Agriculture - Plan national de l'alimentation : vers un patriotisme alimentaire ?
La question de l'ancrage territorial est au coeur de la politique publique de l'alimentation présentée le 7 octobre 2014 par le ministre de l'Agriculture. "On a à reconquérir territorialement l'alimentation et à valoriser le patrimoine de cette alimentation territoire par territoire", a affirmé Stéphane Le Foll, précisant que cette politique nationale serait déclinée avec des plans régionaux. L'idée est de s'appuyer sur les plateformes déjà mises en oeuvre qui permettent de mettre en relation les acheteurs et les fournisseurs locaux. Trois plateformes de ce type ont été validées par le gouvernement : la plateforme Agrilocal, qui a émergé par l'initiative des départements, celle des chambres d'agriculture, et celle de la Fédération nationale de l'agriculture biologique.
La restauration collective représente dans ce domaine un enjeu important, avec 3 milliards de repas servis chaque année et 73.000 restaurants. Le président de la République a fixé un objectif de 40% de produits de proximité dans la restauration collective d'ici 2017. "C'est l'objectif que nous allons poursuivre avec les déclinaisons régionales de ce plan national pour l'alimentation et ces plateformes", a précisé Stéphane Le Foll, considérant que trop de produits proviennent de l'étranger au détriment du local. Le gouvernement réfléchit en ce moment aux actions à mettre en place pour valoriser les produits français dans la restauration collective, y compris au niveau des marchés publics. "On a en cours une discussion sur un cadrage juridique pour que les choses soient parfaitement conformes aux règles des appels d'offre et de la concurrence. Il y a des possibilités", a souligné le ministre, précisant qu'un guide des achats serait prochainement disponible. Une des possibilités consisterait à mettre en avant des valeurs comme la fraîcheur des aliments ou leur bilan carbone. Des discussions sont également en cours avec d'autres ministères, comme celui de la Santé, pour valoriser les produits français dans les hôpitaux et les maisons de retraite.
Des projets alimentaires territoriaux
Le gouvernement propose aussi d'élaborer des projets alimentaires territoriaux, comme le prévoit la loi d'avenir pour l'agriculture. Ces projets doivent rapprocher les producteurs, transformateurs, distributeurs, collectivités territoriales et les consommateurs dans une relation partenariale ou contractuelle pour valoriser les productions des territoires, relocaliser et créer du lien social autour de l'alimentation.
L'utilisation des signes de qualité et d'origine, comme Brie de Meaux, les noix du Périgord, ou les pommes de terre de l'île de Ré, est également préconisée pour valoriser le patrimoine. En France, une exploitation sur quatre est engagée dans une telle démarche, et plus de 1.000 produits et 126.000 exploitations sont concernés.
Pour valoriser le patrimoine, le plan prévoit d'accompagner et de valoriser le réseau des cités de la gastronomie. Ce réseau a été mis en place en 2013 pour promouvoir la culture alimentaire française, suite à l'inscription, en 2010, du repas gastronomique des Français au patrimoine immatériel de l'Unesco. Dans ce cadre, plusieurs projets de cités de la gastronomie ont été retenus, chacun pour des aspects particuliers (Dijon pour la culture de la vigne et du vin, Lyon pour la recherche sur la nutrition et la santé, Paris-Rungis pour l'approvisionnement des centres urbains, et Tours dans le domaine des sciences humaines et sociales).
Au-delà de l'ancrage territorial, le plan prévoit trois autres axes : l'éducation alimentaire de la jeunesse, la justice sociale, et le gaspillage alimentaire. Sur ce dernier axe, le plan prévoit de donner la priorité, dans le cadre des plans régionaux pour l'alimentation, aux actions portant sur la lutte contre le gaspillage. Un appel à projets d'actions "anti-gaspi", doté d'un prix, est également organisé.
Enfin, le ministre a annoncé le lancement d'un appel à projet national destiné à soutenir les initiatives innovantes portées par des acteurs publics ou privés des territoires. Budget : 600.000 euros.