Orange débranche les abonnés au cuivre du lot 1
Le 28 janvier 2025, dans un nœud de raccordement optique (NRO) de Guyancourt, l'opérateur historique a officiellement lancé la phase de démontage du réseau cuivre. Elle concerne les 162 communes du lot 1 dont les habitants doivent avoir souscrit un abonnement fibre ou autre. Christel Heydemann, directrice générale d'Orange, a souligné le rôle déterminant des élus pour ne laisser personne au bord de la route.
C'est dans un nœud de raccordement (NRO) situé à Guyancourt (78) desservant 3.000 clients, qu'Orange a débranché symboliquement un ancien client ADSL passé à la fibre, marquant la fin définitive du cuivre pour cette commune du lot 1. Cette opération de communication, menée devant un imposant parterre de journalistes de la presse généraliste et en présence d'un élu local, avait aussi un message subliminal à faire passer : maintenant, il va falloir communiquer largement pour réussir la transition et l'opérateur a besoin du soutien des élus.
Début de la phase industrielle
Pour mémoire, le décommissionnement du réseau cuivre, découpé en 7 lots, s'articule en deux phases distinctes. Pour les 211.000 locaux et 162 communes du lot 1, la première phase, dite de "fermeture commerciale" a débuté en janvier 2024. Cette étape marque l'arrêt de la commercialisation de nouvelles offres ADSL et de la connexion de nouveaux clients au réseau cuivre. La seconde phase, dite de "fermeture technique", débutera cette semaine, à partir du 31 janvier 2025. À cette date, les services cuivre seront définitivement coupés pour les communes du lot 1. Ce délai entre les deux phases permet aux abonnés de migrer progressivement vers la fibre ou d'autres solutions, chaque opérateur commercial devant inciter ses abonnés à migrer. Les prochains lots suivront le même schéma, avec une montée en puissance progressive : les volumes passeront d'environ 200.000 locaux cette année à plus de 3 millions par an en fin de programme, jusqu'à 2030. A cette date le réseau sera "démantelé" a rappelé Christel Heydemann, car le réseau est "obsolète", "inadapté aux usages actuels" et "énergivore".
Implication indispensable des communes
L'arrêt du cuivre suppose que tous les abonnés aient souscrit un abonnement à la fibre ou à une solution alternative (4G fixe, satellite…). L'opérateur – c'est le seul à le proposer – a aussi une offre téléphone seul à destination des personnes âgées. Elle consiste en un boitier spécifique raccordé à la fibre qui était présenté à cette occasion. A Guyancourt, les non-migrés représentent 50 abonnés. A l'échelle des 162 communes, Orange avance "7.000 accès". Que va-t-il se passer pour eux ? "On les suit comme l'huile sur le feu", assure Orange, qui multiplie les actions de communication et envois de flyers avec l'appui des communes (volontaires). Le maire-adjoint du Mesnil Saint-Denis, Thierry Marnet, relativise aussi les chiffres, "car derrière une ligne, il n'y a pas forcément quelqu'un". Ligne fax oubliée, ligne technique (radar, capteur…), succession… beaucoup d'accès ADSL sont, de fait, inutilisés. Tout l'enjeu pour les territoires est de pouvoir les identifier en recoupant les données d'Orange sur les abonnés DSL avec celles sur la fibre (fichiers IPE). Il est vrai que dans ce coin des Yvelines, la chose était assez aisée car Orange est aussi l'opérateur d'infrastructures.
Pour le moment, Orange n'a pas prévu de communication nationale sur la fin du cuivre (spot TV, publicités…). "On va y aller progressivement mais cela ne sera pas avant 2027", confie Jean-François Fallacher, CEO d'Orange France. L'opérateur refuse également de faire une "règle de trois" pour les laissés-pour-compte des lots suivants, en estimant qu'il faut aussi tenir compte de la "dynamique" propre à la fibre : migration spontanée et diminution de 20% par an des abonnés ADSL.
Recyclage du cuivre
L'opérateur se penche désormais sur le recyclage d'un réseau qui compte un bon million de kilomètres et des millions de tonnes d'un métal recherché. Orange prépare actuellement deux appels d'offres : le premier, lancé début janvier, concerne la dépose des câbles, un travail relevant principalement du BTP. Le second, prévu pour le printemps, portera sur le recyclage proprement dit. "On souhaite monter une filière complètement vertueuse", explique Orange. L'objectif est d'avoir un écosystème complet opérationnel d'ici fin 2025, alors que les volumes de matériaux à traiter (cuivre, mais aussi plastique) augmenteront significativement à partir de 2027. Si Orange reste discret sur les retombées économiques du recyclage, l'opérateur affirme vouloir "financer toute l'opération de démontage du réseau cuivre par la revente de la matière".