Transports doux - Politique vélo : les zones 30 et le code de la rue renforcent la sécurité
Le 2 avril, une réunion du Club des villes cyclables portant sur l'impact du vélo en termes de santé et de sécurité a mis en avant les apports et avancées de deux démarches, celle prescrite par le récent "code de la rue" et celle propre aux "zones 30".
La première, dont les contours ont été fixés par un décret du 30 juillet 2008, prône un "devoir de prudence" des conducteurs vis-à-vis des usagers les plus vulnérables et a permis d'impulser nombre de chantiers de réflexion. Frédéric Murard, chargé d'études au Centre d'études sur les réseaux, les transports, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques (Certu), en recense une quarantaine visant à communiquer autrement à destination des usagers et plus de 120 sujets d'évolution réglementaire. Certains de ces sujets sont en cours de discussion interministérielle. Dans les "zones de rencontre" que ce décret est venu créer, il a par exemple été proposé de donner - lorsqu'il traverse ou se présente à un carrefour - la priorité au piéton sur les autres moyens de transport. Cela constituerait une franche nouveauté et impliquerait d'interdire le stationnement automobile jusqu'à cinq mètres en amont du passage du piéton, pour des raisons de visibilité et donc de sécurité. Autres chantiers en discussion : le problème de continuité du cheminement pour piétons ou encore l'accès des rollers aux voies cyclables.
Ce même décret imposant d'ici juillet 2010 la mise en oeuvre du double sens cycliste dans les zones 30, Nicolas Nuyttens, également du Certu, en a listé les avantages : réduction des distances à parcourir, mise en oeuvre rapide et à moindre coût pour les collectivités (dominante de frais de signalétique), renforcement du maillage du réseau cyclable, etc. Dénommé "sens unique limité" en Belgique, ce dispositif n'a pas généré sur place d'accidents supplémentaires. "Une étude d'accidentologie menée à Grenoble démontre toutefois qu'il faut rester attentif à l'importance du dégagement de visibilité au niveau des intersections complexes", a précisé Nicolas Nuyttens. Pour instaurer un tel dispositif dans sa commune, seule s'impose une modification du panneau de sens interdit, le reste consistant en l'application ou non de recommandations techniques. Aux carrefours plus complexes, la possibilité pour le cycliste de le contourner ou bien l'installation d'un feu cycliste sont recommandées. Dans tous les cas, c'est par arrêté que le maire doit prendre la décision de mise en place ou bien de "non mise en place" du double sens cycliste. Un élu du Grand Toulouse en a profité pour rebondir sur une autre question à résoudre, celle du cheminement piétonnier au niveau des ronds-points, trop rarement prise en compte par les services techniques des villes. Quant au projet d'autoriser la circulation à vélo sur les plates-formes de tramway, il fait débat même si, de l'avis du Certu, la balance interministérielle ne semble pas en sa faveur.
Serge Asencio, chargé de mission vélo à la communauté urbaine de Strasbourg, a dressé le bilan d'une expérimentation entamée l'an dernier et visant à permettre au cycliste de tourner à droite à un carrefour. Le périmètre d'expérimentation comprenait cinq carrefours de taille moyenne, proches les uns des autres et situés dans une zone étudiante. Sous le feu d'arrêt pour les voitures, une lentille vélo a été apposée avec une flèche clignotant lorsque le vélo peut tourner à droite. Si aucun accident dû à ce dispositif n'a été relevé, une confusion de lecture de feux persiste et il est envisagé de rendre le signal plus lisible et visible. Le dossier est en cours d'étude par la direction de la sécurité et de la circulation routières.
Enfin, Jean-Michel Henry directeur général des services techniques de la ville de Lorient, a détaillé le projet de généralisation des zones 30 entamé par cette collectivité. Dès les années 1990, Lorient a aménagé des zones 30, notamment à proximité des écoles. Dans le cadre de son plan de déplacements urbains (PDU), l'accent a été mis sur une intense phase de concertation menée avec les riverains, en vue de généraliser ces zones "secteur par secteur". Ainsi, l'ensemble de la ville en sera pourvu d'ici la fin 2009, à l'exception de certains axes qui vont rester en mode 50km/h.
Morgan Boëdec / Victoires-Editions