Mobilité - La Journée européenne de la sécurité routière met à l'honneur les expériences d'aménagement urbain
Au cours d'une table-ronde organisée le 13 octobre à Paris, la Journée européenne de la sécurité routière a mis à l'honneur des expériences de collectivités ayant misé sur l'aménagement urbain pour limiter les accidents de la route, tout en donnant un coup de pouce à l'intermodalité et l'environnement. On connaissait ainsi les aires piétonnes, place désormais aux "zones 30" et autres "zones de rencontre". "Les premières permettent de réduire la vitesse par des aménagements ciblés et répondent à une demande relativement nouvelle. Les mettre en place est une démarche qui implique de faire appel à des parties prenantes aussi diversifiées que les élus, les commerces d'une ville et les différents usagers de la mobilité", a introduit Pascale Buch, adjointe à la directrice de la sécurité et de la circulation routières. En France, des villes comme Bordeaux, Bourg-en-Bresse, Chambéry ou Nancy testent ce concept qui apporte, selon Pascale Buch, "un plus dans la circulation entre usagers motorisés et ceux plus vulnérables, en incitant à la vigilance et à un changement de comportement". Un changement qui correspond, selon l'expression de Jaroslav Mach, du département Transports de la ville de Prague, à "réparer et ne pas réitérer les erreurs du passé, à investir de nouveaux outils sans oublier d'échanger ensuite sur leurs apports".
Quant aux "zones de rencontre", elles ont été introduites dans le Code de la route suite au décret du 30 juillet 2008 instituant un Code de la rue. En y donnant la priorité aux piétons, qui n'y ont donc pas obligation de circuler sur le trottoir, ces zones permettent de mieux partager la voirie entre piétons, cyclistes, motocyclistes et automobilistes, mais aussi avec les pratiquants du roller, du skate ou les usagers de tramway. Leur mise en place nécessite de remettre à plat le bon fonctionnement de la vie locale, ainsi que la politique d'accueil touristique et de stationnement.
Un autre intervenant, Klaus Goedejohann, maire allemand de la ville de Bohmte, a exposé les principes du concept d'"espace partagé" ("shared space"), qu'il a déployé sur l'axe majeur de son centre-ville. Soit, sur une route cumulant 12.600 déplacements par jour, un espace supprimant toute signalisation pour mieux faire appel à la prudence de chacun. Résultat, une circulation fluidifiée et une fonction de l'espace public ne se limitant plus à "absorber la circulation mais à remettre l'accent sur la vigilance et le lien social".
A Göteborg, en Suède, c'est aussi l'engagement des élus qui a permis de mettre en oeuvre une politique de limitation de vitesse qui "fait des non-usagers de la route une priorité", comme a renchéri Suzanne Anderson, coordinatrice Sécurité routière dans cette ville. Les outils existent donc. Reste aux collectivités à se les approprier, même si elles cultivent encore une certaine méfiance vis-à-vis de tels dispositifs. En France, la direction de la sécurité routière se dit prête à les aider si besoin. "Réimaginer la ville nécessite de tenter de nouvelles expériences et de s'interroger sur l'impact qu'ont sur la mobilité les équipements et les aménagements d'une ville", a conclu Lionel Walker, maire de Saint-Fargeau-Ponthierry, en Seine-et-Marne.
Morgan Boëdec / Victoires Editions