Emploi - Pour le député Bernard Depierre, les maisons de l'emploi ne servent "strictement à rien"
"Les maisons de l'emploi pourraient être intégrées dans le nouvel opérateur national." C'est ce que propose Bernard Depierre, député UMP de la Côte-d'Or, dans un rapport remis à Laurent Wauquiez en décembre 2008, et dévoilé hier par le site spécialisé Centre Inffo. Le député, qui a auditionné dans sa région les responsables concernés (directeurs régionaux de l'ANPE et de l'Assedic, président et directeur de la maison de l'emploi du Grand Dijon, nouveau directeur du Pôle emploi Bourgogne), dresse un bilan très négatif du dispositif mis en place par Jean-Louis Borloo en 2005. D'après le rapport, parmi les trois axes que les maisons de l'emploi doivent remplir, selon la loi de cohésion sociale de 2005 qui a officialisé leur création, deux d'entre eux, l'observation et l'accompagnement des mutations économiques sont tout simplement qualifiés "d'inopérants et d'inexistants", par les personnes interrogées. La superposition de la mission accompagnement entre les services de l'ANPE et les maisons de l'emploi pose aussi problème. "Deux acteurs qui devraient travailler de manière complémentaire se retrouvent en situation de quasi concurrence", signale Bernard Depierre dans son rapport. Autres points négatifs : le "trop faible retour sur investissement" de ces structures et l'absence de publics cibles, qui "dilue leur action et la rend diffuse". L'instrumentalisation politique de ces structures est également dénoncée. "Les maisons de l'emploi sont beaucoup trop souvent des outils politiques et non des outils positifs", explique ainsi à Localtis Bernard Depierre, qui est très clair dans ses propos. "Ca ne sert strictement à rien, assure-t-il, vu le nombre de leurs salariés et leur coût de fonctionnement, le rapport qualité/prix n'apporte rien au marché du travail." Le député propose donc de les intégrer tout simplement à Pôle emploi au sein d'une direction spécifique, chargée de "la prospective, l'expertise et l'anticipation de l'évolution des emplois par bassin, la corrélation avec les filières de formation, la réorientation des viviers d'emplois, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences". Les salariés seraient assimilés au personnel du nouveau Pôle emploi, avec un statut unique pour tous.
Dans son rapport, Bernard Depierre aborde aussi la question des missions locales, dont le positionnement par rapport à Pôle emploi n'est pas encore précisé. Le constat est largement plus positif. "Ces structures ont fait la preuve de leur efficacité, signale-t-il, elles sont bien identifiées par les jeunes et acceptées par eux car elles ne sont pas perçues comme des institutions." Il propose de leur confier l'ensemble des interventions auprès du public jeune. Une demande souvent renouvelée par le Conseil national des missions locales (CNML) soucieux de garder une approche globale, offerte par les missions locales, dans la prise en charge de ce public bien spécifique. Reste à savoir si Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'emploi, tiendra compte de ce rapport. Il doit rencontrer Bernard Depierre le 5 mars, lors d'un déplacement en Côte-d'Or. Quant au réseau Alliance Villes Emploi, qui regroupe les maisons de l'emploi, il n'a pour l'heure pas été informé de la publication de ce rapport.
Emilie Zapalski