Habitat - Pour la première fois, les mises en chantier repassent dans le vert
La dernière livraison mensuelle du commissariat général au développement durable (CGDD) - qui porte sur les chiffres au 30 octobre 2015 - tranche avec la litanie de ses prédécesseurs. En effet, pour la première fois depuis longtemps, la courbe du nombre de logements autorisés (permis de construire) et celle du nombre de logements commencés (mises en chantier) s'affichent toutes deux en positif. Une conjonction qui laisse espérer une concrétisation des espoirs de redressement de la production de logements.
Les logements autorisés en hausse de 4% sur les trois derniers mois
Le nombre de logements autorisés s'était déjà redressé ces derniers mois. La tendance se confirme avec 34.100 logements autorisés en octobre, ce qui nous amène à 94.900 logements autorisés sur les trois derniers mois (août, septembre et octobre), soit une hausse de 4% en données brutes sur août-septembre-octobre 2015 (par rapport à août-septembre-octobre 2014). Sur un an (de octobre 2014 à octobre 2015), 366.900 ont été autorisés ; c’est moins que l’année dernière à la même date (-3,1%), mais le CGDD a bon espoir que le redressement observé sur les deux derniers trimestres 2015, progressivement, "efface les pertes". La tendance du dernier trimestre reste également positive en données CVS-CJO (corrigées des variations saisonnières-corrigées des jours ouvrable).
Bonne nouvelle pour les promoteurs de la densité urbaine, la hausse des logements autorisés est boostée par l'habitat collectif y compris en résidence (+6,4%), alors que les logements individuels reculent (-2,7%).
+1,5% pour les mises en chantier
La principale nouveauté vient toutefois du passage au vert des mises en chantier. La hausse sur le trimestre est certes modeste (+1,5%), mais le signal est clair, même s'il mérite sans doute confirmation dans les prochains mois. Le nombre brut de logements mis en chantier est ainsi de 30.700 en octobre, 78.700 sur le trimestre et 350.600 sur les douze derniers mois. Sur un an, la baisse est annulée, avec une "progression" de... 0,0%.
En données CVS-CJO, la progression sur les trois derniers mois est plus modeste encore (+0,3%), avec une situation inversée pour les logements collectifs (-0,9%) et les logements individuels (+2,0%).
Le paysage n'est toutefois pas encore complètement dégagé. Par exemple, le taux d'annulation des logements autorisés à être construits (non mise en œuvre du permis de construire) reste encore supérieur à sa moyenne de longue durée, aussi bien pour le logement collectif (20,0% au lieu de 19,2%) que pour le logement individuel (15,9% au lieu de 13,7%).
Des facteurs multiples
Reste à expliquer ce - relatif - renversement de tendance. Nombre d'experts mettent en avant l'impact du dispositif Pinel, qui pousserait l'investissement locatif à la hausse. Si l'impact de ce dernier est probable - compte tenu du bon accueil réservé au Pinel - l'explication ne saurait suffire.
Il s'agit sans doute plutôt d'un climat général qui voit le gouvernement prendre conscience de la gravité de la situation - et de son impact sur l'emploi dans le BTP - et prendre des mesures pour y remédier, en opérant parfois un virage à 180 degrés. L'exemple le plus frappant est celui du nouveau PTZ (prêt à taux zéro), beaucoup trop récent pour produire encore des effets, mais qui correspond à un brusque élargissement des conditions d'accès au prêt, trois ans après un sévère tour de vis (voir notre article ci-contre du 11 novembre 2015).