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Transports - Quand le vélo aménage la ville

"L'Etat peut faire des choses sans attendre que les collectivités agissent et celles-ci peuvent agir sans attendre l’aval de l’Etat." C’est ainsi qu’Hubert Peigné, coordinateur interministériel pour le développement de l’usage du vélo, a ouvert le débat que le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) a consacré le 25 janvier au vélo en tant qu’"aménageur de ville". Les actions de l’Etat peuvent porter, au travers des contrats de projets avec les régions (CPER), sur le financement de voies cyclables. Depuis peu, les appels à projets nationaux TCSP et EcoQuartier font aussi une place à la petite reine. Enfin, l’Etat intervient dans les réflexions sur le Code de la rue et dans l’application de la loi Grenelle 2 qui impose la création de locaux pour les vélos dans les immeubles neufs. "Il peut faire mieux en encourageant une ingénierie de qualité, qui fait souvent défaut en matière d’aménagements cyclables", a-t-il ajouté.

Modèle nordique

Dans la ville universitaire de Lund, en Suède, 45% des trajets interurbains des habitants se font à vélo ou à pied. C’est deux fois plus que pour les trajets en bus. "Ce résultat est le fruit de la mise en œuvre, dès 1998, d’un ambitieux programme de déplacements", a expliqué Annika Annerby Jansson, maire de cette ville moyenne. Au programme, réduction de la vitesse automobile et développement de l’offre de stationnement vélo, qui totalise aujourd’hui 4.500 places. La municipalité a aussi conçu des "véloroutes urbaines" empruntant des rues à moindre trafic routier, et renforcé la signalisation. "Une patiente campagne de rencontre et d’information des habitants a également porté ses fruits", a renchéri la maire.

Avis d’un paysagiste

Alfred Peter, paysagiste à Strasbourg, a souligné "les bienfaits du vélo sur les politiques d’aménagement". Encore faut-il, en ville, que le maillage de voies cyclables soit cohérent. En France, l’empilement des responsabilités territoriales dessert selon lui cette continuité. "Or, dès qu’il y a discontinuité du réseau, l’intérêt des usagers pour le vélo fléchit", relève-t-il. Ailleurs, la voie cyclable peut remplacer la desserte routière et participer de la revitalisation d’un paysage : c’est le cas sur la promenade des Berges de l'Orne ou, plus au sud, sur la bande sableuse du Lido de Sète. "L’aménagement cyclable y sert d’infrastructure, de colonne vertébrale." Dénonçant l’excès normatif et réglementaire qui freine les initiatives dans le domaine, le paysagiste a invité les acteurs locaux à apporter plus de soin à ces aménagements, qui se limitent souvent en France à un simple marquage au sol.