-t-elle.

33 millions d'habitants concernés


Près de 33 millions d'habitants (un Français sur deux) vivent dans des communes hébergeant un ou plusieurs espaces naturels protégés. Si avec 40% de la population, les communes Natura 2000 sont les plus peuplées, plus de 10 millions d'habitants vivent dans des espaces soumis à des contraintes réglementaires plus fortes. Parmi eux, les espaces les plus protégés (cœurs de parcs nationaux et réserves naturelles) se trouvent sur des communes où résident respectivement 3% et 4% de la population française. Il s'agit de "sites particulièrement riches en biodiversité, bien identifiés sur le territoire, souvent emblématiques, avec une reconnaissance qui dépasse fréquemment le contexte local tels que la Camargue, la baie de Somme, la Vanoise ou encore le Mercantour, détaille l'étude. Toutefois, le parc national des Calanques, situé en partie sur le territoire de Marseille, ainsi que le parc national de la Réunion, et dans une moindre mesure celui de Guadeloupe, concentrent l'essentiel de la population résidant dans les communes de cœur de parcs".

La région Paca en tête

La part de communes abritant des espaces naturels protégés varie aussi largement d'une région à l'autre, de même que la population résidant dans ces communes. Outre-mer (hors Mayotte), plus de 95% des communes et de la population sont concernées par au moins un espace protégé. En métropole, c'est la région Provence-Alpes-Côte d'Azur qui arrive en tête avec quatre communes sur cinq abritant au moins un espace naturel protégé et près de neuf habitants sur dix résidant dans ces communes. Des régions comme la Corse, le Languedoc-Roussillon ou l'Auvergne concentrent aussi un grand nombre d'espaces protégés (deux tiers des communes auvergnates et plus des trois quarts de la population, par exemple). A l'opposé, d'autres régions sont largement en dessous de la moyenne nationale : une commune sur quatre en Picardie et à peine une sur trois en Nord-Pas-de-Calais abrite sur son territoire au moins un site protégé ; en Ile-de-France, moins d'un habitant sur cinq réside dans une commune pourvue d'un ou plusieurs espaces protégés.

Densité de population inférieure à la moyenne

Globalement, avec 83 habitants/km2, la densité de population des communes abritant des espaces protégés est inférieure à la densité de la population française dans son ensemble (101 habitants/km2) mais il existe là encore de fortes disparités, à la fois entre les différents types d'espaces protégés et d'un site à l'autre. "Par exemple, la localisation particulière des protections foncières, avec une grande part située sur le littoral, explique la forte densité de population observée dans les communes concernées, densité qui reste malgré tout inférieure à celle notée dans l'ensemble des communes littorales", illustre le CGDD qui note que ce constat est encore plus marqué sur le littoral métropolitain. A l'inverse, la densité de population du réseau des parcs naturels régionaux est globalement deux fois plus faible que sur l'ensemble du territoire. La situation est plus hétérogène quand on examine les communes abritant des sites protégés réglementairement, notamment en métropole, poursuit l'étude. Il y a ainsi de très fortes disparités entre des sites de montagne comptant très peu d'habitants (parc national des Cévennes, réserve naturelle de Ristolas-Mont Viso dans le Queyras…) et des sites littoraux ou périurbains dont la population est nettement plus dense (parc national des Calanques, parc national de Guadeloupe, réserve naturelle de Saint-Mesmin, près d'Orléans, réserve naturelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, en région parisienne…).

Pression touristique

Le CGDD fait aussi état d'une capacité d'accueil touristique particulièrement élevée dans les communes abritant des espaces naturels protégés : près de 14,2 millions de lits, soit les trois quarts de la capacité d'accueil touristique de toute la métropole. Ramené à la population résidente, ce nombre de lits s'avère 3,3 fois plus élevé dans ces communes que dans celles n'ayant pas d'espaces protégés : le taux de fonction touristique y est de 46 lits pour 100 habitants contre 14 lits pour 100 habitants dans les autres communes. En cumulant population résidente et capacité d'accueil touristique, on arrive au chiffre de 45 millions de personnes potentiellement concernées par les espaces naturels, qui constituent d'ailleurs l'un des éléments d'attractivité touristique de la commune qui les abrite, relève l'étude. Mais cette fréquentation importante a aussi son revers en soumettant ces communes à des pressions élevées, notamment sur le littoral.
L'étude du CGDD montre également que les communes disposant d'espaces protégés abritent deux fois plus de forêts et de milieux semi-naturels que les autres collectivités. Les territoires agricoles y sont proportionnellement moins présents qu'ailleurs – ils occupent la moitié du territoire de ces communes contre 72% dans le reste de la métropole. En outre, si 78% des communes abritant des espaces naturels protégés sont des communes rurales, on trouve une part importante de zones urbaines disposant de tels sites. Enfin, les exploitations agricoles spécialisées dans le maraîchage, la viticulture, l'arboriculture et les élevages caprins et ovins sont davantage présentes dans les communes possédant des espaces naturels protégés. A l'inverse, celles spécialisées dans les grandes cultures et les élevages hors sol le sont moins.

 

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