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Congrès des maires - Politique de la ville : le point sur le nouveau volet développement économique et l'emploi

Avec quels outils et partenaires la politique de la ville peut-elle développer l'activité économique et l'emploi dans les quartiers ? Cette question a fait l'objet de débats lors d'un atelier qui s'est tenu le 1er juin 2016, dans le cadre du 99e Congrès des maires de France. La Caisse des Dépôts et l'Epareca (Etablissement public national pour l'aménagement et la restructuration des espaces commerciaux et artisanaux) ont d'ailleurs profité du congrès pour signer leur troisième convention de partenariat.

"Le développement économique est longtemps resté l'angle mort de la politique de la ville." Jusqu'à la loi Lamy du 21 février 2014. "Désormais, a précisé Hélène Geoffroy, secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, au 99e Congrès des maires de France, il est reconnu comme l'un des trois piliers des contrats de ville qui ont été signés pour la plupart, il y a un an." La politique de la ville mobilise des outils spécifiques et adapte les actions relevant des politiques publiques de droit commun, en particulier les politiques d'emploi. Ce qui est une priorité dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) dont le taux de chômage est très supérieur au taux national : 26,7% contre 10%, selon le rapport 2015 de l'Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) qui porte sur l'année 2014. Ces quartiers comptent "40% de jeunes demandeurs d'emploi contre 20% dans les quartiers non prioritaires", a complété la ministre. Les jeunes de ces quartiers sont d'ailleurs les principaux titulaires de la garantie jeunes (20% des 50.000 bénéficiaires) et des contrats starter (contrats aidés dans le secteur marchand, sous forme de CIE, à destination des jeunes rencontrant des difficultés d'insertion professionnelle). Et pour les jeunes diplômés de ces quartiers, un "groupe de dialogue" a été installé par le ministère de la Ville et celui de l'Emploi pour faciliter leur insertion professionnelle et lutter contre les discriminations à l'embauche. Sur les territoires où les missions locales et les entreprises proposent un coaching renforcé à ces jeunes, Hélène Geoffroy a donné un taux de réussite de 70%.
Pôle emploi a fait de l'emploi dans ces quartiers l'une de ses priorités. "Les niveaux de formation y sont inférieurs : 86% ont moins que le bac, c'est 10% de plus qu'ailleurs, et le nombre de chômeurs non indemnisés y est supérieur : 49% contre 36%", a souligné Jérôme Rivoisy, directeur général adjoint de Pôle emploi. La durée du chômage y est aussi plus longue. D'après lui, plusieurs raisons expliquent ces écarts : "La discrimination raciale et géographique, l'absence de réseau professionnel pour les jeunes diplômés, une mauvaise maîtrise du français, des savoirs de base et des codes vestimentaires." Pôle emploi a renforcé ses équipes dans les QPV : 262 de ses agences accompagnent des résidents de ces quartiers.

Accompagnement global vers l'emploi

L'opérateur a également mis en place avec les départements volontaires un accompagnement global pour les demandeurs d'emploi les plus fragilisés (un conseiller de Pôle emploi traite les questions d'emploi/formation et un conseiller du département assure l'accompagnement social). 274 conseillers de Pôle emploi sont dédiés à cet accompagnement global dans les 262 agences situées en QPV. Ces agences ont par ailleurs recruté chacune deux jeunes en service civique pour résoudre la fracture numérique et accompagner dans leurs démarches en ligne les personnes de ces quartiers. Enfin, Pôle emploi mobilise tout son arsenal classique de contrats aidés et autres aides à la formation, en particulier dans le cadre du plan gouvernemental 500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d'emploi. Il signe également de nombreux contrats de ville.
De son côté, Rodolphe Thomas, maire (MoDem) d'Hérouville-Saint-Clair (14) et vice-président de la région Normandie en charge de la politique de la ville et de la cohésion sociale, a souligné "l'importance pour les régions de s'emparer des questions relatives à la politique de la ville". Déjà en charge des questions de développement économique, d'emploi et de formation professionnelle, elles doivent "associer leurs forces avec celles des départements". "Rapprocher la région et les cinq départements de Normandie est l'un des combats" de Rodolphe Thomas. Accompagnement des titulaires du RSA, création de chantiers d'insertion et d'une école de la deuxième chance, aides à la mobilité, "c'est ensemble, avec les communes et communautés, que nous devons trouver des solutions dans la région normande rurale et 'rurbaine'", a souligné l'élu.

Epareca et la Caisse des Dépôts : un partenariat renforcé

La politique de la ville joue également un rôle essentiel dans le développement économique des quartiers prioritaires. Ainsi, l'Epareca (Etablissement public national pour l'aménagement et la restructuration des espaces commerciaux et artisanaux) qui intervient dans les quartiers prioritaires ainsi que dans les territoires retenus au titre du programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD) va "là où le privé ne va pas, pour changer l'image de ces quartiers, créer du lien social en favorisant l'ouverture de commerces et en soutenant les entreprises et l'emploi", a expliqué sa présidente, Corinne Valls, maire (divers gauche) de Romainville (93). Avec ses partenaires : région, départements, chambres consulaires, Caisse des Dépôts, l'Epareca est "un promoteur, un investisseur et un gestionnaire" dans ces quartiers.
Le 1er juin, il a d'ailleurs signé sa troisième convention de partenariat avec la Caisse des Dépôts. Ces deux établissements collaborent depuis plusieurs années en faveur du développement économique des territoires et de la politique de la ville. Ils ont déjà mené conjointement une dizaine d'opérations immobilières, le plus souvent dans le cadre d'un partenariat avec l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) : le centre commercial Centre de l'Europe à Hérouville-Saint-Clair, le nouveau pôle commerçant à Nancy (54)... En 2014, ils ont créé une filiale commune d'investissement immobilier, la SCI "Foncièrement Quartier" destinée à porter une vingtaine de nouveaux centres artisanaux et commerciaux de proximité. Cette nouvelle convention intensifie les conditions d'échanges d'informations et de travail entre les deux partenaires. Elle vise notamment à consolider le travail commun d'étude des opportunités de co-investissement sur de nouveaux projets.
L'entrepreneuriat est aussi "une voie possible pour permettre aux résidents des QPV de trouver une activité et une place dans la société", a souligné de son côté Alain Belais, directeur général de l'Agence France Entrepreneurs (AFE) qui a été lancée en octobre 2015 à La Courneuve (93) par François Hollande. Le triple objectif de l'AFE est de "porter à 50% la part des entrepreneurs situés en zones fragiles, d'augmenter de 50% l'activité des réseaux d'appui à la création et reprise d'entreprises dans ces quartiers et d'améliorer l'accompagnement post-création".

 

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