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Transports - Plan national Vélo : les élus rongent leur frein

Le plan national Vélo dévoilé le 26 janvier par Thierry Mariani, ministre des Transports, a été conçu comme une feuille de route pour développer l'usage de la petite reine. Avec, pour commencer, la parution de l'arrêté sur le "tourne-à-droite". Mais les propositions qu'il formule ont déçu les élus.

Fallait-il un plan national sur le vélo ? Selon Philippe Goujon, député-maire du XVe arrondissement de Paris, qui en a dévoilé le contenu le 26 janvier, il était nécessaire "car il manquait jusque-là une reconnaissance du vélo, qui est longtemps resté le parent pauvre de la route". Après avoir salué l’action des collectivités locales, "pionnières" dans le soutien au développement du vélo, il a présenté les mesures issues du groupe de travail mis en place l’été dernier. A l’issue de quatre réunions et d’une série d’auditions, ce groupe a fixé plusieurs domaines d’actions.
Le premier concerne la place du vélo sur la route. Il est proposé de poursuivre la modernisation du Code de la route, "notamment le volet code de la rue", d’expérimenter des cheminements mixtes entre piétons et cyclistes "dans certaines circonstances" et de permettre aux cyclistes de ne pas circuler obligatoirement sur le bord droit des voies (en raison du risque lié à l’ouverture des portières des voitures). La connaissance de l'accidentalité serait aussi "à améliorer", les écoles de conduite auront à mieux sensibiliser leur public au code de la rue, et l’enseignement à la pratique du vélo devrait être renforcé "dès l'école primaire". Au rang des bonnes pratiques, ce plan distingue aussi la mise en place des plans de déplacements d'établissements scolaires (PDES) et des dispositifs de type vélo-école. "Pour lutter contre le vol, le marquage des vélos à la source est à généraliser et les forces de l’ordre y seront associées", a précisé le ministre des Transports, Thierry Mariani. Dans le même registre, il est suggéré d’intégrer la protection contre le vol des vélos dans les assurances habitation. "En termes d’apaisement de la circulation, il manque des mesures fortes pour motiver les élus à développer les zones 30", pointe Patrice Pattée, adjoint à l’urbanisme au maire de Sceaux, l’une des rares villes entièrement passées en zone 30.
Par ailleurs, s’esquisse la nécessité de réaliser un travail de recensement, d’évaluation des aménagements cyclables en France. "Concernant les vélos-routes et voies vertes, dont les collectivités ont progressivement étoffé le réseau, il reste à finaliser d’ici cinq ans un schéma national et à tester la signalisation et le jalonnement sur trois itinéraires-pilotes à sélectionner avec elles. Sur ce volet, l’Etat apportera 1,5 million d’euros", a assuré Thierry Mariani. Il a ajouté vouloir relancer le réseau, quelque peu assoupi, des "relais vélo" présents dans les directions départementales des territoires (DDT) et lancer des appels à projets dans le secteur de l'intermodalité entre vélo et transports en commun.

Du mouvement dans le stationnement ?

Concernant le vélo en ville, Philippe Goujon a ajouté qu’"il est temps de passer d’un urbanisme hostile au vélo à un urbanisme favorable", en commençant par introduire le vélo dans la politique de la ville, dans le programme national de rénovation urbaine et en prenant mieux en compte sa spécificité dans les documents de planification. Autre nécessité faisant consensus : développer les locaux à vélos. Sur ce point, dans le prolongement d’une mesure du Grenelle 2, un arrêté est à la signature au cabinet du secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, en vue de fixer dans les constructions neuves la surface minimale de locaux à dédier aux garages à vélos (1,5 m² par appartement pour un T3, la moitié pour un T2). "Mais rien de nouveau dans l’ancien, or c’est là qu’il y a des besoins", réagit-on au Club des villes et territoires cyclables.
Cette association constituée d’élus regrette surtout l’absence d’un signal fort pour le trajet domicile-travail. En effet, comme sur nombre de points, le plan se contente de faire la synthèse de progrès existants, sans oser aller plus loin. "Il manque cruellement de souffle", commente Véronique Michaud, secrétaire générale du Club des villes et territoires cyclables. Son président, Jean-Marie Darmian, par ailleurs maire de Créon (Gironde), renchérit : "Ce plan n’a guère d’intérêt du fait qu’il n’instaure pas l’indemnité kilométrique pour les déplacements domicile-travail." La mesure a beau être évoquée, elle n’est pas pour demain. Bien que proposée par le groupe de travail de Philippe Goujon, elle n'a pas été retenue par le ministère des Transports. De même pour les exonérations fiscales pour les entreprises mettant des vélos à disposition de leurs salariés, qui semble reportées aux calendes grecques. 

Le tourne-à-droite a son panneau

Il y a cependant une avancée, saluée par tous : le choix du panneau de signalisation routière permettant la mise en oeuvre du "tourne-à-droite" a enfin été entériné. Réclamée par des élus des tous bords (voir notre article dans l’édition du 26 janvier), cette mesure autorisant le cycliste à tourner à droite à un carrefour au feu rouge, sans marquer d'arrêt mais en cédant le passage aux piétons, était jusque-là bloquée sur un plan formel par l’absence d’un arrêté. Attendu depuis plus d’un an (le décret date du 12 novembre 2010), cet arrêté daté du 12 janvier est paru au Journal Officiel ce 27 janvier. S’il est enfin mis à la disposition des collectivités, certaines n’ont pas attendu le signal pour tester le dispositif. Rennes s’apprête à l’expérimenter et les villes de Strasbourg, Bordeaux et Nantes l’ont déjà testé. Cette dernière a d’ailleurs fait valoir qu’en tant que "première ville à l’avoir généralisé", c’est son modèle de panneau, "élaboré en concertation avec le Certu, qui a été retenu par le gouvernement".

 

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