Aménagement - Des pistes pour développer les voies vertes
Comment développer les voies vertes ? Le ministère de l'Ecologie et l'Association pour l'information et la recherche sur les équipements de sport et de loisirs (Aires) ont organisé le 6 mai au Conseil économique, social et environnemental (Cese) un débat sur cet outil d'aménagement souvent boudé par les élus. A cet apparente frilosité, plusieurs raisons. La première est le manque de souplesse juridique : une fois classé "voie verte", un chemin est réservé aux déplacements non motorisés et cette règle n'autorise aucune exception (pour les secours, l'entretien, les riverains, etc.). Tant de rigueur pose problème aux acteurs locaux. Gabrielle Pollet, étudiante en droit de l'environnement auteure d'un mémoire sur les voies vertes, explique que "pour rendre le concept viable", un exercice de clarification est en cours. "Les voies vertes étant un objet juridique assez neuf, il est normal de devoir rendre cohérent le droit avec les pratiques." Un projet de décret modificatif au Code de la route est ainsi en cours. La Mission nationale des véloroutes et voies vertes (MN3V) contribue à son élaboration. Toutes les contributions externes l'intéressent en vue de réaliser un guide sur les règles de police qui s'appliquent à ces voies de communication.
Pour clarifier d'autres points qui concernent les voies vertes traversant des villes, Hubert Peigné, coordonnateur interministériel pour le développement de l'usage du vélo, propose de ne pas figer les choses mais de fixer des recommandations à travers un cahier technique que pourrait réaliser le Certu (Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques). Un travail associatif est aussi en cours pour harmoniser les règles entre voies vertes et aires piétonnes. "Sur les conventions de superposition de gestion, un outil juridique qui permet d'affecter des chemins de halage à des fonctions de promenade et donc d'aménager des voies vertes, il y a aussi une analyse à mener pour aider les acteurs locaux à progresser", complète Gabrielle Pollet.
Une "colonne vertébrale des déplacements doux"... qui a un coût
Dans le Lot-et-Garonne, c'est par le biais de cet outil que Voies Navigables de France et le conseil général se sont rapprochés et ont uni leurs efforts pour créer 87 kilomètres de voies vertes longeant le canal de Garonne. Autour d'Agen, elles voient passer près de 80.000 vélos par an. Des services marchands s'y développent suite à un appel à projets et, dans le cadre d'un plan de gestion avec VNF, une logique partenariale est mise en œuvre avec le tissu local (associations, lycées agricoles). "Les élus ont poussé pour que cela se fasse, il y a eu un véritable consensus et depuis, cette voie verte est devenue la colonne vertébrale des déplacements doux du département", résume Guy de Bouter, de la direction des infrastructures, du transport et du logement du département. Sur le plan technique, il recommande de prévoir un matériel d'entretien adapté à la dimension des voies.
"Une voie verte doit aussi s'insérer dans un paysage, il faut donc penser à son revêtement. Dans le Tarn, ce revêtement est écologiquement neutre et l'aménagement de 85 km de voies se fait en cohérence avec les objectifs relevant de la trame verte et bleue, de l'Agenda 21 ou du schéma départemental des voies cyclables dans lequel cette voie s'inscrit", ajoute Patrick Urbano, directeur de l'environnement au conseil général du Tarn.
Autre obstacle aux voies vertes : leur coût. Dans l'Orne, celle qui relie Alençon et Condé-sur-Huisne (67 km) a coûté 4 millions d'euros, dont 800.000 pour l'achat du terrain à Réseau ferré de France. Rapporté au nombre d'habitants concernés sur les six communautés de communes desservies, le coût du prêt contracté par la collectivité revient à 1,20 euro/hb/an. Ce à quoi s'ajoute 1,10 euro/hb/an pour l'entretien et l'animation de ces voies. "Mais pour les territoires qui développent le fluvestre, cette forme de tourisme qui permet de se promener le long des voies d'eau, les retombées économiques sont au rendez-vous", a motivé Véronique Verges, responsable de la division tourisme et de services aux usagers de VNF.